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alors avec verité que la justice s'obtiendroit par la loi. Mais l'Ecriture a comme renfermé tous les hommes fous le peché, afin que ce que Dieu avoit promis fut donné par la foi de JESU SCHRIST, à ceux qui croiroient en tui.

EXPLICATION.

1 Aint Paul entreprend dans cette Epitre de détromper les Galates des deux principales erreurs des Juifs. L'une, que pour être fauvé il étoit néceffaire d'obferver la loi céremoniale de Moife, même au tems de l'Evangile. L'autre, › que l'obfervation de la loi mcrale ne dépendoit point de la foi en Jefus-Chrift, ni du fecours de fa grace. Ces deux erreurs ont des fondemens profonds dans la corruption de l'homme, & principalement la derniere. Car l'amour de l'indépendance qui a fait tomber dans le peché le premier des hommes, a jetté de fi profondes racines dans le cœur de fes.enfans, que rien ne leur eft plus infuportable que de dépendre d'auítrui. Ainfi chacun defire naturellement d'avoir fon propre falut entre les mains; & comme il defire de l'y avoir, il fe perfuade facilement qu'il l'y a. C'eft pourquoi l'on voit fi fouvent dans les livres de

Cy

rf. 147.

10.

Moife, que les Juifs proteftent avec confiance, qu'ils obéiront à Dieu en toutes chofes. La réfolution d'obéir à Dien étoit bonne. Mais la préfomtion en leurs propres forces étoit mauvaife; & l'eflence du Judaifme confiftoit proprement dans cette préfomtion. La premiere erreur, qui étoit la néceffité de l'obfervation de toute la loi céremoniale, avoit auffi fa fource dans la même corruption du caur. Si cette obfervation ceffoit d'être néceffaire, voilà les prérogative des Juifs fur les Gentils qui font anéanties, les voilà réduits à la condition des autres peuples & hors d'état de le flatter de ce choix particulier que Dieu avoit fait d'eux pour en faire fon peuple. Is n'avoient plus licu de dire: il n'a fait cette grace à aucun des autres peuples. C'est ce qui les portoit à foutenir opiniâtiément, après même avoir reçu l'Evangile, la néceffité de l'obfervation de cette loi, afin d'obliger par là toutes les nations de leur rendre homimage en quelque maniere, & de les reconnoître pour la fource de leur falut.

II. Saint Paul pour retirer les Galates de ces deux erreurs que l'on avoit femées arni eux, employe des argumens tirés de l'Ecriture, qui font à la verité forts & concluans, mais qu'il auroit été impoff ble d'y découvi fans le fecours de

la lumiere de Dieu. Il leur fait voir que ce n'est point par les œuvres de la loi qu'on obtient la justice, mais qu'elle dépendoit absolument de la foi en JesusChrift; non que l'accompliffement de la loi ne rendît juftes ceux qui l'euffent parfaitement obfervée, puifque l'amour de Dieu faifoit partie de cet ac compliffement; mais parceque fans la fʊi il n'étoit pas poffible de l'accomplir: qu'ainsi le principe du falut n'étoit pas dans nons, mais hors de nous: que c'étoit un effet de la bénediction donnée à Abraham, par laquelle Dien lui promit que toutes les nations feroient beries en ja ra- Gen. 227 ce, c'est-à-dire, en Jeus-Chrift. Les 18 Gal. 3a Juifs ont toujours été obligés de croire 16. ces verités. Elles font capitales & indifpenfables, puisqu'elles comprennent le moyen unique d'accomplir la loi de Dieu, & de vivre de la vie de la justice. Cependant qui peut foutenir raifonnablement qu'à l'égard de ces verités l'Ecriture fút claire: Combien ces deux paffages cités par faint Paul: Le jufte vit de la foi: & verf. 11. Toutes les nations de la terre feront benies en dows, abandonnées à l'esprit humain, poi, verf. 8. voient-i's recevoir de fens differens: L'an- G. 12. torité de l'Apôtre les a fixés à l'unique fens", qu'il leur donne. Mais avant qu'il cût écrit cette lettre, les verités conte

Habar.

2.4.

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nues dans ces paffages n'étoient pas moins néceffaires à croire, & l'on ne les pou voit croire que par l'autorité de la Tradition. Il est donc clair qu'il peut arriver qu'une verité capitale foit propofée dans l'Ecriture d'une maniere capable de divers fens, & que le vrai ne foit fixé & déterminé que par l'Eglife dépofitaire de cette Tradition.

III. Comme l'efprit judaïque confiftoit dans la confiance préfomtueufe en fes propres forces, fondée fur le defir de l'indépendance naturel à l'homme corrompu, l'efprit chrétien confifte aucontraire à aimer à dépendre de JefusChrift, & à avoir une parfaite confiance en fon fecours & en fa grace. La réfolution d'obéir à Dieu est la même dans le Juif & dans le Chrétien: mais le Juif pour l'accomplir ne croit avoir befoin que de lui-même, & le Chrétien fe défie de la volonté, & pour le préfent & pour l'avenir.

Il s'en défie pour le préfent, parcequ'il ne fait fi elle eit pleine & entiere, & s'il n'y a point en lui quelqu'autre attache p'us forte que celle qu'il a pour la loide Diu. Car on ne connoît pas la force de fes attaches quand on eft éloigné des occafions, & lorique les objets ne font pas. préfens. L'impreffion en eft toute autre

quand on regarde ces objets de près, que quand on les regarde de loin; & l'on ne fauroit s'aflurer, fans une témerité judaïque, que le degré d'amour que l'on sent pour la loi de Dieu, foit capable de furmonter toutes nos autres paffions.

Il s'en défie pour le futur, parcequ'il fent en lui mille caufes capables de l'affoiblir. Car la diftraction qui naît des autres occupations, les attraits du monde, l'état même de cette vie qui nous rend incapables de nous plaire long-tems dans le même objet, anéantiroit bien tôt notre amour pour Dieu, fi la grace ne le foutenoit & ne le renouveloit continuellement en nous.

IV. La défiance de foi-même qui est eflencielle au Chrétien ne le doit pas réduire à la parelle & à la négligence; car s'il le fent pouffé à agir, il est clair qu'il doit agir selon l'impreffion qu'il fent. Et quand il ne fentiroit pas cette impreffion; ildevroit pourtant s'efforcer d'agit, fans fe mettre en peine de ce qu'il ne fent pas cette impreffion : car elle n'est pas toujours sensible, & ne fe diftingue pas toujours par un attrait dont la volonté s'appe çoive. Ainfi cette défiance de foi-même ne nous doit détourner d'aucune action de devoir: & un Chrétien períuadé qu'il ne peut rien par lui-même, & qu'il

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