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Gal. 65

toute nouvelle, & de nouvelles créatures 1. Cor. formées felon la fainteté de Dieu, qu'el- 5.7. les vivent en efprit,& qu'elles marchent 15. en efprit, qu'elles renoncent à la chair & à fes œuvres, & que de jour en jour leur renouvellement s'augmente. C'eft l'idée qu'il nous donne d'un Chrétien reffufcité. C'est ce que doit operer en lui la réfurrection de Jefus-Chrift. C'est à nous à voir si ces marques nous conviennent, au moins en quelque degré. Car fr elles ne nous conviennent point du tout, nous n'avons aucune part à la réfurrection de Jefus-Chrift, & nous devons nous regarder comme engagés dans la mort, & n'attendre d'autre partage que la mort?

III.

Enfin la réfurrection de Jefus-Chrift en nous fervant de modelle pour régler notre vie, doit être encore l'objet & le foutien de notre efperance & de nos de firs, & notre unique confolation dans les maux de cette vie. Car Jefus-Chrift n'eft pas reffufcité feulement pour lui: il est reffufcité comme le chef de fes membres, comme le premier né d'entre fes freres, qui eft entré en poffeffion d'un heritage qui les attend, & dont il leur a promis de leur faire part. Tous les Chrétiens ont donc, felon faint Paul, une maison bâtie dans le ciel, pleine de biens & de richef

Rom.

19.

2. Cors

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fes inconcevables que nul homme ne leur peut ravir, puifque Jefus-Chrift même en eft le gardien. Si le corps périt & fe corrompt, ils entreront en poffeffion d'un corps incorruptible, incapable de miferes, & qu'ils ne peuvent avoir que dans le ciel. La refurrection de JelnsChrift leur en eft le gage, parcequ'il leur a promis de les rendre femblables à lui; & c'eft pourquoi ils le doivent toujours avoir en l'efit dans cet érat, afin de s'animer à méprifer tous les biens & tous les maux le ce monde.

Que e diroit en d'un Prince deftiné à gonverner un grand Etat, qui fe paffion neroit pour obtenir un office de village? Ceft ainfi que nous devons regarder tou"tes les grandeurs & toutes les prétentions du mond. Tout cela eft indigne d'un Chrétien qui a Jefus Chrift reffufcité dans le coeur, & qui efpere de lui devenir fmblable. Se paffionner pour ces grandeurs eft une action auffi lâche & and baffe que celle du Prince dont nous avons parlé:& il y a bien moins de raifon à refufer de fouffrir tous les maux de

la vie pour acquerir cette gloire, qu'il n'y en auroit à refufer de perdre un quart-d'heure de fommeil pour devenir maître du plus grand empire du monde:

pas

20.22

Honné, parceque Jefus - Chrift n'étoit encore glorifié. La raison en est que la formmation des nouvelles créatures qui se fait par le Saint-Esprit, eft une œuvre tout autrement grande & importante que tous les miracles corporels, & la création même de tous les êtres. Pour marquer done la grandeur de cette œuvre, Dieu veut qu'elle ait Jefus-Chrift pour auteur, nori dans fon état d'infirmité, mais dans la plénitude de fa puiffance & de fa gloire. Ce n'eft pas qu'il ne foit dit dans l'Evangile avant la Pentecôte, que Jesus-Chrift communiqua le Saint-Esprit aux Apôtres 7oans fon fouffle. Mais outre que c'étoit en par quelque maniere des anticipations de graces, dans lefquelles Jefus- Chrift fe difpenfoit de l'ordre commun, il eft encore certain qu'il ne le leur donna pas alors avec une abondance qui les changeât totalement, & qui les fit d'hommes foibles & timides qu'ils étoient, des hommies pleins de force, de génerofité & de courage. Le don du Saint Efprit eft donc proprement le don de Jefus-Chrift glorieux. C'est le grand effet de fa magnificence: c'est par ce don qu'il s'eft formé non feulement des Apôtres, mais un royaume & un corps qu'il a deflein de glorifier comme le fien. Il anime & vivifie premierement les ames par le Saint Ef

prit,& enfuite il répandra la vie de l'arrie jufques fur nos corps au jour de la réfurrection génerale. C'eft donc proprement par le Saint Efprit qu'il forme fon Eglife. Et quand nous célebrons aujourd'hui la defcente du Saint-Efprit, nous célebrons proprement la formation de l'Eglife. Et c'est ce qui nous fait voir que la Pentecôte n'eft point une fête paffagere, ni attachée à un certain tems, comme les autre myfteres, Jefus - Chrift n'eft mort qu'une fois, n'eft reffuscité qu'une fois, n'eft monté au ciel qu'une fois : mais il envoye continuellement fon Saint-Efpri, parcequ'il forme continuellement fon Eglife, qu'il lui incorpore de nouveaux membres, & qu'il en anime & en foutient tout le corps par de nouvelles infufions de fon Efprit. Ce fera là le princi pal ouvrage de Jefus - Chrift jufqu'à la fin du monde, où ayant verfé für fon Eglife une nouvelle plénitude de cet Elprit, il la confervera dans ce même état éternellement pour l'offrir fans cefle avec lui-même à la gloire de fon Pere. Voilà le myftere dont nous célebrons aujourd'hui le commencement, qui nous donne lieu de le concevoir dans toute fon étendue.

II.

Il est aisé de voir par là que le SaintEfprit eft l'unique bien des hommes. Car

comme l'ame eft l'unique bien du corps, parcequ'elle en eft la vie : le Saint-Esprit de même eft l'unique bien des ames, parceque c'eft lui qui les vivifie. Elles ne vivent que par l'amour & la connoiflance. Or il eft l'auteur de tout bon amout & de toute connoiffance falutaire. Ce doit donc être l'unique objet de nos defirs: c'eft en lui qu'un Chrétien doit faire confifter toutes les richeffes. On ne peut être pauvre quand on poffede le Saint-Efprit, qui comprend toutes les richeffes de Dieu. Et fût-on poffeffeur de toutes les richeffes du monde, on eft dans l'extremité de la pauvreté quand on en est privé: car quel bien peut poffeder une ame morte & privée de toute lumiere véritable? Il faut donc que le Saint-Elprit foit non feulement le but de tous nos fouhaits, mais auffi l'objet de toutes nos prieres, & la fin de toutes nos actions. Les Apôtres s'y préparerent par une prie re de dix jours: mais outre les prieres particulieres que nous devons faire en certains tems pour nous y difpofer, il faut que toute notre vie foit une préparation à la réception du Saint Efprit. Car il ne fe donne pas pour une fois, ni dans un mê me degré. Dieu le répand dans les ames par de nouvelles infufions; & il y croît en quelque forte, parcequ'il y répand fes

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