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que l'air la reflerrant au point de l'empê cher de former le tourbillon total elle cefle de luire, & changée en fumée, fes petites parties fe difperfent felon les differentes im preffions, qu'elles reçoivent de l'air. Ce qui fait que la flamme de la poudre à canon s'éteint bien-tôt dans lair; c'eft qu'ayant plus de force, que l'air n'a de refiftance, elle éclate d'abord, & fes petites parties fe diffipent. Mais la matiere du Tonnerre, dans la fituation où je la confidere, ayant affez de force pour réfifter à la preffion de l'air, & n'en ayant pas affez pour la vaincre, elle doit fe foutenir & ne pas s'éteindre.

Ce globe de feu ne change pas de place, & paroît immobile, s'il ne fe trouve là aucune agitation de l'air qui le poulle. Mais s'il fe trouve quelque foible courant d'air, quelque petit vent, ce globe en fera entraî né, & le mouvra lentement.

Cependant les petits tourbillons dont il eft compofé fe brifant fans ceffe, & s'en formant fans ceffe de nouveaux & de plus forts, dont le mouvement croît par une augmentation continuelle, le reffort du tourbillon total devient enfin fi violent, que toute la pefanteur de l'air ne pouvant plus réfifter, le globe éclate avec fracas, & fa matiere difperfée court ça & là felon la détermination qu'elle a reçûë en éclatant, & va caufer de nouveaux ravages.

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Quant aux trois globes de feu qu'on vit à Gouefnon fe réunir en un, on com prend aifément qu'ils étoient d'abord portez l'un vers l'autre par des courans d'air qui n'avoient pas la même détermination; & que venant enfuite à fe toucher ils devoient fe réunir par la pefanteur de l'air, qui ne les preffant plus du côté, qu'ils fe touchoient, les preffoit de tous les autres côtez, de même que cette pefanteur de l'air cause la réunion des goutes de rofée ou de mercure, qu'on approche l'une de l'autre jufqu'à les faire toucher.

Voilà ce que j'avois à dire fur le Tonner. re. J'ai été attentif à ne rien omettre de ce que j'ai trouvé d'important fur cette matiere, & j'ai lieu de croire qu'il n'a rien échapé de confiderable à mes recherches. La route que j'ai prise pour rendre raison de ce Meteore eft fort éloignée de toutes cel les qu'on avoit fuivies jufqu'ici; auffi je m'en fuis défié long-temps, & je ne me fuis réfolu à la fuivre qu'après un long & mûr examen. J'aurois mis dans un plus grand jour ce que je n'ai fait qu'indiquer fur la nature de l'air, fur fon reffort, & fur la maniere dont s'élevent les vapeurs. Mais j'ai craint de m'écarter un peu trop de mon fujet, & de paffer les bornes d'une Differtation. Je pourrai en fon temps donner

des éclairciffemens fur tous ces points, fi je m'apperçois qu'on le fouhaite.

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Vox tonitrui tui in rotâ. Pfalm. 76. num. 1753.

LETTRE

DE L'AUTEUR.

A MONSIEUR SARRAU,

Secretaire

de l'Académie

Royale des Belles Lettres,
Sciences & Arts de Bordeaux.

MONSIEUR,

Cdans tout lyftème Physique, autant qu'on peut la connoitre, c'est le rendre meilleur que de le rendre plus vrai, ou de donner plus de preuves de fa verité. Dans celui que j'ai eu T'honneur de présenter à l'Académie fur le Tonnerre, j'ai taché de juftifier mes pensées autant par des faits, que par des raisons ; cellesci me paroiffent tirer, en matiere de Phyfique: leur plus grande force des faits mêmes. Les diverfes obfervations que j'ai rapportées se sont

Omme on ne doit chercher que la verité

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faites d'affez loin, ou au moins hors de la nuée, où fe forme le Tonnerre, En voici une d'autant plus intereffante, qu'elle s'eft faite de plus près,

de fi près qu'il n'a tenu qu'à celui qui m'en a fait le rapport, de faifir la matiere du Tonnerre & de la lancer. C'est un Homme fans étude, encore plus fans connoiffance de la Phy fique, mais Homme d'efprit pourtant, & qui a deux yeux fort bons. Or en matiere d'obfer vations de cette efpece, il fuffit d'avoir des yeux pour les faire jufqu'à un certain point de perfection. Fe me fuis affuré de toutes les manieres poffibles de la verité de ce qu'il m'a raconté; en forte que je ne puis nullement en douter. Je l'ai questionne prefque fur chaque pas qu'il faifoit dans l'occafion dont il s'agit; voici ce que j'en ai appris.

C'était le 2, ou le z du mois de Septembre de Pannée 1716, vers les 3. heures après midy, qu'il defcendoit avec un homme du Pays die baut du Cantal, pour aller aux Eaux de Vic. Le temps étoit ferein & très chaud. Ils apper gurent en bas vers le milieu de la Montagne un brouillard qui couvroit tout le Vallon. Audeffus du brouillard s'élevoient quantité de feux, d'autres ferpentoient dans la nuée. Ceux qui s'élevoient, alloient en pointe, à peu près comme le fer d'une lance. On entendoit en mê me temps un grand bruit, quoique moindre que le bruit ordinaire du Tonnerre. Il ne fçavoit ce que ce pouvoit être, il crut d'abord que

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