Dans les bras du fommeil endormoit ma douleur, Et ton Amant, plein d'amour & de flamme, Je t'ai vaincue; & mon âme ravie S'enyvroit doucement au fein des voluptés: Je puifois le plaifir aux fources de la vie, Mes baifers, par leur nombre, égaloient tes beautés.., Hélas! de quels regrets mon erreur eft fuivie! Les defirs feuls me font reftés: N'en doute point; je les reffens encore. Je le vois, je t'offenfe, & l'outrage eft réel, Ne me dis point que ces emportemens Non, pour toi, dans mon cœur né tendre & magnanime, L'eftime eft le premier de tous mes fentimens... Juges-cn & connois à quel excès je t'aime : Oui ; malgré mes transports, mes regrets, mes defirs, Explique-moi ta volonté fuprême; Permets ou défends les plaifirs, (Contre tes loix, je n'ai que mes foupirs) Va; je t'obéirai... fût-ce contre moi-même. BULLETIN DE MA SANTÉ. Au fond de mon alcove, aveugle, renfermé, U J'attends, pour aller voir les moitiés les pius chères, Que de mes yeux le fanal rallumé, Me rende, enfin, fes clartés ordinaires. Ceffe de fe gonfler autour de ma vifière; Je pourrai vous voir fans lunettes. Si j'en croyois & mon cœur & mes vœux, Mais la prudence dit: » atten, tu feras mieux: VERS Pour mettre au bas d'une ftatue de marbre, repréfentant la Volupté, fous la figure d'une Femme couckée & qui femble endormie. COMME un éclair, naît & meurt le plaifir : Son feu follet à peine nous enflamme, Je ne fais quoi lui furvit dans notre âme : L'œil entr'ouvert, la bouche demi-clofe, Paifiblement fon cœur eft agité, Il eft émû; devinez-en la cause. Combien de cœurs ont ainfi palpité! Figurez-vous, pour mieux peindre la chofe, L'Amour tranquille, après l'activité L'art du cifeau, dans ce marbre, en expose Sur un Portrait à la Silhouette qui n'étoit pas refemblant. Si de V*** ici j'ai mal rendu les traits, Pourquoi gronder? pourquoi cette humeur fombre? Peut-on faire d'heureux portraits, Quand la Beauté ne prête que fon ombre? |