Qui, fous les drapeaux de Cythère, Ces faux Titons, ces froids Amans, Sentoient leurs maux, grondoient leurs gens; Et, ne pouvans plus fe diftraire, Dans un filence atrabilaire, Comptoient le nombre de leurs ans. Loin de Sceaux, où régnoit du Maine, Loin des foupers du Grand Prieur, Dans leur petit intérieur, Goutte, fciatique, ou migraine Le plaifir trompe la douleur Et le fentiment y ramène. Mais vous, Abbé, par quel chagrin Et là, fa Muse appefantie Des Céfars pleura le courroux : Que fa Mufe élégante & libre Il ne fut point le vil flatteur Sur cc, Monfieur le Grand Vicaire, Si vous êtes libre d'affaire, Prenez votre effor vers ces lieux: 1 Vous verrez encore, à nos treilles, Et laiffez les Vicillards fe plaindre. VERS A MADEMOISELLE Pour le jour de fa Féte. ERS les antres du Nord l'Hyver fuit en courroux; Er déjà le Soleil lance un rayon plus doux: Sur fon humble buiffon la rofe renaiffante Développe l'éclat de fa pourpre brillante; Et le Dieu du Printems, aux portes du matin ? Vient fourire à la Terre, & parfumer son sein. Vous ajoûtez un charme à de fi doux inftans: Elle me plaît par vous, & m'en plaît d'avantage, Leur fraîcheur, leur émail n'eût point tenté ma main. Elles ont plus d'éclat, quand l'amour les moiffonne : Heureux qui les reçoit! plus heureux qui les donne! Mais plaignons le Mortel qui, feul dans fon ennui, Va cueillir une fleur & la garde pour lui. A M. D'ESPAGNA C. UI, d'Espagnac, fois fier des bienfaits de ton Roi: L'orgueil fied à la gloire & s'ennoblit chez toi. Aux honneurs de Chevert ton fouverain te nomme; Il eft beau d'hériter des titres d'un Grand homme! Et pourquoi feindrois-tu d'en ignorer le prix ? Regarde ces foldats mutilés, ou meurtris, Ces reftes de Héros, échappés à la guerre, Ces braves Vétérans, tous frappés du tonnerre: Quelle joye éclaircit leurs fronts cicatrifes Et ranime ces corps de fatigue épuifés? Ils ont vû, fur ton fein, la pourpre militaire. La gloire de leur chef les flatte & leur eft chere: C'est un nouveau laurier que leur main croit cueillir; Et leur cœur fatisfait s'en laiffe enorgueillir. Ce Peuple de vainqueurs, cette antique Milice Aime à voir honorer l'Ami du grand Maurice. Sous ce brave Saxon tu combattis comme eux : Il leur apprit à vaincre, & tu les rends heureux. * |