SCENE X I. Ladi BELTON, HENRIETTE, DULING, un SERGENT & des RECORDS, puis ROGER. Et pourquoi? De quel droit? Quelle méprise étrange? LE SERGENT. N'eft-ce pas vous, Monfieur, qu'on appelle Duling? DULING. Eh bien, quoi? LE SERGENT. Vous devez fept cents livres fterling. Voilà votre billet. C'étoit ce matin même Qu'il falloit l'acquitter. DULING, levant les yeux au Ciel. Dieu ! Ladi BELTON. Quelle horreur extrême! (A Duling.) Roger.--Ne craignez rien, cher Duling, calmez-vous. (Au Sergent.) Ce n'eft pas lui, Monfieur, c'est mon mari, c'eft nous Qui fommes obligés d'acquitter cette dette. J'en réponds, attendez. LE SERGENT. La fomme eft-elle prête? Ladi BELTON, à Roger qui entre. Cherchez Monfieur Belton; courez. (Le Laquais refte encore un moment, puis fe retire.) DULING, à Ladi Belton qui demeure confondue. Tout eft bien concerté; l'on ne peut méconnoître La main d'où part le coup. Ladi BELTON, avec horreur. Lui? Quoi! Belton pourroit être ?... LE SERGENT, à Duling. Vous favez la loi. Payez, ou fuivez-nous, Ah! Madame, fauvez mon pere. Verrez-vous?... LE SERGENT. Nous ne pouvons attendre. Nos ordres font précis. Il veut me perdre, hélas ! DULING, à Ladi Belton. Afin qu'à fes fureurs, à tous fes attentats Ma fille refte en proie. Ah! daignez l'y fouftraire. Sauvez-la de l'opprobre, & que plutôt la mort... (On emmene Duling. Sa fille veut le fuivre, mais le Sergent & les Records l'en empêchent : elle vient fe rejetter toute éperdue dans les bras de Ladi Belton, qui, immobile au milieu du théâtre, paroît être dans une espece d'anéantissement. ) SCENE XII. Ladi BELTON, HENRIETTE. HENRIETTE. AH! Madame, on l'entraîne. Ne l'abandonnez pas. Qu'avec lui l'on m'emmene Que nous mourions ensemble! Ladi BELTO N. A cette atrocité, A ce dernier forfait le monftre s'eft porté ! Calme toi. De fa rage on faura te défendre. Je pleurois tout-à-l'heure, à présent je frémis. Fin du troifieme Acte. (Le théâtre représente le veftibule d'une prifon, où les prifonniers fe tiennent pendant le jour. Il y a quel ques groffes chaifes, avec une table de bois à gauche. ) SCENE PREMIERE. OICI DULING, feul. Voici donc ma demeure! ... Une prifon, ô Cieux ! De ma longue carriere eft donc le terme affreux, Le prix de foixante ans de vertu, d'innocence, Et du bien que j'ai fait l'unique récompense ! Je frémis de me voir en ce funefte lieu. Tout mon corps en friffonne. Ah! s'il n'étoit un Dieu, Un Être dont l'idée, en tout tems confolante, Sur tout dans l'infortune à nos cœurs fe préfente, Quel foutien, quel efpoir conferveroit, hélas ! L'honnête homme ifolé qu'on opprime ici-bas? Toi, que craint le méchant, & que le juste adore, Mon Dieu, c'est pour ma fille ici que je t'implore! Sur elle d'un cruel préviens les attentats, Écoute mes foupirs, & ne les venge pas! (Il s'affied près de la table.) |