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celui de l'obéillance que nous devons à fes ordres, tels qu'ils puiffent être ; & enfin celui de la patience à l'égard du prochain. La charité que nous devons à Dieu nous oblige de préferer fa gloire & fes interêts à toutes chofes, & d'immoler notre vie avec joie pour la défense de sa verité & de fon honneur. C'eft ce que fait Jefus Chrift fur la croix. Il y donne fa vie pour la confeffion de la verité, après l'avoir foutenue devant les Prêtres des Juifs, & devant Pilate. Il fcelle par fon fang la doctrine qu'il avoit prêchée. Ainfi il eft le premier, le chef & le Roi de tous les Martyrs.

Il nous enfeigne la perfection de la charité envers le prochain :car c'eft pour les hommes qu'il donne fa vie : c'est pour les tirer de l'enfer, & pour leur ouvrir le ciel. Il attache à fa croix la cédule qui les Colo tenoit affujettis au démon, comme dit 2. 14. 1 faint Paul, & il la détruit en mourant pour eux. Et ce qui rehauffe cette charité, comme dit le même Apôtre, c'eft qu'il Rom. fouffre & qu'il meurt, non pour des juítes & & des amis, mais pour des injuftes & des ennemis de Dieu, afin de les rendre justes & amis de Dieu,

En nous enseignant ainfi la perfection de la charité, il nous enfeigne en mêmetems la perfection de l'obéiffance envers

6.

Matth.

Dieu,qui eft le premier effet de fon amotir; Philip, 2. Car il obert a jon Pere jujqu a mort, & à la mort de la croix, comme dit l'Apôtre; & la perfection de la patience envers le prochain, qui pour être accomplie doit être invincible, & aller jufqu'à la mort. Ce font les qualités de celle de Jefus Chrift. Il ne fe lafle point de foufhir pour les hommes, ni de fouffrir des hommes. Leurs infultes ne le font point defcendre de la croix. Ils ont beau lui dire en fe mo27.40. quant: Toi qui detruis le temple de Dieu &qui le rebatis en trois jours, que ne te fauves-tu toi-même ? Si tu es le Fils de Dieu, defcens de la croix, & nous croirons en toi, Il y demeure ferme jufqu'à la mort. Leur cruauté ne l'irrite point. Il regarde tou jours leurs actions criminelles par l'endroit le moins odieux, qui eft celui de leur ignorance. Il n'a pour eux que des Enc. 23. Penfes & des paroles de paix. Mon Pere, dit-il, pardonnez leur, parce qu'ils ne javent ce qu'ils font. Voilà le comble & le fouverain degré de la patience : & Jefus-Chrift nous l'enfeigne fur la croix.

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I I.

Il ne faut pas oublier le devoir du facrifice, qui eft une des principales fonctions que Jefus Chrift exerce for fa croix, & l'un des principaux moyens de notre falut qu'il nous y donne, en nous don

ant un moyen de nous offrir avec lui. 'homme en qualité de créature étoit ›bligé de facrifier à Dieu. Mais au-lieu des acrifices fpirituels qu'il lui eût offerts dans lans l'état d'innocence, fon devoir comne pécheur, étoit de facrifier fa vie mêne pour réparer l'outrage qu'il avoit fait la majefté de Dieu.

Cependant le peché qui l'obligeoit à ce devoir, l'en rendoit en même tems incapable. Il devoit à Dieu une victiune d'expiation, mais une victime pure & fans ta che, vne victime capable d'appaifer Dieu, & de réparer le peché: & il étoit bien éloigné de pouvoir être cette victime, étant corrompu, fouillé, & toutes fes vertus étant infiniment difproportionnées à la grandeur de l'offenfe qui avoit été faite å Dieu. Il étoit donc obligé à l'impoffible: & c'étoit bien en vain qu'il fubftimoit en fa place le fang des bêtes, dont Dieu ne fe pouvoit fatisfaire. Mais ce qui étoit impoffible à l'homme, & même à tous les Anges, le Fils unique de Dieu l'a rendu poffible, en fe fubftituant & au facrifice des bêtes, & à l'homme même, & en offrant à fon Pere fa vie qui étoit d'un prix infini, pour l'expiation & la réparation du peché. Ainfi la croix n'est pas feulement l'inftrument du fupplice de Jefus; c'eft l'autel de fon facrifice: c'est là qu'il

immole la victime de fon corps pour l'offur à Dieu dans toute l'éternité:& c'eft par ce moyen tout divin & infiniment éloigné des penfces des hommes, qu'il leur donne moyen de fatisfaire aux devoirs qui leur étoient impoffibles, d'offrir à Dieu leur vie, & de lui préfenter un facrifice d'expiation capable de réparer le peché. Car Jefus-Chrift, en les rendant Les freres, les affocie à fon facerdoce. Il leur donne droit de l'offrir lui-même, & d'y joindre le facrifice de leur vie, qui n'étant pas digne d'être présentée à Dieu par elle-même, en devient digne quand elle eft jointe au lacrifice de Jefus-Chrift, Ceft donc la dévotion que nous devons avoir, & que nous apprenons de la croix, de nous offrir conjointement avec Jefus Chrift, & de lui demander la grace de confommer notre facrifice en l'uniffant au fien dans le moment de notre mort.

III.

Enfin Jefus - Chrift prêt de quitter le monde, a voulu par un foin incomprehenfible de notre falut, fubftituer en fa place un objet à notre charité, envers qui nous puffions exercer l'obéiflance, le refpe&t & l'amour que nous lui devons. Cet objet eft l'Eglife qu'il a formée fur fa croix, & qu'il nous a donnée pour mere, afinque nous lui rendiffions tous les devoirs de charité

charité que nous ferions obligés de rendre à lui-même, s'il en avoit befoin, & qu'il fût encore fur la terre en un état capable de les recevoir: c'est cette obligation qu'il nous a impofée envers l'Eglise, qu'il a voulu marquer en donnant la fainte Vierge pour mere à faint Jean, & faint Jean à la fainte Vierge pour fon fils. Car par cette divine fubftitution il lie tous les Chrétiens à l'Eglife, dont la fainte Vierge étoit la figure, & à la fainte Vierge qui en étoit le principal membre. Il les oblige d'avoir une confiance toute particuliere en l'une & en l'autre : & il communique de même à l'Eglife l'efprit d'une charité maternelle envers tous les enfans ; & cette charité paroît principalement dans la fainte Vierge, qui les porte tous dans le fein de fa charité, & qui par fes interceffions coopere au falut de tous, pécheurs & innocens, morts & vivans, en obtenant aux uns le recouvrement de la grace & de la vie, & aux autres la confervation de J'une & de l'autre,

Tome XIII.

Eཀྱ

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