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point eu d'autres bornes que fa volonté. C'eft ce qui nous doit faire regarder les peines interieures de fon ame fainte comme inconcevables & comme ayant percé & pénetré en quelque forte fon efprit. Et c'est ce qu'il nous a voulu reprefenter par cette couronne qui lui perçoit la tête qui eft le fiege de la raifon: ce qui marque ce qu'il a fouffert par les vûes affligeantes dont il a bien voulu recevoir l'impreffion,

II.

Cette image de Jefus Chrift couronné d'épines eft une leçon à tous les Chrétiens pour ne fe plaindre point non feulement des peines exterieures; mais auffi de toutes les peines d'efprit qui les affligent dans le cours de la vie chrétienne. Il eft vrai qu'il y en a quelques-unes dont Jefus Carift a été incapable, comme les doutes, les incertitudes, les ténebres, Mais il a été incapable de certaines elpeces de peines qui affligent l'efprit des hommes. Il n'a pas voulu être exemt de ces impreffions douloureufes dans l'efprit telles qu'il les pouvoit recevoir. Ainsį dans toutes les peines d'efprit il n'y a point de recours plus naturel que de fe jetter aux piés de Jefus Chrift couron né d'épines, & de reconnoître en fa préfence qu'ileft jufte que nous foiyons afAligés dans l'efprit auffi bien que dans le

Tome XIII,

V

corps, puifque nous avons fait un auffi mauvais ufage de notre efprit que de notre corps. C'est une penfee digne d'un Chrétien, de croire qu'il eft au monde pour être en bute aux contradictions des hommes, & pour être agité par les flots de fes propres pensées, & que l'unique remede de fes tourmens interieurs eft de fe tenir attachée à Jefus-Chrift qui a voulu être couronné dépines pour nous apprendre à fouffrir & nous faire furmonter les peines que fa providence nous a destinées.

III.

Il eft remarquable que le couronne ment d'épines étoit en même tems un fupplice douloureux & une dérifion de la royauté que Jefus-Chrift s'étoit attribuée devant Pilate. C'étoit le fujet des infultes des foldats. Et cela fait voir aux vrais Chrétiens que fi Dieu permet qu'ils foient élevés dans le monde, c'est pour leur faire trouver dans leur élevation même de plus grandes peines interieures. Le monde qui ne voit que l'élevation exterieure, n'y conçoit rien de pénible; mais ceux qui connoiffent ces états à fond, y conçoivent des peines interieures proportionnées au zele & à la lumiere de ceux qui font dans ces places éminentes La couronne & l'autorité d'un Evêque,

lorfqu'il eft tel qu'il doit être, ne fauroit être qu'une couronne d'épines dont il e continuellement percé. Voilà le caractere de la grandeur chrétienne. Malheur à ceux qui portent une couronne fans épines. Ceft pour l'autre vie que Dieu réferve des couronnes fans peines & fans douleur: mais il ne donne en celle-ci que des couronnes douloureufes. Ainfi les couronnes peuvent bien être reçûes quand on nous les impofe par force; mais c'est une horrible témerité de les rechercher. Jefus Chrifl même nous en éloigne par fon exemple, ayant bien fouffert que les foldats lui miffent la couronne d'épines fur la tête, mais ne l'ayant pas demandée ni recherchée.

ROLOGIEI:FITI:IDEN JA TO 29: LOBBISHIEL JESUS-CHRIST CONDANNE' & livré aux Juifs & aux Gentils.

LE

I.

E Pere éternel, les Juifs, Pilate, concourent à la mort de Jefus Chrift, & il y contribue lui-même. Le Pere êternel lordonne par une fouveraine justice; les Juifs la demandent par un excès d'envie; Pilate y confent par un excès de lâcheté & d'ambition; & Jefus Chrift s'y livre par une fouveraine charité. Ain felon les perfonnes qui y contribuent,

la même mort de Jelus-Chrift eft en mê me tems la plus grande action de pieté, de fainteté, de charité qui fut jamais, & le plus grand de tous les crimes. Ces regards ne le confondent point. Piiate & les Juifs demeurent criminels, fans participer à la fainteté de ce facrifice, & Dieu accepte ce facrifice de fon Fils, fans avoir égard à la malice de ceux qui en étoient les miniftres.

II.

Nous voyons fouvent quelque chofe de femblable expofé à nos yeux, & nous n'y faifons aucune réflexion. Des Prêtres vicieux, miferables, fcandaleux & hypocrites offrent le corps de Jefus-Christ dans nos Eglifes: & cette oblation, entant qu'elle procede d'eux eft un facrilege déteftable, & entant qu'elle est de Jefus-Chrift & de l'Eglife, eft un factifice d'un prix infini. Ceux qui communient avec une confcience pure reçoivent Jefus-Chrift avec toute l'abondance de fes graces; & ceux qui le reçoivent dans un cœur infecté du peché, fe livrent d'une maniere nouvelle à la puiffance du diable. Ce double regard nous doit don per dans les actions publiques de la Religion, des fentimens de componction pour les outrages que Jefus-Chrift y reroit, & des fentimens de dévotion & de

téconnoiffance pour les hommages que l'Eglife y tend à Dieu. Ces fentimens ne doivent jamais être féparés; parce que les uns fans les autres feroient imparfaits, & nous feroient paroître devant Dieu, ou fans reconnoiffance, ou fans humiliation. III.

C'est ce que nous devons auffi prariquer à l'égard de la mort de Jefus Chrift. Nous y devons adorer l'amour iufini de Dieu qui livre fon Fils à la mort pour nous, & la charité infinie de Jefus-Chrift qui accepte cette mort & qui s'y offre volontairement pour notre falut. Mais fi nous devons nous réjouir du falut & de la réconciliation des hommes qui s'y ope re, du peché qui s'y déttuit, de la cédule de notre condannation qui eft abolie, nous ne devons pas auffi oublier le crime horrible qui eft commis par les hommes, ni la part que nous avons à ce crime. Ce n'eft pas le feul Pilate, ni les Juifs feuls qui condannent Jefus-Christ à la mort: ce font tous les pechés qui ont été & qui seront commis dans le monde, & les nôtres en particulier. Tous ces pechés entrent dans cette condannation de Jefus Chrift, puifque Jefus-Chrift s'offre à la mort pour les expier & y fatisfaire, & qu'aucun ne pouvoit êtte réparé que par cette mort. Ainfi nous n'avons aucun

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