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& paroiffoient comme tranfportés, felon ce que demandoient les chants, ou les parties du cantique. Enfuite ils s'uniffoient en une feule danse, à l'imitation de celle du paffage de la mer rouge. Ex. xv.20. Les voix graves des hommes, mêlées avec les voix aigües des femmes, formoient un agréable con

cert.

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Toute la nuit qui précedoit la fête, fe paffoit ainfi & ils fe trouvoient plus éveillés à la fin, que quand ils s'étoient affemblés. Ils étoient tournés vers l'orient, & quand ils voyoient lever le foleil, ils levoient les mains au ciel, demandoient un jour heureux, & prioient Dieu de leur donner la verité, & un efprit capable de l'entendre. Aprés ces prieres, chacun fe retiroit chez foi, & recommençoit fes exercices ordinaires. Telle étoit la vie des Juifs, nommés Therapeutes, felon Philon, qui vivoit à Alexandrie peu d'années avant que S. Marc y fondât une église chré

tienne.

Or foit que les Therapeutes ayent embraffé la foi de J. C.ou non: il eft certain que dés le temps Caff. 11. de S. Marc il y avoit plufieurs chrétiens, que le Inftit.c.5. defir de vivre plus parfaitement que le commun, Collat. portoit à fe retirer à la campagne dans le voifi- xv111.5% nage d'Alexandrie, & à demeurer enfermés dans des maifons; priant, méditant l'écriture fainte, travaillant de leurs mains, & ne prenant leur nourriture qu'aprés le foleil couché. S. Marc ayant Enf.11. fondé & gouverné cette églife, & plufieurs au- Hier.de tres en Egypte, & dans les païs voifins, mourut fcript. la huitiéme année de Neron, foixante-deuxiéme An. de J. de J. C. A fa piace fut evêque d'Alexandrie, C. 62. Enf.Chron. Anien, homme pieux, & admirable en tout; qui an.63. gouverna cette églife pendant vingt-deux ans. VII. S. Paul étoit toujours à Rome, & l'on croit que Epître aux ce fut en ce temps qu'il écrivit l'épître aux He- Hebreux. breux. La tradition de l'églife nous apprend, que 111.6.47. Conc.Carth.

cette

hift.c.24.

Orig. p.

cette épître eft de lui, & elle eft parfaitement conforme aux autres, quant aux penfées, & au fond de la doctrine. Mais le ftile moins fublime, & moins vif, nous peut faire croire, avec quelques anciens, que S. Paul ne la dieta pas mot à mot; que quelqu'un de fes difciples, foit S. Luc, foit S. Clement, foit S. Barnabé, l'écrivit 129. ad ordre, & que S. Paul l'ayant leüe l'approuva & la Dard. Euf-foufcrivit: ou que S. Paul l'ayant écrite en fyria111.hift.c 3. Id. VI. que, un difciple la traduifit en grec. On remarhift. c. 14. quoit une grande conformité entre le ftile des

Enf. VI. hift. c. 25. Hier. ep.

ex Clem.

Alex.

Heb. 1.

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III.

III. I. IV.:

14. V. VI.

20. VII.

VIII.

par

fon

actes écrits par S. Luc, & celui de cette épître. S. Paul n'y met point fon nom: de peur de choquer les Juifs à qui il étoit odieux, & les rebu ter dès le premier mot. Outre qu'il laissoit à J.C. l'honeur d'être l'apôtre des Juifs: & prenoit pour lui en particulier le titre d'apôtre des gen

tils.

D'abord il releve la dignité de J. C. audeffus de tous les prophetes & des anges mêmes, prouvant tout par l'autorité de l'écriture. Il montre qu'il eft autant audeffus de Moïfe, que le fils eft audeffus Iv.8.9. du ferviteur. Qu'il y a un autre fabat, & un autre reposà efperer, aprés celui dont les Juifs avoient joui dans la poffeffion de la terre promife. Que J. C. eft le veritable pontife choifi de Dieu, fuivant la promeffe, felon l'ordre de Melchifedec, VII.12. plus ancien & plus excellent que l'ordic d'Aaron: d'où s'enfuit le changement de la loi céremoniale, fondée fur le facerdoce levitique: & l'établif VIII.6. fement d'une alliance plus parfaite, qui met les loix de Dieu dans l'efprit des fideles, & les écrit dans leur cœur, comme il l'avoit promis. Il monK. I. tre l'imperfection du tabernacle, des cérémonies de l'ancienne loi,& même des facrifices, qui n'étoient que des ombres de la verité: au lieu que Ix. 26. x. J.C. eft la vraye & unique victime, qui a effacé pour toûjours nos pechés; & fa mort eft le feul

12.

facrifice, qui n'a plus befoin d'être recommencé,
étant parfaitement fuffifant, pour reconcilier les
hommes avec Dieu. Il infifte enfuite fur la necef- *1.
fité de la foi raportant l'exemple de tous les
faints de l'ancien teftament, que la foi avoit ren-
dus tels. Voilà le fommaire de la doctrine de l'a
pôtre dans l'épître aux Hebreux.

A la fin il leur recommande de fe fouvenir de x11.7. leurs pasteurs défunts, d'imiter leur foi, & leur heureuse mort. De ne fe pas laiffer détourner par des doctrines diverfes & étrangeres. De fe fonder fur la grace, & non fur la diftinction des viandes, qui n'eft d'aucune utilité. Nous avons, ajoûte XII.Q. t-il, un autel, dont ceux qui fervent au tabernacle n'ont pas le pouvoir de manger. Car perfone Levit.xv1. ne mangeoit les victimes dont le fang étoit por-27. té dans le fanctuaire pour l'expiation des pechés:

Les chrétiens avoient donc dès lors un facrifice Heb. XIII. qui leur étoit propre; & dont la victime ne poù- 16. 17. voit être que le corps de J. C. Car nous le mangeons, quoi qu'il foit offert pour le peché. S. Paul recommande enfuite l'aumône, & l'obéiffance aux pafteurs. Aprés la conclufion de la lettre, font ces mots, qu'il femble avoir ajoûtés de fa main: Je vous prie, mes freres, fouffrés ces paroles dex111.22. confolation. Car je vous ay écrit en peu de mots: fachés que notre frere Timothée eft délivré. S'il vient bientôt, je vous verray avec lui. Salués de ma part tous vos pafteurs, & tous les faints. Les freres d'Italie vous falüent. La grace soit avec vous tous. Amen. Ce font principalement ces paroles qui font voir que l'épître eft de S. Paul. Il y foufcrit à fa maniere ordinaire. Il y nomme Timothée, le compagnon de fes voyages, & de fes travaux, qui étoit alors à Rome avec lui. Il marque l'interêt qu'il prend à la confervation de ce cher difciple. Au refte, les anciens ont remarqué, qu'au lieu que les Juifs dans leurs lettres ne fou-lik. 5.c. 5.

Tertul. cont. Mart.

haitoient que la paix, S. Paul fouhaitoit toûjours la grace aux fidelles: quoique quelquefois il Y joigne auffi la paix. Voilà ce que nous coroif fons du premier voyage de S. Paul à Rome, & de ce qu'il fit pendant les deux ans qu'il y demeura. Il alla enfuite en Espagne comme il avoit proClem. ad mis, & y prêcha l'évangile. On dit qu'il paffa Cor. Chryf, par les Gaules, & y laifla des evêques de fes difPaul. Cyr. ciples: Crefcent à Vienne, Paul à Narbonne, Catech. 17. Trophime à Arles: qui fut la fource d'où la foi Ado. Vien. Le répandit par toutes les Gaules. L'apôtre aprés Martyr.22. avoir vifité l'occident, retourna en Orient, & en Decemb. Afie.

erat.7. in

Mart. 29.

27. Jun.

de S. Jac

Feftus, gouverneur de Judée, étant mort, NeVIII. ron envoya Albin à fa place. Mais avant qu'il arMartyre rivât, le roi Agrippa dépofa le fouverain pontife ques evê- Jofeph Cabi: & mit à fa place Anne, ou Ananus que de Je- fils du premier Ananus fils de Jofeph, qui eft rufalem. Anne, célébre dans l'évangile. Les Juifs l'eftiEuf. Chr. moient le plus heureux de tous les hommes: Fof. xx. parce qu'aprés avoir joui long-temps de la digniAntiq.c.8.té de fouverain pontife, elle avoit paffé à fes cinq fils l'un aprés l'autre, fans compter Caïphe fon gendre: ce qui n'étoit encore jamais arrivé. Cet Ananus, le pere, avoit été fait pontife à la place de Joazar, par Quirinius gouverneur de Syrie: Antiq.c.3.& dépofé enfuite par Valerius Gratus, la premie

an. 57.

Jof.

XVIII.

6.7.

re année de Tibere: aprés avoir tenu cette place environ quinze ans. Son fils aîné Eleazar lui ibid.c.6. fucceda. Puis fon fecond fils Jonathas fucceda à Caïphe: fon troifiéme fils, nommé Theophile, fut auffi fouverain pontife: puis le quatrième, nommé Matthias: & enfin le cinquième, nommé Ananus comme le pere: Ce dernier étoit hardi & feroce : de la fecte des Saducéens, qui étoient les juges les plus feveres.

xix. Antiq.6.6.

Enf.11. Pendant qu'Albin étoit en chemin, il voulut kift.c.23. profiter de cet interregne, pour empêcher le pro

gres

grés de l'évangile. Et ayant affemblé le Sanedrin, Hier.fcript. il y fit amener S. Jaques parent de J. C. & évê- Jo. xx. que de Jerufalem. Car c'étoit contre lui que tou- Antiq. c.8 te la mauvaise volonté des Juifs s'étoit tournée: voyant que S. Paul leur avoit échapé, & étoit allé à Rome. Mais S. Jaques étoit refpecté de Hegefip.ap. tout le peuple, à caufe de fa vertu : qui l'avoit f. 11. fait furnommer le Jufte, & en hebreu Oblia,

c'eft

à dire le foutien du peuple, ou plûtôt Ophlia, la fortereffe de Dieu. Ils firent donc femblant de le confulter, & lui demanderent quelle étoit la. porte de JESUS? c'eft à dire l'introduction à fa doctrine. Il répondit, que Jesus étoit le Sauveur: & quelques-uns crurent fur fon témoignage. C'étoit le temps de la fête de pâques, & il y avoit une grande affemblée de peuple à Jerufalem. Les Juifs dirent à S. Jaques: Il faut que tu defabufes tout ce peuple qui fuit JESUS; car tous te reconnoiffent pour un homme juste, & qui n'a point d'égard aux perfones: tous croiront ton témoignage. Monte donc fur la terraffe du temple, afin que le peuple t'entende facilement.

Aprés qu'il y fut monté, les fcribes & les pharifiens commencerent à lui crier: O jufte, que nous devons tous croire, puifque le peuple s'égare en fuivant JESUS crucifié, montre-nous quelle eft la porte de JESUS. S. Jaques répondit à haute voix: Pourquoi m'interroges-vous fur JESUS le fils de l'homme? Il eft affis au ciel, & à la droite de la grande vertu de Dieu, & viendra dans les nuées du ciel. Plufieurs le crurent, & commencerent à louer Dieu, en difant: Hofanna au fils de David. Mais les fcribes, & les pharifiens dirent entr'eux: Nous avons mal fait d'attirer ce témoignage à JESUS. Il faut précipiter cet homme. Ils s'écrierent: Oôle Jufte même s'eft égaré. Et étant montés, ils le précipiterent du haut de la terraffe du temple, en difant: Ille faut laTom. I.

G

p

hift. 23.1

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