La Vie de J. C. après sa Résurrection. 499 LA VIE DE JESUS-CHRIST I. L'n'y a rien de plus éloigné de l'efprit humain, ni de plus digne de l'efprit de Dieu que la vie que Jefus - Chrift mena après la réfurrection & avant son Ascen◄ fion dans le ciel. Il parut fouvent à fes A ôtres pour les fortifier dans la foi de fa réfurrection, & lever tous les doutes fur ce point; parceque c'étoit particulierement cet article capital dont il les établifloit témoins, & qu'ils devoient prêcher à toute la terre. Mais au-refte il n'y eut jamais de réferve & de retenue pareille à celle qu'il garda avec eux à l'égard des autres chofes. Il ne leur parla ni de ce qui lui étoit arrivé, ni de ce qui leur devoit arriver, ni de l'érat où il étoit, ni de l'excès de la gloire, excepté feulement que pour leur montrer à qui ils devoient sadreffer, il leur dit que toute puissance Matth lui avoit été donnée dans le ciel & dans la 28. 18. terre. Il les envoya prêcher l'Evangile à tou- Marc. te créature, fans les éclaircir fur mille 16. 1 chofes que l'efprit humain auroit defiré de favoir. Il les reprit au- contraire de 7. 4 leur curiofité fur ce point, & leur apprit Aa... que ce n'étoit pas à eux à favoir le tems & les momens que fon Pere a réservé à fa puif Jance. La Religion chrétienne ne confifte point dans la multitude des connoiffances, mais dans l'execution fidelle de ce que l'on connoît. Ceft an-contraire un des grans deffeins de Dieu de réprimer la curiofité des hommes, de leur apprendre à obéir fimplement, & à fe tenir précifément à ce que Dieu leur dit, fans vouloir penetrer dans ce qu'il ne leur dit pas. Auffi voit on dans tout l'Evangile nne extrême modeftie dans les Apôtres fur ce point, à l'exception de quelques endroits où Dieu a voulu inftruire l'Eglife par leurs fautes mêmes. Il font à Jefus-Chrift peu de queftions de curiofité. Ils fe contentent de la mefure de connoiffance que Jefus Chrift leur donnoit : & c'eft une des plus grandes vertus qui paroiffe en eux dans le tems de leur imperfection. C'est en partie par cette retenue qu'ils ont mérité d'être remplis depuis de tant de lumieres: Ainfi la curiofité nous prive fouvent des connoiffances que nous recherchons avec paffion, & l'humble foumiffion à Dieu les attire; parceque Dieu aime les fimples, & que c'est à eux qu'il 3.32. fe communique: ET cum fimplicibus fermo cinatio ejusi Prov. II. Il n'y a d'ordinaire que nos paffions qui nous font parler de nos biens & de nos maux. L'amour tendre que nous avons pour nous-mêmes nous fait repaffer avec joie dans notre memoire & dans nos difcours nos maux paffés; parceque cette condition d'être paffés, nous eft agréable. Un refte de haine & de dépit contre nos ennemis nous fait prendre plaifir à parler de leur malice, de leur cruauté, & des avantages que nous avons eus fur eux. La complaifance que nous avons dans notre bonheur & dans les biens dont nous jouiffons, nous porte fouvent à en parler. Enfin comme nous fommes fort occupés de nous-mêmes & de ce qui nous regarde, nos difcours le portent fouvent fur cette matiere. Mais Jefus-Chrift étant infiniment éloigné de tous les fentimens humains, tout plein de Dieu, tout occupé de Dieu, n'entretient point fes Disciples de ces fortes de matieres. On ne l'entend parler après fa réfurrection ni de Pilate, ni d'Herode, ni des Juifs, ni des Scribes, ni des Pharifiens, ni de Caïphe, ni même de la gloi re infinie dont il jouifloit. Il fe renferme précisément dans ce qui étoit néceflaire afes Apôtres. Il fait fon œuvre & rien davantage. Le retranchement des dif cours inutiles eft un res dont on peut qu'en les retranch nourriture ordinair pour nous donner Jefus-Chrift, qui cette réferve, parce paffion, a voulu ne I Jefus-Chrift de pl trer par cette cond table vie des Chrét Prêtres & de ceux niftere de l'Eglife. que deux objets a prochain. Dieu, p continuellement da dorer, pour le ren fes graces, & pour a par la méditation chain, pour l'inftru néceffaire qu'il fache cette difference ne pente & leur inclina verfer avec Dieu & fence, & qu'il n'y a les doivent applique hors de ces deux obj tien refficité avec J toute OCCU des cr s les |