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AVERTISSEMENT.

Ꭰ DEs indifpofitions trop multipliées ne m'ont laiffé, depuis long-tenis, que de courts intervalles à donner aux Lettres & à mon goût pour la Poéfie. Il a fallu me faire un fimple amufement de ce qui auroit dû être une occupation férieufe & fuivie : aufli le peu d'ouvrages que j'ai publiés, présente plutôt les jeux de l'efprit que les fruits pénibles du travail. Celui que je donne aujourd'hui n'a pas plus d'étendue ni plus d'importance. Si la couleur, le ftyle Poétique, quelques idées & quelques détails m'appartiennent, j'en ai pris le fond, l'enfemble & le deffin dans un morceau de Profe de M. de Querlon.

Si l'on m'objectoit qu'il vaudroit mieux me renfermer dans un filence abfolu, que de mettre fous la preffe quelques feuilles fugitives, inutiles à ma gloire & qui n'ajoutent rien à mes titres littéraires ; je répondrai que ces productions, quelque foibles qu'elles foient, ne m'en paroiffent pas moins agréablement reçues du Public qui les recherche, avec un empreffement marqué; que n'ayant pû, jufqu'ici,

fatisfaire le defir qu'il daigne me montrer d'avoir de moi des ouvrages plus effentiels, je lui dois, du moins, des preuves de mes efforts, & de l'envie que j'ai de mériter fon eftime.

Voilà la feule réponse que je ferai à ces Détracteurs qui circulent dans les Sociétés, y rabaiffent gratuitement les fuccès d'un homme de Lettres dont ils n'ont point à fe plaindre, & dont les prétentions très-bornées ne nuifent à perfonne. Contraint par fes indifpofitions de vivre ifolé, il ne peut oppofer à leur dénigrement que les fuffrages de la multitude & de ces Lecteurs dépouillés de prévention, dont les jugemens font toujours le réfultat fimple & impartial du plaifir que nos écrits ont pû leur procurer. Au furplus, j'aime mieux n'avoir fait & ne faire encore qu'un petit nombre de vers qui foient lûs, que l'on puiffe relire fans ennui & que l'on cite quelquefois, que d'en avoir fait un plus grand nombre qu'on ne liroit point.

La Poélie defcriptive, tombée parmi nous dans le plus grand difcrédit, par l'incorrection, la rudeffe & le peu d'élégance de nos anciens Verfificateurs femble aujourd'hui reprendre une faveur nouvelle.

Les traductions de différens Poëmes Allemands, & celle des Saifons de Tompfon, ont rappellé tous les regards vers cette fource de beautés trop long-temps négligées. Bientôt, des mains habiles ont fû les mettre à profit; mais avec cette fage économie & cette fineffe de goût qui rejettent les détails trop minutieux, dont l'abondance de nos voifins furcharge quelquefois leurs descriptions. M. Dorat a donné la plus agréable imitation du Poëme de Sélim & Sélima, qui se rapproche du mien par quelques circonstances. Cet ouvrage a fait le plus grand plaifir : c'eft, d'ailleurs un des premiers de ce genre. Ce n'est point par concurrence que j'ai traité un fujet à peu près femblable: l'amitié, qui nous lie, n'admet n'admet que l'émulation. M. l'Abbé de Lille a lû aux dernieres féances de l'Académie Françoife un Poëme charmant, fur Ja maniere de peindre & de chanter les beautés de la campagne : il y donne, en grand maître, le précepte S l'exemple. J'ai entendu, dans la fociété, plufieurs Chants d'un autre Poëme non fini (a), où les grandes

(a) LES Mois, Poëme en douze Chants, par M. Roucher Iva paroître inceffamment.

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