infenfiblement ceux mêmes qui ne font pas méchants. Je communiquai mon projet à l'un des hommes les plus vertueux de France. 11 m'invita beaucoup à l'exécuter. Je l'ai fait avec tout le foin dont j'étois capable; & fi la foibleffe de mes talents ne m'a point permis de donner un bon Ouvrage, j'ai pensé que l'honnêteté de mes intentions & le courage (1) de l'entreprise feroient peut-être un jour pardonner au Citoyen les fautes de l'Auteur.

(1) Plus la corruption des gens qui fréquenteront le Théâtre y rendra néceffaires les Pieces contre les mau vaifes mœurs, & moins ces mêmes Pieces y feront accueillies. Il faut, pour plaire aux hommes, dit le célebre Rouffeau, des Spectacles qui favorisent leurs penchants, au lieu qu'il en faudroit qui les modéraffent.

DULING, Gouverneur des fils de Belton.

HENRIETTE, fille de Duling.

Le JUGE de Paix.

JONATHAN, Valet-de-chambre du Lord Belton. JOHNSON, ami de Jonathan, & fon Agent. NELLI, Femme-de-chambre de Ladi Belton. PATRICE, Coureur de Charle.

ROGER, Laquais de Ladi Belton.

Un autre LAQUAIS du Lord Belton.

UN SERGENT & DES RECORDS.
UN GEOLIER.

La Scene eft à Londres.

Le Théâtre représente un fallon richement meublé dans le fond eft une porte à deux battants, qui donne dans la chambre de Ladi Belton. A droite (on entend la droite des Acteurs) deux autres portes conduisent, l'une à l'appartement du Lord Belton, & l'autre, plus rapprochée du devant du Théâtre, à un petit escalier qui defcend au jardin & monte aux chambres de Duling & d'Henriette.

Du côté gauche, l'on va aux appartements de Charle & de Jame, & l'on trouve l'escalier principal qui conduit à la grande porte de l'hôtel.

SCENE PREMIERE.

Ladi BELTON, ROGER, NELLI.

(Ladi Belton fort de fon appartement, & vient vers

une table, fur laquelle Roger a pofé un cabaret contenant deux taffes, un fucrier & des petits pains; Nelli tient la théyere, & le Laquais avance un fauteuil.)

Ladi BELTON, à Roger qui fort.

AVERTISSEZ

VERTISSEZ mes gens, je fors dans un moment. (A Nelli.)

Henriette est encor dans fon appartement ?

NELLI, fe préparant à verfer le thé.

Oui, Madame.

Ladi BELTON, lui faifant figne de ne point verfer

Allez donc lui dire de defcendre,

Et que, pour prendre ici le thé, je veux l'attendre.

(Nelli pofe la théyere, & fort.)

SCENE I I.

Ladi BELTON, feule.

AH! que ma belle-fœur va me féliciter

Du changement dont j'ofe aujourd'hui me flatter!
S'il étoit vrai qu'enfin moins diffipé, plus fage,
Mon époux en effet revînt à moi !... Son âge,
Le feu des paffions, qui fe doit amortir,
Ses deux fils, que bientôt il eft tems d'établir,
Tout, confirmant du moins une heureuse apparence,
M'autorife à former cette douce efpérance.

SCENE III

Ladi BELTON, HENRIETTE.

(Henriette entre, & vient baifer la main de Ladi Belton, dont elle porte au bras le portrait entouré de diamants.)