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Cette âme qui s'ouvrit aux foins de la pitié,
Signala fa clémence, & connut l'amitié.

Ainfi, lorfqu'à travers les bifarres contrafiesDes regnes différens confacrés dans nos Faftes, On a vû des CLOVIS, des CAPETS, des VALOIS La race s'avilir fous la pourpre des Rois:

On

y
voit les BOURBONS, s'illuftrans d'âge en âge,
Des vertus de HENRI faire entr'eux le partage.
Toi, fon digne neveu, Tu vas les réunir;
Tu vas nous rappeller fon brillant fouvenir,
Et, par notre bonheur, tes fuccès & ton zèle,
Faire revivre en Toi tous les traits du modèle.
Grand Dieu, veille fur lui; veille fur fes beaux jours!
De fon regne naiffant protége l'heureux cours!
Etre éternel, diffipe & fini nos allarmes !

Nos yeux n'ont-ils donc pas affez verfé de larmes ?
Loin des jeunes BOURBONS, des Épouses, des Sœurs,
D'un poifon trop fatal détourne les vapeurs :
Qu'il refpecte l'éclat d'une Reine adorée!
Les Rois font ton image, & leur tête eft facrée.
Au pied de tes Autels, tout un Peuple à genoux
Ne peut-il défarmer & fléchir ton courroux ?
Dieu terrible, rend nous nos auguftes Princeffes!
Ah! quel prix douloureux ont reçu leurs tendreffes?

De leurs jours menacés rallume le flambeau.
Quoi, leurs foins pour un Pere ouvriroient leur tombeau?
Ce n'eft pas à l'amour à frapper des victimes.
Grand Dicu, cède à nos pleurs, à nos vœux unanimes,
Et, s'il faut que ton bras porte de nouveaux coups,
Que ta foudre, en grondant, ne tombe que fur nous!

VERS

PRÉSENTÉS A LA R INE, Par les Enfans Trouvés de l'Hôpital de Rheims,

REINE! ô vous, l'efpoir des cœurs infortunés, Sur d'obfcurs Orphelins daignez jetter la vue: Leur enfance plaintive & d'appui dépourvue Couloit de triftes jours, aux pleurs abandonnés. Le toît Hofpitalier que leur malheur réclame N'adoucit leur mifere & leurs maux qu'à moitié: Ils embraffent ici l'Autel de la Pitié;

Mais leur plus für azyle eft au fond de votre âme.

ODE

A MONSIEUR

D'AGUESSEAU DE FRESNE,

A VOCAT GÉNÉRAL,

Sur fa convalefcence, en Novembre 1774.

DIGNE

IGNE rejetton d'un grand Homme,

Que doit envier à nos Lys

Le Barreau d'Athène & de Rome;
DE FRESNE, eft-il bien vrai? tu vis!
Tu vis; & de fes voiles fombres
Épaississant en vain les ombres,
La Mort n'a pû fermer tes yeux!
Ils ont revû briller l'Aurore;
Et vers le Temple d'Epidaure
Tu vas marcher victorieux.

Il eft une horrible Gorgone,
Le fléau, l'effroi des Humains:
Un affreux ferpent l'environne;
Un noir flambeau brûle en fes mains
Sa fureur lance le reptile;
Et du froid poison qu'il distile,
Il glace, il cngourdit nos fens.
Bientôt, par des effets contraires,

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Sa torche allume, en nos artères,

Des feux fans ceffe renaiffans.

Tes maux, dans leur marche inégale, Changeoient de moment en moment; Leurs cours marquoit chaque intervalle Par l'horreur d'un nouveau tourment. En proye à ce double fupplice, Tu penchois vers le précipice, Où fe termine notre sort`; Et dans ces cruclles allarmes, Déjà nos yeux verfoient les larmes Dont nous euffions pleuré ta mort.

Telle une fleur prématurée
Tombe, victime tour-à-tour
Du fouffle glacé de Borée,

Et des feux de l'Aftre du Jour.
L'un de fon halcine fatale

La frappe à l'aube matinale,
La décolore, & la flétrit;
L'autre, dans fon midi funefte
Du haut de la voúte célefte
L'embrâfe: elle brûle, & périt.

Ainfi de tes jeunes années
S'évanouiffoient les beaux jours;
Et de tes nobles destinées

La Mort interrompoit le cours.
Pendant ces heures effrayantes,
Que n'as-tu vû nos mains tremblantes
Preffer nos fronts appesantis!

Hélas! dans ton état horrible,
Tes maux te trouvoient infenfible!

C'eft nous qui les avons fentis.

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