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re ait befoin d'un peu plus de temps pour acquerir toute la préparation neceffaire, il eft aifé qu'elle vienne jufqu'à terre fans fe diffiper, vû l'extrême rapidité avec laquelle elle eft pouffée, & la viteffe des courans d'air qu'elle fuit, & qui aident encore fon mouvement. Mais ce ne feroit pas alors que le Tonnerre feroit le plus de defordre, ne pouvant dans ces cas arriver à terre que peu de cette matiere. Voici dans quelles occafions il fait de fi grands ravages.

S'il arrive, comme on peut le conjecturer, des divers mouvemens qui fe font dans la nuée, que des courans d'air oppofez, mais non dans la même ligne, viennent à rencontrer en affez grande quantité, les tourbillons voisins de celui qui enferme la matiere du Tonnerre, avant qu'elle ne foit entierement prête à éclater; il eft clair qu'ils détermineront ces tourbillons à circuler rapidement autour de cette matiere; de même que deux forces oppofées qui choqueroient, l'une la partie fuperieure,l'autre la partie inferieure d'une roue placée verticalement, la détermineroient à rouler avec violence autour de fon effieu. Il eft clair encore, que ces tourbillons ne peuvent pas rouler avec tant de rapidité autour de celui qui porte la matiere du Tonnerre, fans former des tournans d'air, tantôt plus, tan

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tôt moins longs, felon la viteffe & la grandeur des tourbillons qui les produifent. L'axe de ces tournans tombera fans doute fur la terre, fi le plan de la circulation eft parallele ou à peu près parallele à l'horizon. Or comme il n'y a point d'air le long de l'axe de ces tournans, & que leurs côtez réfiftent extrêmement, ce qui fe prouve tant parce qu'ils foûtiennent tout le poids de l'athmosphere, que par la force furprenante des colomnes de nuées qui arrachent les plus grands arbres & renverfent les maifons, ils forment comme un long Canon. La matiere du Tonnerre venant alors à éclater, elle doit couler pour la plus grande partie le long de ce Canon avec une extrême rapidité, parce qu'elle ne trouve rien qui puiffe retarder fon mouvement de ce côté. Arrivant ainfi à térre en grande quantité, elle peut & doit y produire tous les terribles effets, dont il y a peu de lieux qui n'ayent vû quelque exemple funefte. Telle eft la caufe de la chute, & de la chute rapide du Tonnerre.

Il faut remarquer qu'il eft difficile que le tourbillon où s'eft formée la matiere du Tonnerre foit le feul qui abonde en exhalaifons fulphureufes & falines Les tourbil lons voisins en ont leur bonne part; il s'y prépáre donc auffi de la matiere pour le Tonnerre. Mais on voit affez qu'elle doit

fe préparer plus vite & être plûtôt prête à éclater dans l'un que dans l'autre parce qu'il n'eft pas poffible que les mêmes difpofitions fe trouvent dans tous ces tourbillons. On voit encore fans autre explication, que lorfque le premier éclate, il doit quelquefois écarter les voifins, quelquefois les rompre, quelquefois accelerer leur éclat. Lorsqu'il accelere leur éclat, on voit deux, trois éclairs, on entend deux trois coups de Tonnerre de fuite. Lorsqu'il les écarte ils vont cà & là en diverfes dif tances, où achevant de fe difpofer à éclater, ils éclatent enfin à leur tour. Lorsqu'il

les rompt, les portions feparées forment de nouveaux tourbillons, mais plus petits, qui éclatent enfin, lorfque leur matiere a reçû toute la préparation néceffaire. C'est ainfi qu'il arrive dans les orages, qu'il y a plufieurs Tonnerres de fuite, & qu'il eft fi rare de voir des orages où l'on n'entende gronder le Tonnerre qu'une feule fois,

re,

Après avoir expliqué la nature & les caufes du Tonnerre comme je viens de le faiik ne fera pas difficile de rendre raison de tous les effets. Ce qui nous reste à dire pour cela éclaircira encore, ou confirmera ce que nous avons dit jusqu'ici,

୧୫:୨

JE

ARTICLE III.

Des effets du Tonnerre.

diftingue les effets du Tonnerre en trois claffes. Je confidere d'abord les Phenomenes qui en font inféparables, & qui paroiffent en conftituer l'effence. J'envifage enfuite les circonftances ordinaires qui l'accompagnent, & celles qui font particulieres à certains Tonnerres. Enfin je recherche la raifon des effets proprement dits du Tonnerre, ou des effets qu'il produit fur la terre lorfqu'il vient à y tomber.

Les Phenomenes du Tonnerre.

Les Phenomenes, dont il s'agit ici, font l'éclair, & le bruit du Tonnerre. J'ai déja affez marqué la caufe de l'un & de l'autre. L'éclair vient de l'inflammation de la matiere du Tonnerre. Le bruit dépend de la prompte & violente dilatation de cette matiere. Il ne refte plus qu'à expliquer les differences de ces deux Phenomenes en divers Tonnerres.

1o. On voit d'abord la raifon pourquoi l'éclair dure fi peu de tems. La matiere, qui s'enflamme en éclatant, ne doit éclai

rer

rer que pendant que fes parties font encore affez voifines pour former comme un tout, ou pour parler plus exactement, tandis qu'elles forment encore un tourbillon total, compofé de petits tourbillons d'un reffort très-vif; car c'eft de-là que dépend la lumiere. Le Soleil qui eft le modele de tous les corps lumineux en est une preuve conftante. Or les parties de la matiere du Tonnerre, lorfqu'elle éclate fe diffipent très-vite, parce que rien ne les peut tenir refferrées; ainfi l'éclair ne peut durer que très-peu de tems.

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2o. Tous les éclairs ne font pas de la même couleur ; il y en a qui font d'un feu plus blanc, d'autres font d'un feu rouge & éclatant, ou d'un rouge plus ou moins foncé. On voit d'autres varietez dans les couleurs de differens éclairs. Pour en donner. une raifon détaillée, il faudroit entrer bien avant dans le fyftême des couleurs ; il faudroit faire voir, comme Mr. Nevvtom l'a démontré par fes experiences, que les rayons viennent tous colorez du corps lumineux; que les couleurs non primitives dépendent du mélange des rayons colorez, & qu'elles approchent toûjours plus de la couleur des rayons qui dominent dans ce mélange. Il faudroit prouver enfuite que rayons font colorez differemment felon les diverfes preffions qu'ils fouffrent de la

les

D

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