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écus d'or de tribut autemple très-haut de Jerufa- ‹
lem & à la Mecque ; que j'empêcherai ceux de Co-“
loffes de fournir des armes aux pirates; & que fi "
je manque à quelqu'une de ces chofes, on me regar."
dera comme un apoftat & un prévaricateur des «
faints évangiles. Je dirai que l'évangile eft faux,
je nierai que Jefus Chrift vive, & que Marie fa "
mere foit vierge; je tuerai un chameau fur les "
fonts du baptême ; je maudirai les prêtres de l'au- “
tel; je nierai la divinité, & recevrai fur moi tou. "
tes les maledictions des faints peres. "Ce ferment
fut traduit de l'arabe en latin, & apporté au pape
Pie II.

Le pape malgré fa politique, vit arriver dans cette année ce qu'il appréhendoit tant de la part de René d'Anjou. Le duc de Calabre fon fils qui avoit été fait gouverneur de Genes, étant parti de cette ville avec une bonne flotte, fit une defcente dans le royaume de Naples, où prefque toute la nobleffe fe déclara pour lui, & plusieurs villes embrasserent son parti. Ce duc qu'on nommoit Jean avoit été engagé à cette entreprise par Antoine Centiglia marquis de Coterone, qui lui avoit promis de le rendre maître du duché de Calabre, & de lui aider à conquérir tout le royaume de Naples. Mais Jean fut obligé de differer pour quelque tems l'exécution de ce deffein, parce que Pierre Fregofe avoit déja fait plusieurs tentatives pour recouvrer la fouveraine autorité dans Genes, & pour en chaffer les François. Lorsque le duc crut avoir diffipé cette faction, les Genois contribuerent autant qu'il leur fut poffible à l'aider dans le recouvrement de la couronne que fon pere avoit

AN. 1459.

CXXXIII.
Le duc de Calabre

fait une defcente
dans le royaume de

Naples.
Corius parte 6.
Collen. lib. 6.
Nebriuf. lib. 7.
Foliet. ib. 11.

perduë. Ils lui donnerent dix galeaffes & trois vaisAN. 1459. feaux payez pour trois mois avec foixante mille écus pour fournir aux frais de la guerre ; il joignit à cette Aotte douze galeaffes que René d'Anjou fon pere avoit équipées à Marfeille; & ayant mis à la voile avec cette flotte affez confiderable, il alla mouiller devant Gayette.

CXXXIV.

duc dans le royaume de Naples.

le

Jean voulut de là paffer en Calabre fur les terres Conquêtes de ce du marquis de Coteronne, mais il apprit que Ferdinand l'avoit fait arrêter Il tourna vers Raye que duc de Seffa lui remit, quoiqu'il eût époufé Leonore fœur du roi de Naples. Il defcendit enfuite à Castellamar, d'où il alla à. Seffa, & courut toute la terre de Labour, pendant que le duc de Sessa prit Calvi, & invita par fon exemple plufieurs feigneurs Napolitains à prendre les armes en faveur du duc de Calabre. Ce prince voyant fon armée groffir confiderablement, paffa dans l'Abruzze, & fe rendit maître d'Aquilée. De là il entra dans la Pouille, où Hercule marquis d'Eft le vint joindre avec quelques troupes: ce qui donna lieu aux villes de Licceria, Foggio, Saint-Severe, Troya & Manfredonia d'embraffer fon parti. Ferdinand qui s'étoit avancé jufqu'à Calvi, voyant une fi prompte révolution, s'en retourna à Naples, il y apprit que Daniel des Urfins comte de Samo, Jourdain comte de Tripaldo,& Felix prince de Salerne, tous trois freres, étoient fur le point de fe déclarer en faveur de fon ennemi. Pour parer le coup, il fit époufer au dernier Marie sa fille naturelle, & par ce moyen il l'arrêta & le retint dans fon parti.

CXXXV.

Le duc de Seffa

Le duc de Seffa qui haïssoit extrêmement Ferdi

nand

AN. 1459

veut affaffiner Fer

nand, réfolut de l'affaffiner; & pour y réüffir, il lui fit proposer une entrevûë par Gregoire de Gariglia qui avoit beaucoup de part dans fa confidence. On dinand. choifit pour le voir & conférer ensemble, une campagne écartée près d'une petite églife à deux milles de Theano, qui étoit au pouvoir des François. Il fut arrêté que chacun de fon côté meneroit deux hommes: Ferdinand fe fit accompagner du même Cariglia & de Jean de Ventimille, tous deux plus propres pour le confeil que pour la défense; mais pour plus grande précaution il prit fes armes. Le duc mena avec lui Phœbus de l'Anguillara & Jacques de Montagnano, tous deux braves & bien armez. Lorfqu'ils furent arrivez au rendez-vous, le roi & le duc s'écarterent de leurs gens, pour être plus en liberté de s'entretenir ; & leurs gentilshommes fe retirerent auprès de l'églife. Après quelques paroles qui ne concluoient rien, Phoebus dit aux trois autres, le duc a fait fon accommodement, il eft jufte que j'aille faire le mien, & s'avança au petit galop vers Ferdinand, qui s'étant apperçu que ce traître avoit un poignard à la main, tira auffi tôt son épée, en vint aux mains, & fe défendit avec beaucoup de courage & de valeur. Montagnano ferma le paffage à Cari- met fes affaffins en. glia & à Ventimille, qui ne fe mirent pas trop en devoir de le forcer: mais les gens du roi qui n'étoient pas loin, étant accourus au bruit, le duc de Seffa & fes deux compagnons s'enfuirent à toutes brides.

Ferdinand, pour se vanger de cette trahison, entra dès le lendemain dans le territoire de Stellato,& fit le dégât depuis Bagni jufqu'à Seffa. Quelques jours Tome XXIII.

CXXXVI.
Il fe défend &

fuite.

CXXXVII. Ferdinand eft bat

après ayant appris que l'armée du pape, commandée AN. 1459. par Simonolto, le venoit joindre, il alla au-devant d'elle, & après l'avoir joint, il affiegea Sarno. Pendant le fiége il fut averti que le pape avoit changé de fentiment, & avoit mandé à fon genéral de s'en revenir. Ces ordres étoient trop précis pour ne pas obeïr; mais Ferdinand ayant levé le fiège pour fuitu auprès de Sarno. Vre Simonolto, tous deux furent attaquez dans leur retraite par l'armée du duc de Calabre, & battus à platte couture auprès de Sarno. Le genéral de l'armée du pape y fut tué, & le duc de Calabre fit dans cette action un grand nombre de prifonniers qu'il envoya à Marseille.Il y a beaucoup d'apparence qu'il fe feroit rendu maître de Naples où Ferdinand s'étoit refugié, s'il eût fuivi fon propre avis qui étoit d'en aller faire le fiége fans differer. Mais le prince de Tarente lui perfuada qu'il valoit mieux s'affurer des places des environs, que de fe hazarder à une fi grande entreprife, ce qui donna le tems à Ferdinand de rétablir fes affaires, & de recevoir les fecours que le pape & Sforce duc de Milan lui envoyerent: de forte qu'il obligea dans la fuite le duc de Calabre à. abandonner entierement le deffein qu'il avoit d'aller affiéger Naples.

CXXXVIII. Raifons pour lef

quelles le pape pro

tegeoit fi fort Ferdinand.

194.

Il eft furprenant que le pape qui prenoit un si grand foin d'appaifer les troubles des autres princes d'Italie qu'il menaçoit même de la colere & de la Eneas Sylu. epift. vengeance de Dieu, s'ils ne s'accordoient, ait touteMariana bift. Hift. fois fi opiniâtrement entretenu les divifions entre Ferdinand & René d'Anjou, jufqu'à appeller en Italie au fecours du premier Scanderberg qui étoit la terreur des Turcs. L'amitié que le faint faint pere avoit

lib. 23. a. 1..

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pour Ferdinand étoit fi grande, qu'étant cardinal il fe difoit fon ferviteur.On a touché ailleurs quelquesunes des raisons de cette forte inclination, ou plûtôt de la haine qu'il portoit aux François : nation, felon lui, trop fiere & qui lui étoit un grand obftacle aux defleins qu'il avoit de faire la guerre aux Turcs. Mais nos interêts particuliers d'ordinaire nous touchent beaucoup plus que ceux du public, à quelque dignité que nous foïons élevez. René d'Anjou étoit le véritable & légitime héritier de la Sicile, & fon fils Jean avoit toutes les raifons du monde de poursuivre un droit que le faint fiége avoit confir mé tant de fois à fon pere contre le bâtard de Ferdinand qui en avoit été déclaré injufte ufurpateur par Callixte III. Pie II. lui-même regardoit le droit de ce dernier, comme douteux, puifque dans l'acte d'inveftiture qu'il lui en donna, il mit en termes exprès: Sauf le droit d'autrui. Preuve qu'il reconnoiffoit que d'autres y avoient droit auffi-bien que Ferdinand.

Pendant que Jean duc de Calabre étoit appliqué à la conquête du royaume de Naples, les factions “qu'il croioit avoir diffipées à Genes avant fon dé part, s'y renouvellerent. Quelques feigneurs peu fatisfaits du gouvernement des François, réfolurent de les en chaffer. Pierre Fregofe, qui lui-même avoit traité avec le roi Charles VII. pour lui foumettre cette république, avoit quitté la ville, & s'étoit retiré dans une de fes terres, pour méditer plus à loifir fur les moyens de faire réüffir fon entreprise. Il traita fecretement avec Ferdinand d'Arragon & avec le duc de Milan,& fe réunit avec les Fiefques. Quand

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