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Qui, fous les drapeaux de Cythère,
Alloient encore, en cheveux blancs,
Folâtrer aux foupers des Grands,
Flatter les Belles & leur plaire;

Ces faux Titons, ces froids Amans,
Rendus fous leur toît folitaire,

Sentoient leurs maux, grondoient leurs gens;

Et, ne pouvans plus fe diftraire,

Dans un filence atrabilaire,

Comptoient le nombre de leurs ans.

Loin de Sceaux, où régnoit du Maine,

Loin des foupers du Grand Prieur,

Dans leur petit intérieur,

Goutte, fciatique, ou migraine
Venoient affliger le rieur.

Le plaifir trompe la douleur

Et le fentiment y ramène.

Mais vous, Abbé, par quel chagrin
Prétendez vous flétrir les roses,
Qu'Amour mit fur le front divin.
De l'Auteur des Métamorphofes ?
Qui peut exciter vos dégoûts?
Qvide fut trifte en Scythie;

Et là, fa Muse appefantie

Des Céfars pleura le courroux :
Mais que, fur les rives du Tibre,
Ses fons étoient mélodieux!

Que fa Mufe élégante & libre
Chanta bien les amours des Dieux!
Il faut encor qu'on l'apprécie
Par la nobleffe de fon cœur:
Son ambition, sa folie,
Fut d'être l'heureux féducteur,
L'Amant adoré de Julie.

Il ne fut point le vil flatteur
D'Ocave, ce triomphateur
Dont le char foula l'Italie.
Le prix que vous lui dérobez
Eft mérité par fes ouvrages:
Ses écrits (quoique prohibés)
Seront relûs dans tous les âges
Et par les fous & par les fages;
Je crois même, par les Abbés.

Sur cc, Monfieur le Grand Vicaire,
Recevez mes tendres adieux.

Si vous êtes libre d'affaire,

Prenez votre effor vers ces lieux:

1

Vous verrez encore, à nos treilles,
Quelques mufcats bien parfumés;
Et nous chargerons nos corbeilles
De ces beaux fruits que vous aimez.
Avant que l'âge vienne éteindre
Le feu de vos fens émouffés,
Vivez fatisfait, jouiffés;

Et laiffez les Vicillards fe plaindre.

VERS

A MADEMOISELLE

Pour le jour de fa Féte.

ERS les antres du Nord l'Hyver fuit en courroux; Er déjà le Soleil lance un rayon plus doux: Sur fon humble buiffon la rofe renaiffante Développe l'éclat de fa pourpre brillante;

Et le Dieu du Printems, aux portes du matin

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?

Vient fourire à la Terre, & parfumer son sein.
Eglé, dans ces beaux jours, que la Nature eft belle!
Vous lui prêtez encore une grâce nouvelle

Vous ajoûtez un charme à de fi doux inftans:
Le jour de votre fête eft un jour de Printems.
Eh! qu'importe, en effet, lorfque rien ne nous lie,
Que la Nature expire, ou renaiffe embellie?
Il faut qu'un intérêt plus vivement fenti
Ouvre, fur fes beautés, notre œil appesanti:
Il faut que l'amitié, peut-être l'amour même...
Que fais-je ? rien n'eft beau qu'autant que le cœur aime,
Nos paffions, nos goûts font l'âme de nos fens;
Et la Nature échappe aux yeux indifférens.

Elle me plaît par vous, & m'en plaît d'avantage,
Eglé; j'aime les fleurs dont je vous fais hommage:
Sans le tendre intérêt d'en parer votre sein,

Leur fraîcheur, leur émail n'eût point tenté ma main. Elles ont plus d'éclat, quand l'amour les moiffonne : Heureux qui les reçoit! plus heureux qui les donne! Mais plaignons le Mortel qui, feul dans fon ennui, Va cueillir une fleur & la garde pour lui.

A M. D'ESPAGNA C.

UI, d'Espagnac, fois fier des bienfaits de ton Roi: L'orgueil fied à la gloire & s'ennoblit chez toi. Aux honneurs de Chevert ton fouverain te nomme; Il eft beau d'hériter des titres d'un Grand homme! Et pourquoi feindrois-tu d'en ignorer le prix ? Regarde ces foldats mutilés, ou meurtris, Ces reftes de Héros, échappés à la guerre, Ces braves Vétérans, tous frappés du tonnerre: Quelle joye éclaircit leurs fronts cicatrifes Et ranime ces corps de fatigue épuifés? Ils ont vû, fur ton fein, la pourpre militaire. La gloire de leur chef les flatte & leur eft chere: C'est un nouveau laurier que leur main croit cueillir; Et leur cœur fatisfait s'en laiffe enorgueillir. Ce Peuple de vainqueurs, cette antique Milice Aime à voir honorer l'Ami du grand Maurice. Sous ce brave Saxon tu combattis comme eux : Il leur apprit à vaincre, & tu les rends heureux.

*

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