Imágenes de páginas
PDF
EPUB

efpéce de deshonneur parmi les Juifs (V). Ce fut en ce tems que le même Ange fut envoyé à une Vierge nommée Marie, qu'un Jofeph de la Maifon de David avoit époufée, & qui demeuroit dans une Ville de Galilée appellée Nazareth. Je vous falue, lui dit-il, o pleine de Grace: le Seigneur eft avec vous; vous êtes la plus heureufe des femmes. Et, comme il la vit toute troublée, penfant en elle-même ce que vouloit dire ce difcours; Raffurez-vous, reprit-il, Marie : Vous avez trouvé grace devant Dieu. Vous aurez unFils,qui fera appellé le Fils duTrèshaut: le Seigneur lui donnera le Throne de David fon Pere; & fon Régne ne finira jamais (1). Mais, dit Marie, comment ce que vous dites pourra-t-il arriver? J'ai réfolu de demeurer vierge (2). L'Esprit de Dieu, reprit Gabriel (VI), opérera en vous; & c' c'est

CITATION S.

(1) Regni ejus non erit finis. Luc I. 33. (2) Virum non cognofco. ibid. 34.

REMARQUES.

(V) Pour deux raisons. La premiere, parce que Dieu leur ayant promis la fécondité, comme les autres profpérités, ils jugeoient qu'il falloit que les femmes à qui il ne l'accordoit pas s'en fuffent rendues indignes par quelque péché. L'autre raifon étoit l'Attente du Meffie tane defiré, que chaque femme pouvoit fe flater devoir def cendre d'elle.

(V.) C'eft le même Ange, qui apparut à Daniel. pour lui expliquer la Prophétie du tems de l'avénement du Meffie.

Tome I.

pa

pourquoi votre Fils fera appellé le Fils de Dieu. Et, pour vous montrer que rien ne lui eft impoffible, feachez que votre Coufine EliJabeth, quoique vieille & fterile, eft groffe de fix mois. Voici la Servante du Seigneur, répondit la Vierge; qu'il me foit fait felon votre parole. Auffi-tôt après, impatiente (1) de voir ce que l'Ange lui avoit dit de fa rente, elle part pour l'aller trouver aux Montagnes de Judée, où elle faifoit fa demeure. A peine fe furent-elles faluées, qu'Elifabeth fentit treffaillir fon enfant au fon de la voix de Marie; & l'Esprit de Dieu defcendre dans fon fein (2). Que vous êtes heureufe, dit-elle à la Vierge, & qu'heureux eft le fruit que vous porter! Et d'où me vient ce bonheur, que la Mere de mon Seigneur vienne à moi? Alors Marie lui avoua, que le Tout-puiffant avoit fait en elle de grandes chofes (3); qu'elle en étoit également indigne & confufe; que Dieu avoit enfin accompli les promeffes qu'il avoit faites autrefois à leurs peres: & après quelques mois de féjour, elle s'en retourna à Nazareth.

Depuis, Elifabeth étant accouchée d'un

CITATION S.

f

(1) Cum feftinatione. Luc. I. 39.

(2) Exultavit infans in utero ejus, & repleta eft Spiritu Sandto, ibid. 41,

(3) Fecit mihi magna qui potens eft. ibid.49.

fils, tous leurs parens & leurs voifins, qui fe vinrent réjouir avec elle, vouloient le nommer comme fon Pere, & elle vouloit l'appeller Jean (VII), qui étoit le nom prédit par l'Ange. Comme il n'y avoit perfonne dans leur famille qui le portât (1), ils en confultérent Zacharie, & il écrivit ce même nom fur des tablettes (2), ne pouvant enco re parler. Mais auffi-tôt après, fa langue s'étant déliée pour louer hautement le Seigneur, tout le monde, furpris de ce miracle, fe demandoit l'un à l'autre ce qu'ils penfoient de cet enfant (3)? Son Pere, rempli de l'Efprit de Dieu, prophétifa quel feroit fon Miniftere, ainfi que l'Ange l'avoit révélé; & croiffant beaucoup plus d'efprit que de corps, il se retira bientôt dans les deserts, jusqu'au tems qu'il devoit paroître (4).

Cependant, l'Epoux de Marie, Joseph, qui

CITATIONS.

(1) Nemo eft in cognatione tua qui vocetur hoc nomine Luc. I. 61.

(2) Poftulans pugillarem fcripfit. ibid. 63.
(3) Quis putas puer ifte erit? ibid. 66.
(4) Vfque in diem oftenfionis fua. ibid. 80.

REMARQUE.

(VII.) C'eft-à-dire, felon la force de l'Hébreu, Miféricorde de Dieu; ce qui fe rapporte fort naturellement à cet Enfant, dont la Naiffance étoit le premier point de l'Accompliffement des Promeffes: car les noms parmi les Hébreux, étoient prefque toujours fignificatifs.

étoit vierge comme elle (1) (VIII), ayant connu qu'elle étoit groffe, fit deffein de la quitter fecrettement (2); ne pouvant non plus fe réfoudre à la deshonorer en la répu diant (3), qu'à demeurer davantage avec elle. Mais un Ange, qui lui apparut en fonge (IX), le tira d'erreur, en lui apprenant de quelle maniere elle avoit conçu, felon la

CITATIONS.

(1) Antequam convenirent. Matth. I. 18.
(2) Voluit occultè dimittere eam, &c. ibid. v. 19.
(3) Cum noller eam traducere, ibid.

REMARQUES.

(VIII. ) S. Jerôme, S. Augustin, & généralement tous les Peres Latins qui font venus depuis, ont cru que S. Jofeph n'étoit point veuf quand il époufa la Vierge, comme quelques Peres Grecs avoient prétendu. Pierre Damien foutient même que c'eft la Foi de l'Eglife. Il eft constant que l'Opinion de ce prétendu Veuvage n'étoit fondée que fur une ignorance groffiere d'un Hébraïfme fort commun, qui fera expliqué ci-deffous, Remarque LVII, Or, s'il n'étoit pas veuf, étant jufte comme l'Evangile le dit, on ne peut pas douter qu'il ne fûr vierge. Voilà la plus licencieufe Addition au Texte Sacré, qu'on trouvera dans tout cet Ouvrage. Encore l'Auteur ne l'auroit pas faite, s'il avoit fçu.comment rendre autrement avec clarté & bienséance l'antequam convenirent de S. Matthieu.

(IX.) Ces Songes divins, dont on trouve tant d'exemples dans l'Ecriture parmi les Juifs, faifoient partie de leur Religion, fi nous en croyons les Auteurs Païens. Entre autres Strabon, Cappadocien, & contemporain de Notre Seigneur, rapportant les principales Opinions de la Théologie de Moïfe, en parle en ces termes; Que ceux qui vivent avec pureté & juftice, font favorisés de Songes avantageux, mais jamais ceux qui vivent autrement. C'est au Chapitre de la Judée.

célebre parole des Prophêtes, qu'une Vierge devoit enfanter. Il ajouta que l'Enfant, qu'elle portoit, devoit être appellé d'un nom qui fignifioit Sauveur, dans la Langue du Pays, parce qu'il délivreroit fa Nation de toute iniquité.

Comme elle étoit près de fon terme, Augufte ordonna par un Edit, qu'on fît un dénombrement exact de tous les habitans de l'Empire (1) (X). Pour y obéir, Joseph &

CITATION.

(1) Exiit Edictum à Cafare Augufto, &c. Luc. II. 1.

REMARQUE.

(X.) Les Auteurs Païens en remarquent plufieurs du tems d'Augufte. Dion de Nicée, au LVI. Livre de fon Histoire, en rapporte un fort exactement, peu de tems avant la mort de cet Empereur ; & c'eft fans doute le fecond que S. Luc veut défigner, quand il appelle celui-ci le premier. Il est fort à préfumer que le même Dion avoit auffi parlé de ce premier: mais il fe trouve malheureusement que cet endroit de fon Hiftoire eft perdu; c'est-àdire, depuis l'an de Rome 747, jusqu'à 757 : & le fait dont il s'agit arriva en 751 ou 752. Cependant, cet Hiftorien, tout imparfait qu'il eft, eft le feul Annaliste qui nous refte du Regne d'Augufte. Suïdas, après un Auteur Païen beaucoup plus ancien que lui, dit auffi, que ce. Prince choifit vingt Perfonnages de probité connue, pour envoyer dans routes les Provinces, y faire un état général & exact de tous les sujets de l'Empire & de leurs. Biens; & dans un autre endroit, il dit encore qu'Auguste voulut favoir une fois combien il y avoit d'habitans dans tout l'Empire. Il falloit que ce fait fût bien aifé à vérifier, & bien connu, dans les premiers Siècles de l'Eglife, puifque S. Juftin Martyr, & Tertullien, renvoyent fi hardiment les Païens aux Regiftres qu'on tenoit à Rome de ces fortes d'Etats, pour leur

« AnteriorContinuar »