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fonnes, fur lesquelles les vaiffeaux, même ceux que montoient les generaux, naves pratoria, font conftamment reprefentez avec un feul étage de rames. Ce fait peut être verifié

par la lecture des livres qui traitent des medailles. Qu'on ne fe retranche pas fur la petiteffe des medailles qui n'a pas permis d'y marquer les étages de rames. Les Antiquaires fe mocqueroient de cette réponse; ils fçavent qu'on y reprefente tres diftinctement & fans confufion des chofes infiniment plus déliées,plus compliquées & plus difficiles à exprimer. Il faut pourtant remarquer que fur plu fieurs de ces medailles, l'extremité exterieure de la rame, appellée palma ou̟ palmula, eft reprefentée beaucoup plus large que le refte de la rame. Et il fe pourroit bien faire qu'on eût pris pour un étage de rames different, les lignes qui fervent à former cette extremité, Ön feroit prefque tenté de croire, que c'eft ce qui a trompé Fabretti & quel ques autres par rapport à une medaille de Gordien fur laquelle on voit un vaiffeau avec cette legende, Trajectus. On trouve dans plufieurs livres une medail le du même Empereur, avec la même figure & la même legende, reprefentée

très distinctement, mais avec un feul rang de rames de la maniere qu'il a été dit. Au refte s'il fe trouvoit par hazard quelque medaille où les étages fuffent marquez, ce feroit une preuve qu'on auroit pû les reprefenter fur toutes les autres. Ce qui n'aïant cependant jamais été pratiqué, comme il'auroit dû l'être, tout ce qu'on pourroit conclure c'est que la medaille, où les rangs fe trouveroient reprefentez, feroit fauffe, ou qu'elle auroit été frappée par un ouvrier mal-habile.

Après tout ce que nous venons de dire, fi le préjugé en faveur de la Colonne Trajane empêchoit encore quelques perfonnes d'embraffer un fentiment qui pourroit donner atteinte à ce precieux refte de l'Antiquité, qu'ils fe fouviennent du moins que la poffibilité du fyfteme des étages, ne fe trouveroit autorisée en quelque forte par ce monument que pour les Biremes & les Triremes. Nous avons reconnu nous-mêmes dès le commencement de cette differtation, fi on n'éque toit pas obligé de pouffer les chofes plus loin, l'hypothefe des étages pourroit ne paroître pas abfolument impoffible. Cette poffibilité apparente

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pour les Biremes & Triremes, a pû engager l'ouvrier qui avoit entendu parler de rangs de rames, à les concevoir & à les arranger comme il a fait fur fa Colonne. Par-là l'ouvrage quoiqu'il ne foit pas conforme à l'exacte verité, ne reprefentera rien d'abfurde ni d'évidemment impoffible. Voilà tout ce que nous pouvons raisonnablement accorder. Si on en demande davantage nous croïons être en droit de le refufer, jufqu'à ce qu'on ait fatisfait nettement & en détail à toutes les diffi cultez que nous avons propofées ; & qu'on ait appliqué & ajusté à un autre fyfteme, ainfi que nous l'avons fait au nôtre, tous les paffages citez cideffus.

Après avoir achevé cette Diflertation, j'ai confulté la nouvelle description de la Colonne Trajane donnée par Bartoli & gravée beaucoup plus élegam ment & plus exactement que la premiere. Je n'y ai vû que des efpeces de Biremes, au lieu des Triremes qui paroiffent dans l'autre. Et les rames de ces Biremes font tellement difpofées, que rien n'empêche qu'elles ne puiffent toutes être maniées par des ra meurs placez à la même hauteur fur le

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même tillac, ainfi que nous l'avons remarqué ci - deffus. Il paroît qu'on doit s'en tenir là, pour ce qui regarde la Colonne Trajane, & qu'on s'eft peut être fervi trop legerement de l'autorité de cet ancien monument pour établir le fyfteme des étages de rameurs. Si on n'y avoit déferé qu'autant que la neceffité le demandoit, & qu'on n'eût voulu y trouver que ce qui y eft effectivement reprefenté, on ne fe feroit pas jetté, comme on a fait, dans un labyrinthe de difficultez, d'où il n'eft pas poffible de se tirer.

FIN.

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APPROBATION.

'A I lû par ordre de Monseigneur le Chancelier, un Manufcrit intitulé: Differtation fur les Triremes, ou Vaiffeaux de guerre des Anciens, dont on peut permettre l'impreffion. A Paris le 30. Avril 1721. Signé, CHERIER,

PERMISSION DU ROT.

OUIS par la grace de Dieu Roi de France

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& feillers les Gens tenans nos Cours de Parlemens, Maîtres des Requêtes ordinaires de nôtre Hôtel, Grand Confeil, Prevôt de Paris, Baillis, Senéchaux, leurs Lieutenans civils & autres nos Jufticiers qu'il appartiendra, Salut. Nôtre bien - amé Louis-DENIS DELATOUR Libraire à Paris, Nous aïant fait fupplier de lui accorder nos Lettres de Permiffion pour l'impreffion d'un Livre qui a pour titre Differtation fur les Triremes, ou Vaiffeaux de guerre des Anciens, & qu'il fouhaite faire imprimer & donner au public; Nous avons permis & permettons par ces Prefentes audit Delatour, de faire imprimer ledit Livre en telle forme, marge, caractere & autant de fois que bon lui femblera, & de le vendre, faire vendre & débiter par tout nôtre Roïaume, pendant le tems de trois années confecutives, à compter du jour de la date defdites Prefentes.. Faifons défenses à tous Libraires, Imprimeurs, & autres perfonnes de quelque qualité & condition qu'elles foient, d'en introduire d'impreffion étrangere dans aucun lieu de nôtre obéïffance à la charge que ces Prefentes feront enregistrées tout au long fur le Registre de la Communauté des Libraires & Imprimeurs de Paris, & ce dans trois mois de la date d'icelles; que l'impreffion de ce Livre fera faite dans nôtre Roïaume & non ailleurs, en bon papier, & en beaux caracteres, conformément

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