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montrer à ma bonne, à mon frere, à ma bonne ma

man, à tout le monde.

(Elle fort en fautant & tenant le collier à la main.)

SCENE I I.

FANNI, VILSON.

VILSON.

CELA eft trop beau pour un enfant, ma chere

Fanni,

FANNI.

Elle pourra le porter encore quand elle fera grande. Et puis cela n'eft pas bien cher.

VILSON.

Enfin, ma chere Fanni, vous allez donc faire le ferment du bonheur de ma vie! Vous allez être à moi pour toujours! L'aurois-je cru ce matin, que ce jour dût être si heureux pour moi?

FANNI.

Ah, mon ami! qu'il doit vous être cher en effet, fi votre amour égale ma tendreffe!

VILSON.

Ma tendreffe! Ah! jugez-en par vos facrifices. Qu'ai-je fait pour vous, & que ne faites-vous pas pour moi! M'immoler le rang, la fortune que Mylord Orfey....

FANNI.

Je ne vous ai rien facrifié. Que j'euffe été malheu reuse, fi m'a mere n'eût pas pensé comme moi; fi, détrompée par une funefte expérience ...

VILSON.

Elle m'a tout conté.

FANNI.

Ce n'est qu'hier qu'elle m'a appris fa malheureuse histoire & le fecret de ma naiffance. Ah! que je rougis du vil & perfide lord qui m'a donné le jour ! Toutes les larmes que j'ai vu répandre à ma mere, celles qu'il lui coûte encore.

VILSON.

J'ai entendu parler autrefois de ce lord Falkland; quand il fut nommé gouverneur de la Jamaïque. On en difoit tant de bien... mais la vertu des grands.....

SCENE 111.

FANNI, VILSON, DAVID.

DAVID, fortant du magafin.

MONSIEUR,

ONSIEUR, tous vos ouvriers, qui viennent d'apprendre votre mariage, demandent à venir vous. en féliciter. Ils font dans une joie...

VILSON à David,

Elle augmente mon bonheur. Mais il faut que l'envoi des draps qu'ils fabriquent fe faffe au plu tôt. Dis-leur qu'ils ne quittent point l'ouvrage, j'irai tantôt moi-même les voir dans l'attelier; & je leur double le paiement de leur quinzaine. A combien monte-t-elle ?

DAVID.

A dix guinées. J'en ai fait le compte.

VILSON.

Eh bien, tu leur en donneras vingt. James n'eft pas revenu?

DAVID.

Non, Monfieur; cela m'étonne. Il faut qu'il ait trouvé bien des gens à expédier avant lui.

FANNI & David.

Dites aux ouvriers que je fuis reconnoiffante de la part qu'ils prennent à mon bonheur, & que je veux qu'ils foupent tous ici ce foir. Leur journée fera finie, & cette petite fête ne retardera point leur ouvrage. Vous le voulez bien, mon cher Vilfon?

VILSON & Fanni

Ah! ces fentimens de bonté redoublent encore mon amour, David, va voir si Madame Sonbrige eft prête.

DAVID.

La voici qui vient. Je retourne vers les ouvriers. Je crois qu'ils feront contens.

(Il rentre dans le magafin.)

SCENE I V.

FANNI, VILSON, Madame SONBRIGE, JULIETTE.

Madame SON BRIGE, tenant d'une main le collier de Juliette, & de l'autre la petite fille.

VENEZ, que je vous l'attache. Aimez-vous bien

celle qui vous l'a donné ?

JULIETTE, baifant la main de Fanni, en paffans à côté d'elle.

Oh! de tout mon cœur.

Madame SON BRIGE, s'affeyant & attachant à Juliette fon collier.

Il faudra fe tenir bien droite, avec un beau collier comme cela.

VILSON, regardant fa fille avec complaisance, puis se tournant vers Fanni.

Ah! ma chere Fanni, que les fentimens de la nature font délicieux!

SCENE V.

FANNI, VILSON, Madame SONBRIGE, JULIETTE, HENRI

HENRI, entrant par la boutique, & courant à Vilson.

MON papa, on vous attend, Le ministre est au

temple. Betzi vient avertir.

Madame SONBRIGE fe levant, & allant à Fanni & à Vilfon.

Allons, mes enfans.

VILSON, donnant la main à Fanni, & fortant par

boutique.

la

Quel moment! quels jours fortunés vont le fuivre! JULIETTE voulant fuivre, avec fon frere, Madame

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Madame SONBRIGE, les faifant refter.

Non, mes enfans; demeurez là, &, à notre retour, vous ne nous quitterez plus.

(Les enfans, fâchés de ne pas la fuivre, la regardent fortir, & reflent quelques momens fans rien dire, tournés vers la porte de la boutique.)

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