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A TO I.

Nulla poteft mulier tantùm fe dicere amatam
Verè, quantùm à me Lesbia, amata mea es.

Catul. 86.

QUITTE

I V.

UITTEZ, Amours,quittez vos demeures tranquilles*: Il eft des lieux plus beaux, de plus charmans azyles. Doux enfans du Plaifir & de la Volupté,

Volez vers le féjour par Zelmire habité:

Dans fes bras, à fes pieds, que ne puis-je vous fuivre!
Volez; c'est parmi vous que Zelmire doit vivre,
Vous ferez mes rivaux, fans me rendre jaloux :
Par qui ferois-je mieux remplacé que par vous?
Vous me rappellerez au tendre objet qui m'aime :
L'Amour confolateur n'eft que l'Amant lui-même.
Allez donc; de Zelmire environnez les pas:
Dreffcz, fur la verdure, un trône à ses appas.
Zelmire aime les prés, les routes folitaires,
Le toît d'un verd feuillage, & fes ombres légeres...

Cette piéce a été imprimée dans l'Almanach des Mufes (1768, page 8) mais l'Auteur y a fait quelques changemens,

Écoutez: fi Zelmire, affife fur des fleurs,

Du Midi dévorant évitant les chaleurs,

Se préfente à vos yeux fous un berceau champêtre, Penfant à moi, rêveufe, & m'appellant peut-être; Que l'un de vous, alors, le plus vrai des Amours, Déguifé fous mes traits, lui tienne ce difcours: C'eft ton Amant, c'est moi: j'ai franchi l'intervalle Que met entre nous deux ton abfence fatale;

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Je viens jurer des feux qui ne mourront jamais:
Chere Zelmire, entends les fermens que je fais

Le Ciel n'a pas toujours garanti du parjure;

J'aime mieux attefter Zelmire & la Nature: ,, La Nature eft fi belle, & fi belle par toi!

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Je la prends toute entière à témoin de ma foi.

Que les tendres Oifeaux, mourans fous ces ombrages,
Changent en cris plaintifs leurs amoureux ramages;

Que la vigne & l'ormeau l'un à l'autre attachés,
Séparés déformais, languiffent defléchés ;
Que les pleurs de l'Aurore & la fraîche rofée
N'hume&tent plus le fein de la terre épuifée;
Que les gazons, couverts par d'éternels frimats,
Ceffent de s'émailler, de fleurir fous mes pas;
Qu'au lieu des doux parfums,dont l'Abeille compofe
Son nectar, exprimé du lys & de la rose,

,, Les fleurs n'exhalent plus, fous ces bofquets obfcurs,

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Qu'une odeur importune & des poifons impurs;

Que l'onde des ruiffeaux, que celle des fontaines, Que l'ombre des vallons, que les tréfors des plaines;

Que tout rentre, en un mot, dans l'éternel cahos,

,, Si mon cœur, loin de toi, goûte quelque repos.

دو

Amours, charmans Amours, joignez à mes promeffes Le gage des baifers & le feu des careffes.

Appellez les Plaifirs pour fceller mes fermens.
N'oubliez pas, fur-tout, mes tendres fentimens;
Ils font faits pour fon cœur, pour le cœur que j'adore.
Vous, mes Dicux & les fiens, fouvenez-vous encore
De couronner fon front, d'y former mille noeuds;
Que le myrte treflé s'uniffe à fes cheveux.
Il m'en fouvient; Zelmire aime cette parure:
Une rofe, un bouton, des feuilles de verdure
Se mêlerent fouvent à l'éclat de fon tein.
Placez encor, placez quelques fleurs fur fon fein;
Mais, en rendant ces foins, confervez mon image,
Que je femble à fes yeux l'auteur de chaque hommage:
C'eft à vous de lui plaire ; à moi feul de l'aimer.

Volcz, Amours!... fon coeur faura bien me nommer.

É TRENNES

Α ΤΟΙ(*).

Hanc, vos Pierides, feftis cantate Calendis...

Hoc folemne facrum multos celebretur in annos:

Dignior eft veftro nulla puella choro.

རྒྱལ་
V.

Tibul. L. IV. 3.

Tu connois tous les vœux que mon cœur peut former:

Il en eft un, fur-tout, (& l'Amour me l'infpire)
C'eft de renouveller dans l'âme de Zelmire
Ce fentiment fi cher, ce plaifir de m'aimer,
Que le Tems a fait naître...hélas, qu'il peut détruire!
Eh! qui ne fait pas que le Tems,

Pere dénaturé, dévore fes enfans?
Un nouvel An commence fa carrière.
Combien d'Amans, dont les Amours
De l'autre année ont embelli le cours,
Sentent mourir le feu de leur ardeur première !

(*) Cette Piece a été imprimée dans l'Almanach des Mufes ( Année 1773, page 64, ) sous le titre d'Étrennes à Delphire.

Ils ont paffe leurs plus beaux jours.

On fent un vuide affreux dans fon âme étonnée;
Le nœud, qui nous fut cher, nous gêne & nous déplait:
Le plus fouvent, la bonne Année

Eft celle qui finit, & non celle qui naît.
Si tu le veux, nous irons à Cithère,
Paffer bail, par-devant l'Amour,
'D'aimer toujours, & de toujours nous plaire.
Zelmire, avons-nous en ce jour,

De plus doux fermens à nous faire ?

Vien: file Dieu nous demande un falaire,
(Le bail figné par nous, & figné fans retour)

Par un baifer tu paîras le Notaire.

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