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Heureufe, fi bien-tôt, par des nœuds éternels,
Il unit nos deftins au pied de fes Autels!
Trop heureuse, en un mot, fi, par l'Amour conduite,
Ta main, fur les débris de Solyme détruite,
Daigne ceindre mon front du bandeau nuptial;
Si, quittant à jamais un féjour trop fatal,
Tu me fais voir au Tibre, ébloui de ta gloire,
Affife à tes côtés fur ton char de victoire !
J'ofe exiger ce gage & ce prix de ta foi.

Je pars,
dans cet efpoir, pour me rejoindre à toi ;
Et, quel que foit le fort qui m'attende à Solyme,
J'y vivrai ton Epouse, ou mourrai ta victime.

LE

PATRIOTISME,

POËME.

CE Peuple enorgueilli de l'Empire des Mers,

Qui divife l'Europe & trouble l'Univers,

L'Anglois, fe croit-il donc le Souverain du Monde ?
Eh! quel eft le triomphe où fon orgueil fe fonde ?
Voit-on fes pavillons arborés dans nos ports?
Je ne vois que fon fang qui fume fur nos bords.
Que, de l'Américain poffédant les contrées,
Il ferme à nos vaiffeaux les Mers Hyperborées;
Que, de l'or du Bramine ufurpateur jaloux,
Aux rivages du Gange il l'emporte fur nous:
Croit-il nous étonner par ce foible avantage?
Rome n'a point tremblé des fuccès de Carthage.

Quand LOUIS defira que l'Univers calmé
Vit enfin de Janus le Temple refermé,
Ce n'eft point d'une main fuppliante & craintive
Qu'aux bords de la Tamife il fit porter l'Olive:

Il n'a deshonoré ni fon rang, ni fon cœur.
Sans paroître vaincu, fans fe croire vainqueur,
Ce Monarque vouloit qu'on mît dans la balance
Les droits de l'Angleterre, & les droits de la France;
Qu'au gré de l'équilibre & de l'égalité,

Les deux Peuples rivaux fignaffent le Traité.
Sans doute, il étoit loin d'employer l'artifice;
Et la paix devenoit le fruit de fa justice :
Mais puifqu'on veut la vendre & nous donner la loi,
Il l'a voulut en Pere; il la refufe en Roi.

STANLEI, toi qui portas ce refus à ton Maitre,
Que Londres par ta bouche apprenne à nous connoître.
Du commerce étranger nous fermant les canaux,
Londres fe promettoit des triomphes nouveaux :
Elle a crû que, preffés du fardeau des fubfides
Nous allions à fes fers tendre des mains timides:
Di-lui, STANLEI, di-lui que le cultivateur
Séme en paix les tréfors qui font notre grandeur;
Que la main qui féconde & moiffonne la tetre,
Eft prête, s'il le faut, à lui porter la guerre.
Di-lui
Ce qu'il fut dans des tems où l'on trembloit

que le François eft encore aujourd'hui
pour lui.

Le dernier de nos Rois, après trente ans de gloire, Vit loin de fes drapeaux s'envoler la Victoire; Mais, intrépide & fier fur fon Trône ébranlé:

>> Non, dit-il, mon malheur n'eft point encor comblé. »J'appellerai mon Peuple; unis par leur courage, » Le Pere & les Enfans iront braver l'orage ».

Que fon augufte Fils élève auffi la voix: Sur les mêmes fujets il a les mêmes droits. A des abbaiffemens penfiez-vous le contraindre? Nous l'aimons; il peut tout: c'eft à vous de le craindre.

Mais péfons nos Vertus & comparons nos Mœurs. Vous, fiers Républicains, vous, fuperbes vainqueurs, Qui, couvrans de vaiffeaux la furface de l'onde, Raffemblez dans vos murs les richeffes du Monde, Quoi! pour armer vos bras, pour ouvrir vos tréfors, 11 faut donc que la Cour, par de fecrets refforts, A travers vos débats, vos lenteurs importunes, Captive les fuffrages & les voix des Communes? Cependant ces François, que votre orgueil jaloux A privés d'un commerce interrompu par vous, Qui ne vont plus chercher, aux deux bouts de la Terre, L'or que vous raviffez par une injufte guerre ;

On les voit ces François, ces zèlés citoyens,
Frodiguer à leur Prince & leur fang & leurs biens:
On porte au pied du Trône un tribut volontaire ;
Et Paris a donné, quand Londres délibère.

Ce luxe, à nos Climats reproché tant de fois,
La pompe de la Cour, le fafte de nos Rois,
Ces vafes, ces métaux qu'étale l'opulence,

Ces chef-d'œuvres des Arts, dont s'embellit la France,
On a vû notre zèle en immoler l'éclat

A la gloire des Lys, au foutien de l'Etat.

Les fujets, du Monarque imitoient les exemples:
Du fein de leurs Palais & du fond de leurs Temples,
Les Prélats & les Grands envoyoient à leur Roi
Ces dons de leur amour, ces gages de leur foi;
Et le pauvre, fenfible à la gloire commune,
Pour la première fois pleura fon infortune:
Malheureux feulement, fous fes toîts ruinés,
De ne pofféder pas des biens, qu'il eût donnés!

Toi, le Maître & l'ami d'un Peuple qui t'adore, LOUIS, quel noble efpoir doit t'animer encore ! Une plus belle ardeur embrâfe nos efprits: L'audacieux Anglois, trop fier de nos débris,

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