Imágenes de páginas
PDF
EPUB

adverfaires les plus zèlés, fi on n'y lifoit en même tems que cet illuftre infortuné eut pour protecteur & pour ami, Pierre le Vénérable, Abbé de Cluny, qui prit hautement fa défense, confondit fes ennemis avec autant d'éloquence que de courage, justifia Abailard auprès du Pape Innocent II, & parvint enfin à le reconcilier avec Saint Bernard.

Je te quittois. Dien même avoit

[blocks in formation]

Je me domois à lui, quand j'étois toute à toi .

LET TRE

A MOURE U SE

D'HEL OÏSE

A

A BAIL A R D.

Héloïfe eft fuppofée dans fa Cellule, occupée à lire

DANS

une Lettre d'Abailard.

ANS ces lieux habités par la fimple innocence, Où regne, avec la paix, un éternel filence,

Où les cœurs affervis à de févéres loix,

Vertueux par devoir, le font auffi par choix;
Quelle tempête affreuse, à mon repos fatale,
S'éleve dans les fens d'une foible Veftale?
De mes feux mal éteints qui ranime l'ardeur ?
Amour, cruel Amour, renais-tu dans mon cœur ?
Hélas! je me trompois; j'aime, je brûle encore.
O nom cher & fatal! Abailard!.. je t'adore.

Cette Lettre, ces traits à mes yeux

fi connus,

Je les baife cent fois, cent fois je les ai lus:
De fa bouche amoureuse Héloïfe les preffe.

Abailard! cher Amant!.. mais quelle eft ma foibleffe?
Quel nom, dans ma retraite, ofé-je prononcer?
Ma main l'écrit... Eh bien ! mes pleurs vont l'effacer.
Dieu terrible, pardonne; Héloïfe foupire:

Au plus cher des Epoux tu lui défends d'écrire ;
A tes ordres cruels Héloïfe foufcrit...

Que dis-je ? mon cœur dicte... & ma plume obéit.
Prifons, où la vertu, volontaire victime,
Gémit & fe repent, quoiqu'exempte de crime;
Où l'homme, de fon être imprudent deftructeur,
Ne jette vers le Ciel que des cris de douleur ;
Marbres inanimés, & vous, froides reliques,

[ocr errors]

Que nous ornons de fleurs, qu'honorent nos cantiques
Quand j'adore Abailard, quand il est mon Epoux,
Que ne fuis-je infenfible & froide comme vous !
Mon Dieu m'appelle en vain du trône de fa gloire ;
Je céde à la nature une indigne victoire.

Les cilices, les fers, les prióres, les vœux,
Tout eft vain; & mes pleurs n'éteignent point mes feux.
Au moment où j'ai lû ces triftes caractères,
Descnnuis de ton cœur fecrets dépofitaires,

« AnteriorContinuar »