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QUE

IMITATION.

UE mon cœur eft jaloux du lever de l'Aurore! Que fon réveil eft heureux & brillant! Elle jouit des fleurs qu'elle colore:

Son œil voit tout dans un moment.

Verrai-je auffi le Berger qui m'adore ?

Flambeau du jour, montrez-moi mon Amant!

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Heureux Zéphirs! la fleur à peine éclofe

Ouvre pour vous fon fein frais & charmant:

Vous careffez l'œillet avec la rofe.

Mirtil n'eft pas moins careffant;
Mais à nos feux un furveillant s'oppose.
Zéphirs, vers moi, tranfportez mon Amant,

Je veux du Roffignol furpaffer le ramage.

Qu'on vante moins la douceur de fon chant:
Je chante mieux, j'aime auffi davantage,

Ma voix rend un fon plus touchant:
Le tendre A mour me prête fon langage;

Oifeaux, cèdez: je chante mon Amant,

A MES SERIN S.

VOUS

OUS vous aimicz, mes aimables Serins! Témoin de vos tendres carcffes, J'applaudiffois à vos heureux deftins; Et j'ai fouvent envié vos foibleffes. Jeunes Époux, libres dans vos baisers, Vous puifiez le bonheur au fein de la Nature... Il n'eft donc point, hélas! de félicité pure! Point d'amours & de biens qui ne foient paffagers! Mon cher Serin, ô toi qui, près de ton Amante, Veillois à fes befoins, veillois à fes plaifirs; Toi, dont l'ardeur active & diligente Sçavoit répondre à fes moindres defirs; Mon cher Serin, tu meurs; & la Parque févère

Tranche tes jours, dans ces mêmes momens, Dans ces momens fi chers aux Époux, aux Amans, Où tu goûtois le plaifir d'être Pere;

Où, par des foins & des devoirs charmans,
Tu foulageois les travaux de la Mere!
O Mort! affreuse Mort! ainfi donc ta fureur
Marque notre heure infortunée,

Dans les inftans confacrés au bonheur.
Au fein des voluptés, au fein de l'hyménée ?
O toi! qui maintenant gémis de tes amours,
Toi, du plus tendre Époux l'Épouse malheureuse,
Pourquoi de tes funeftes jours

Prolonger déformais la durée odieufe?

Je t'entends; & tu veux par tes embraffemens,
Dans ces germes glacés porter le feu de l'être;
Tu veux ranimer tes enfans.

Épargne leur plutôt, par des foins plus preffans
La douleur de fentir & le malheur de naître :
Ces deux Infortunés éprouveroient, peut-être,
Et tes plaifirs amers, & tes chagrins cuifans;
Qu'ils périffent. Et toi, digne & fidèle Épouse,
Suis au tombeau ton Époux malheureux.

Déjà fon ombre inquiète & jaloufe
T'appelle, par fes cris, au féjour ténébreux.

Songe que, pour des cœurs que la tendreffe affemble,
Après le doux plaifir de vivre & de s'aimer,
Il n'en eft point qui doive plus charmer
Que celui de fouffrir & d'expirer ensemble.

STANCES

A ROSINE.

ADORABLE Rofine,

DORABLE Rofine, il eft vrai; l'autre jour,

Dans je ne fçais quel trouble, où l'âme s'abandonne, Preffé par le defir, égaré par l'amour,

En te ferrant la main, je t'ai dit: Ah ma Bonne!

Ce feul mot t'exprimoit les plus vifs fentimens; Je l'ai dit d'après toi: d'où vient donc qu'il t'étonne ? N'en doute pas, Rofine; il eft mille momens Où, cent fois mieux encor, je dirois: Ah, ma Bonne!

Si, lorfque mes regards s'arrêtent fur les tiens, Tes yeux me promettoient tout ce que l'Amour donne; S'ils peignoient des defirs favorables aux miens, Dans quel raviffement je dirois: Ah, ma Bonne!

Si ta bouche charmante, au lieu de m'accufer, Me pardonnant l'aveu qu'une Amante pardonne,

Confondoit nos deux cœurs dans le feu d'un baifer; Combien je te dirois : Ah, ma Bonne! ah, ma Bonne!

Si d'un voile inutile écartant les replis,
Je careffois ton fein où la rose boutonne
Et mêle fon éclat à deux touffes de lys,
Dans quelle émotion te dirois-je : Ah! ma Bonne!

Enfin, fi dans tes bras épuisant le defir, De l'amour fatisfait j'obtenois la couronne, Et bûvois avec toi la coupe des plaifirs; Tous mes fens à la fois te diroient: Ah, ma Bonne!

Que tu me verrois fier de t'être ainfi lié!
Mais le feul fentiment que mon cœur te foupçonne
Eft ou l'indifférence, ou la fimple amitié.

Hélas! fans être heureux, comment dire: Ah, ma Bonne!

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