Imágenes de páginas
PDF
EPUB
[blocks in formation]

Sapientem decet interdum Remittere aciem rebus
agendis intentam. Aug. de Muf,

A LILLE,

Chez ANDRÉ-JOSEPH PANCKOUCKE
ET SEVEND A PARIS,

Chez TILLIARD, Libraire, Quai des
Auguftins, près le Pont Saint-Michel,
à S. Paul.

M. DCC. XLIX.

Avec Approbation & Privilège du Roi,

[ocr errors]

PRÉFACE.

L femble qu'il faudroit
remonter à l'origine de
l'homme, pour détermi-

ner l'époque de fes amusemens.
De tout tems les hommes ont
été ingénieux à se former des dé-
laffemens propres à diffiper les
ennuis de l'efprit & à ranimer
leurs forces. Expofés. à une
infinité de fatigues qui les épui-
fent, qui abattent leur cou-
rage, qui énervent leur fubftan-
ce; la joie, le repos, les alimens

*

*Sanguis fervore folutus Paling

Fervet enim motu nimio; fubducitur, Libra

atque

Deficit exhalans paulatim, non aliter

quàm

Agrorum extenuant quum pallida cor-
pora febres.

font les remédes que la nature a préparés pour les rétablir dans une affiéte nouvelle.

En effet, chaque jour présente dans un même individu un être nouveau, bien ou mal afforti felon que les impreffions du

repos, & celles des alimens variés à l'infini, l'état heureux ou malheureux de fes affaires rétabliffent ou détruisent l'économie de fa fubftance.

L'ame eft trop intimement unie au corps pour n'avoir point auffi fes dégoûts, fes chagrins, fes trifteffes, qui font autant de maladies & de laffitudes; le repos du corps ne lui fuffit pas, le change

ment d'objets, la converfation amufante, d'heureufes nouvelles, mille chofes enfin réveillent fon feu, aiguillonnent les nerfs & y rappellent les efprits.

Perfonne n'ignore qu'une trop grande application aux objets triftes ou graves ralentit fa viva

cité; pour y remédier, on lui en fubftitue d'autres qui l'amufent; la moindre bagatelle, un colifichet lui donne des impreffions douces & agréables; & pendant ce repos & cette paix, il se forme de nouveaux efprits qui métamorphofent tout fon être; & cette efpéce de renouvellement peut s'appeller une nouvelle création de forces & d'efprits.

La promenade, la chaffe, la danfe, la mufique tiennent lieu aux hommes de délaffemens; mais ils ne font pas les feuls que que l'ennui a fait imaginer. On a remarqué que la plupart des jeux ont pris naiffance dans des tems de calamité & de mifère.

Le jeu des Echecs doit fon origine au fiége de Troye ; Palaméde l'inventa pour délaffer les Grecs rebutés des longueurs de ce fiége; ce qu'un de nos anciens Poëtes exprime ainsi :

Ce Héros le premier inventa dans un jeu,

« AnteriorContinuar »