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(Puis flattant fon pere & le careffant.)

Mon collier, tout ce que j'ai, prends tout, mon papa; mais ne pleure pas... Va, peut-être nous redeviendrons riches.. Si je le deviens, ce fera tout pour toi.

VILSON pleurant plus qu'auparavant, & préfentant aux Ouvriers le collier de fa fille.

Tencz, mes amis, voilà tout ce qui me refte, & la feule chofe que je puiffe vous donner. Vous en tirerez bien dix guinées, il en vaut davantage.

f.

TOUS LES OUVRIERS, fe reculant avec un figne d'horreur.

Q Dieu! jamais, jamais..

UN OUVRIER

Ah, Monfieur! nous qui donnerions tout pour vous !... Mais malheureufement nous ne fommes que de pauvres gens.

(Ils fortent tous à pas lents & en fanglottant..)

SCENE XII.

VILSON, JULIETTE.

(Vilson regarde for:ir fes ouvriers, puis s'appuie triflement fur la table, laiffant retomber la main dont il leur tendoit le collier de fa fille.)

ILS

JULIETTE, reprenant fon collier.

Ls ne font pas comme le Miniftre. Il l'auroit bien pris, lui qui a emporté les boucles de ma petite

maman.

VILSON, fe levant, & fe promenant d'un air fort

agité.

Mais il me vient un moyen...oui, c'en est un; & il eft für... Mon parti eft pris... Il faut...

JULIETTE, fuivant Vilson.

Mon papa,

venez là-haut, près de ma bonne amie, auprès de ma bonne maman. Elles s'affligent tant! Vous les confolerez,

VILSON, marchant toujours.

Oui, il faut aller ... Empêchons qu'elles ne puiffent foupçonner... Et dès qu'il fera nuit... Venez, ma fille.

(Il prend fa fille par la main, & va vers la porte qui conduit aux appartements; mais fa démarche eft lente & tremblante: il s'arréte fouvent.)

Je marche en tremblant... O Dieu! comment les aborder?... En nous voyant, hélas ! nous allons tous fentir encore redoubler nos douleurs.

(Il fort par la gauche.)

Fin du troifieme Ade.

ACTE I V.

Le théâtre eft dans l'obfcurité. Il eft fept heures du foir.

SCENE PREMIER E.

VILSON, feul.

(Il entre fur la fcene par la gauche, tenant une lampe qu'il vient pofer fur la table à écrire. Puis il marche en révant, & de l'air le plus Sombre.)

L'HEURE

'HEURE eft arrivée; il eft nuit... & je ne reverrai plus le jour... Ma vie ne pourroit être qu'infortu née & fatale à tout ce que j'ai de plus cher .... Ma mort les tirera de l'abîme où mon malheur vient de les plonger... Fanni, devenue l'épouse de Mylord.... elle aura foin de mes enfants; elle fera leur mere; je la connois... Mais il faut qu'elle fache mes intentions.... Il faut auffi que Mylord Orfey... Écrivons à tous deux.

(Il va s'affeoir devant la table, prend du papier, une plume, & fe prépare à écrire.)

C'est mon teftament de mort,

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» Adieu, ma chere Fanni, le nœud qui .

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plus d'époux. Je vous recommande mes enfants. Que Mylord Orfey reçoive votre main. C'est la » derniere volonté d'un époux qui vous adore, & qui ne meurt que pour vous laiffer former un lien plus heureux. »

C'est à préfent à Mylord.

(Il prend la plume, puis la laiffe tomber.)

O Ciel! il va donc pofféder!... Il le faut... l'idée en est affreuse... Ah! j'ai besoin de tout mon courage...

(Il prend la plume & écrit.)

« Mylord, rendez heureufe ma chere Fanni. Que votre amour conflant pour elle, que vos foins gé» néreux pour mes pauvres enfants, foient le prix » du facrifice que je vous fais, & le fruit de la mort » du malheureux Vilfon ».

(Il plie les deux lettres, & y met l'adresse.}

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