Imágenes de páginas
PDF
EPUB

dans la plupart des ames s'y fait préferer fans celle à la juftice éternelle & au fouverain bien. Cependant quand on lit Phiftoire de la Paffion, il n'y a prefque perfonne qui ne foit touché de l'injuf rice de ce choix, au-lien qu'on regarde fans fentiment & fans réflexion cette préference horrible que la plupart des hom mes font tous les jours du démon à Dieu. Il paroît par-là que ce n'eft point la réalité des chofes qui nous touche,ce font certaines manieres de les concevoir; & quelque horreur qu'il nous femble que nous avions pour certaines injuftices,nous nous y laiffons facilement engager quand elles font déguifées fous quelque forme qui nous frappe moins.

光光光 粥粥粥粥粥粥粥粥粥粥粥飯

LA FLAGELLATION

Pilate

[blocks in formation]

Hate crur avoir trouvé un moyen de s'exemter de condanner Jefus-Chrift à la mort, & d'adoucir la haine que les Juifs lui portoient en le condannant à la flagellation qui étoit un fupplice d'esclaves. Mais il fe trompoit en l'un & en F'autre. La fureur des Juifs étoit incapa ble d'être fatisfaite autrement que par la mort de Jefus-Chrift. Ils ne le pour

volent fouffrir vi ant, parceque fa vie étoit toujours un reproche de leurs crimes; & Pilate en consentant à cette injustice, & en condannant un innocent reconnu pour rel par lui-même, à un fupplice fi ignominieux & fi cruel, n'en devenoit que plus foible pour réfifter à la paffion des Juifs qui vouloient abfolument la mort de Jefus-Christ. Un crime n'eft pas le remede d'un autre crime. Ceft au-contraire une difpofition Pour y tomber: parcequ'on s'éloigne par davantage de Dieu. On peut voir de plus dans l'exemple de Pilate que quand on a le cœur dominé par quelque paffion criminelle: toutes les bonnes inclinations deviennent inutiles. Pilate avoir quelque amour pour la juftice. Il connoifcoit fort bien l'innocence de Jefus Chrift & la malignité des Juifs. Il fit paroître Les bonnes inclinations tant qu'elles ne furent point commifes avec fon ambition & fon interêt. Mais fi-tôt que les Juifs eurent trouvé l'adrefle de faire regarder à Pilate fa résistance à condanner Jesus-Chrift comme contraire à fa fortune, il n'y eut plus d'équité qui tînt. Il fallut que tout cedat à la paffion qui le dominoit, & que Jesus-Christ fût abandonné aux Juifs.

11.

Mais pendant que les hommes exercent leur fureur, ou montrent leur lå cheté à l'égard de Jefus-Chrift, Dien permettoit les effets de ces injuftes paffions, par des vues bien differentes. Il falloit que le pécheur apprît ce qu'il méritoit, qu'il connût qu'il étoit dégradé de la qualité d'enfant de Dieu, & que de lui-même il ne méritoit plus que d'être traité en efclave. Jefus-Chrift étoit chargé de leur faire connoître en lui-même ce qu'ils étoient par leur état, & de fatisfaire pour eux en fouffrant la peine qui leur étoit due. C'est ce qu'il fit en fe foumettant à ce rigourenx fupplice qui fe devoit executer par la malice des hommes. Ainfi la volonté de Dieu & celle de Jefus Chrift étoient auffi faintes que celle des hommes étoit corrompue, quoiqu'el les s'executaflent par le même moyen, Et nous ne devons jamais nous laiffer toucher d'indignation contre les hommes qui exercent cette barbarie, que nous ne remontions à la fource qui eft la charité infinie de Dieu qui l'avoit ordonnée pour notre falur.

III.

Jefus Chrift ne prétend pas exemter entierement fes membres de ce qu'il a fouffert dans ce fupplice ignominieux

Toutes les ignominies, les maux, les af fronts qu'ils reçoivent des hommes font des participations de cette flagellation; & les hommes qui les fouffrent doivent jetter les yeux fur Jefus Chrift pour s'en confoler folidement. Ils doivent reconnoître qu'ils fouffrent peu en comparaifon de Jefus Chtift, & lui demander que comme il leur a fait l'honneur de leur donner quelque part à fes fouffrances, il leur en donne auffi aux difpofitions avec lesquelles il les a portées. Ainsi, comme je l'ai dit, Jefus Chrift n'a point prétendu nous procurer en fouffrant, une exemtion entiere des fouffrances; mais il a voulu que les fouffrances fuffent l'adouciffement, la confolation & la fanctification des nôtres. Il nous donne bien plus par ce moyen que s'il nous en avoit abfolument delivrés, parcequ'il vaut infiniment mieux devenir conforme à l'image Rom. 8. de ce Fils unique, que d'être privé de cet avantage en s'exemtant de fouffrir. Et c'eftpourquoi l'Apôtre ne promet la gloire qu'à ceux qui feront compagnons de fes fouffrances. Nous femmes, dit-il, como. 8, heritiers de Jefus-Chrift, pourvu toute fois 17· que nous fouffrions avec lui, afin que nous Joiyons glorifie avec lui.

29.

X*c{3ર્ટ

LE COURONNEMENT

d'Epines.

I.

Jonfiances extérieures les plus dures Efus-Chrift ne s'eft pas contenté des & les plus humiliantes, comme la flagellation; il a voulu encore y en joindre une autre, qui étant grande pareillement dans le genre de fouffrance exterieure, étoit de plus une marque & un figne de fes fouffrances interieures & fpirituelles beaucoup plus grandes que celles qu'il reffentoit dans fon corps. C'eft le couronnement d'épines. Les foldats se porterent à cet outrage pour infulter à fa royauté; & ce fut une cruauté qu'ils ajoûterent fans ordre à fa flagellation. Mais Jefus Chrift nous vouloit repréfenter par là l'état de fon ame pénetrée d'affliction Hb. 12. & percée par la contradiction des pécheurs quis'élevent contre lui; en quoi l'Écriture met une des principales parties de fes fouffrances. C'étoit cette peine qui faifoir Ff. 118. dire à David: Je fuis tombé dans la défail Lance, lorsque je confidere les pécheurs qui abandonnent votre loi. Or fi cette peine eft grande dans les Saints, elle a été extrême dans Jefus-Chrift; parcequ'elle n'a

53.

point

« AnteriorContinuar »