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gieufe. Ils l'avalent comme l'eau: ils ne fe tiennent point chargés de ce poids fi effroyable, qui leur attirera un jour le poids de toute la juftice de Dieu, s'ils ne s'en délivrent par la croix de Jefus-Christ, qui en eft l'unique remede.

IIL

Il nous y apprend ce que mérite l'homme pécheur, & à quoi il s'eft obligé par fon peché. Jefus-Christ est dépouillé de toutes les chofes du monde, pour montrer que le pécheur a perdu tout droit à la jouiffance & à la poffeffion des créatures: que lorfqu'il en eft privé, il n'eft réduit qu'à l'état qui lui convient. JefusChrift eft fur la croix dans un état d'une effroyable ignominie, l'objet des infultes des Juifs & des payens, rabaiflé au dernier rang des hommes, qui eft celui des efclaves que l'on punit pour leurs crimes: & cela nous apprend qu'en qualité de pécheurs, il n'y a point d'ignominies que nous n'aiyons méritées par notre révolte contre Dieu. De forte que toutes celles qu'on nous peut faire fouffrir en ce monde, font infiniment au- deflous de celles qui nous font dûes. Il nous apprend encore que la jouiflance injufte des créatures, & la recherche des plaifirs illegitimes n'en méritent pas feulement la pri vation, mais méritent de plus la douleur

& les tourmens ; qu'ainfi les tourmens & les douleurs du corps font du partage des pécheurs; que Jefus-Chrift les a bien voulu fouffrir pour nous, non pour nous en acquerir une exemtion totale en cette vie, mais pour nous délivrer des éterhels, dont la grandeur nous doit faire compter pour peu de chofe tout ce que Dieu nous laiffe à fouffrir en ce mondeci.

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MAis JESUS ne nous apprend pas feulement par la croix, que nous méritons ce qu'il a voulu fouffrir, & qué l'amour de la juftice nous doit faire ai mer la privation des créatures, l'ignomi nie & la douleur : il nous apprend de plus que ces trois objets fi contraires aux inclinations de la nature font les vrais remedes de nos maux. Notre maladie confifte à nous attacher à la poffeffion des créatures. Le remede eft de nous en priver, & de nous réduite à cette nudité qui paroît en Jefus-Chrift crucifié. Elle confifte dans l'amour du plaifir. Jefus-Christ crucifié nous apprend que c'eft par une mortification douloureuse qu'il en faut

guerir. Elle confifte enfin dans la recherche des vains honneurs & de la vaine approbation des hommes: & c'est par les ignominies & les affronts que nous en pouvons être délivrés. Ainfi Jefus-Chrift nous fait voir que fa croix eft notre vrai bien, & que quelque affreufe qu'elle nous paroifle, elle contient les uniques remedes de nos maux, d'autant plus que n'étant que paffagere, elle nous delive des maux éternels. Le dépouillemen: P .. fager des créatures eft le remede de la pauvreté éternelle où les dannés feront réduits. Les douleurs paffageres remedient aux douleurs éternelles : & l'ignominie qui ne dure qu'un moment, re medie à la confufion des réprouvés qui ne finira jamais. Ainfi la croix eft en niême-tems le remede de nos paffions présen tes, &de nos maux futurs: & fi elle nous paroît dure & pefante par la contrariété qu'elle a avec nos paffions, qui font nos maladies, elle nous doit paroître douce & légere par les maux dont elle seule nous peut délivrer.

II.

Jefus-Chrift étoit crucifié à l'égard des méchans: c'est à dire, qu'il étoit pour eux un objet d'horreur mais les méchans étoient auffi crucifiés à l'égard de Jefus Chrift: c'est-à-dire, qu'il ne voyoit

en eux qu'une effroyable mifere à l'égard de laquelle la fienne lui paroifloit peu confiderable. C'est auffi ce qui faifoit dite à faint Paul, qu'il étoit crucifié au mone Ga!. 6, de, e le monde à lui. La vie de faint Paul 14 étoit pour le monde un objet d'horreur & de mépris: & la vie du monde étoit auffi pour faint Paul un objet de mépris & d'horreur. C'est la vraie disposition que nous devons apprendre de la creix de Jefus-Chrift. Il ne faut pas feulement qu'elle nous rende aimable la privation des plaifirs & des honneurs, & des autres biens de ce monde : il faut qu'elle nous rende horrible & méprilable la vie du monde, qui confifte toute dans la recherche de ces biens. De quelques maux dont un Chrétien puiffe être accablé, il fe doit croire mille fois plus heureux que ceux qui menent une vie d'orgueil, de luxe & de delices. Ce qui paffe pour la fouveraine félicité à l'égard des gens du monde,lui doit paroître le fouverain malheur: & c'eft au pié de la croix qu'il doit apprendre à en porter ce jugement.

III

Jefus-Chrift fur la croix n'y eft point abattu & vaincu par fes ennemis; c'eft aucontraire le champ de fa victoire & de fon triomphe: c'eft-là qu'il furmonte le diable & le monde :mais c'eft-là en mê

me-tems qu'il nous apprend en quoi doit confifter la victoire d'un Chrétien. La victoire de Jefus-Chrift est toute invisible. Il n'en paroît rien aux fens qui n'y découvrent qu'un homme qui fuccombe fous les efforts de fes ennenais. Il ne faut pas de même qu'un Chrétien aspire à des victoires vifibles, ni qu'il pretende que Dieu le doive délivrer dans ce monde de fes maux, & lui donner l'avantage fur fes ennemis. Sa victoire confifte à fouffrir jufqu'a la mort, quelque effort qu'oni fafle pour lui faire abandonner la juftice. Voilà la victoire de la foi, victoire invifible aux fenis, mais très-réelle & très-effective: c'eft celle qui convient à tous les élus, & dont un Apôtre dit: Tous ceux Joan. qui font nés de Dieu font victorieux du monde; & cette victoire par laquelle le mondo eft vaincu eft l'effet de notre foi

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Mais entre tous les differens devoirs

dont Jefus-Chrift nous inftruit par fa croix, il n'y en a point qu'il nous mar que d'une maniere plus expreffe que ce lui de la charité que nous devons à Dieu j

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