ÉPITRE AU BARON DE W** OUI, le plus charmant des Barons, Nous avons vû, dans tes miffives, Ton cœur revole vers nos rives. Errant & toujours incertain Sur le vafte Océan du monde, Me laiffe dans le petit coin, Qu'elle a marqué pour mon théâtre. J'y refte en fuis-je moins heureux ? Te fouvient-il de la foirée, J'ofai prophétifer l'ennui Qui te fait languir aujourd'hui, Dans l'éclat d'un rang tyrannique. (*) C'est le nom qu'on a donné dans l'Antiquité à différens Peu ples, dont toute la vie & l'occupation étoient de faire paître leurs troupeaux; & qui not vient du Grec vouàs n'avoient point de demeure fixe. Ce ádos; in pafcuis degens. Toi, t'enfoncer dans les détours, D'une fcène obfcure & privée Qui te rend aujourd'hui fi grave. Malheureux! tu veux faire un Roi? Mais, en es-tu moins un Efclave? Avec fa lime bienfaisante, Brife de ta captivité La chaîne honorable & pefante; Revien, dans notre Comité, Auffi pure qu'indépendante. Je ne fuis qu'un des nourriffons A qui les Mufes, dans leur Temple, Donnent quelquefois des leçons; Mais au plus chéri des Barons. J'ofe me citer pour exemple. Dans des effais affez brillans, Je fçus captiver le fuffrage De ces petits, qu'on nomme Grands: Et Et je fus fier à mes dépens. Et le complaifant de ses vices? Et je vis pour mon propre compte. Tome II. |