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Dans les bras du fommeil endormoit ma douleur,
J'efpérois fléchir ta rigueur;

Et ton Amant, plein d'amour & de flamme,
Précipitoit l'inftant de fon bonheur:

Je t'ai vaincue; & mon âme ravie S'enyvroit doucement au fein des voluptés: Je puifois le plaifir aux fources de la vie, Mes baifers, par leur nombre, égaloient tes beautés.., Hélas! de quels regrets mon erreur eft fuivie!

Les defirs feuls me font reftés:

N'en doute point; je les reffens encore.
Je ne puis te tromper, je ne puis confentir
A condamner mes feux, à feindre un repentir
Que je n'ai point... puifqu'enfin je t'adore...

Je le vois, je t'offenfe, & l'outrage eft réel,
Ton courroux même eft légitime;
Mais pren pitié d'un Amant malheureux.
Telle eft l'ardeur du tranfport qui m'anime,
Que je voudrois ( bien plus audacieux)
Mourir entre tes bras, pour expier mon crime.

Ne me dis point que ces emportemens
Annoncent le mépris & le défaut d'eftime:

Non, pour toi, dans mon cœur né tendre & magnanime, L'eftime eft le premier de tous mes fentimens... Juges-cn & connois à quel excès je t'aime :

Oui ; malgré mes transports, mes regrets, mes defirs, Explique-moi ta volonté fuprême;

Permets ou défends les plaifirs,

(Contre tes loix, je n'ai que mes foupirs) Va; je t'obéirai... fût-ce contre moi-même.

BULLETIN

DE

MA

SANTÉ.

Au fond de mon alcove, aveugle, renfermé,

U

J'attends, pour aller voir les moitiés les pius chères,

Que de mes yeux le fanal rallumé,

Me rende, enfin, fes clartés ordinaires.
Tout rentrera bientôt dans l'ordre accoutumné:
Je fens déjà que de chaque paupière
L'épiderme moins enflammé

Ceffe de fe gonfler autour de ma vifière;
Un voile moins épais couvre mon cristallin;
L'objet que j'envisage a des couleurs plus nettes:
J'efpère, en un mot, que demain

Je pourrai vous voir fans lunettes.

Si j'en croyois & mon cœur & mes vœux,
Je partirois à l'inftant même ;

Mais la prudence dit: » atten, tu feras mieux:

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VERS

Pour mettre au bas d'une ftatue de marbre, repréfentant la Volupté, fous la figure d'une Femme couckée & qui femble endormie.

COMME un éclair, naît & meurt le plaifir :

Son feu follet à peine nous enflamme,
Qu'il s'évapore & détruit le defir.

Je ne fais quoi lui furvit dans notre âme :
C'eft un repos voluptueux, charmant,
C'eft le bonheur goûté dans le filence;
C'eft des efprits un doux recueillement :
Après les fens, c'est l'âme en jouiffance.
Confidérez cette jeune Beauté:

L'œil entr'ouvert, la bouche demi-clofe,
Rêveufe au fein de la tranquillité;
Dormiroit-elle ? oh non! elle repofe:

Paifiblement fon cœur eft agité,

Il eft émû; devinez-en la cause.

Combien de cœurs ont ainfi palpité!

Figurez-vous, pour mieux peindre la chofe,

L'Amour tranquille, après l'activité
D'un plaifir vif, nouvellement goûté,
Se repofant fur des feuilles de rofe:
Ce repos là fe nomme Volupté.

L'art du cifeau, dans ce marbre, en expose
Le charme heureux, dans un fimple portrait.
Moi, j'ai vu plus; dire où... comment... je n'ofe:
Amour le fait; je l'ai mis du fecret.

Sur un Portrait à la Silhouette qui n'étoit pas refemblant.

Si de V*** ici j'ai mal rendu les traits,

Pourquoi gronder? pourquoi cette humeur fombre? Peut-on faire d'heureux portraits,

Quand la Beauté ne prête que fon ombre?

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