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vouloit lui rendre le bien pour le mal, il donna le AN. 1456. chapeau de cardinal à l'archevêque de Naples qui lui étoit entierement dévoué, & qui étoit oncle d'une certaine Lucrece Napolitaine que le roi d'Arragon aimoit éperdûment, & qu'il auroit épousée s'il eût été veuf.On dit même qu'il tenta de repudier la reine Mariana, bift fon époufe légitime, fous prétexte qu'elle étoit stérile, & qu'elle ne lui donnoit point d'enfans.

Hifp. lib. 22.c. 18.

XII.

Création de car

dinaux par le pape

Callixte.

ann. 1456.

Il y eut deux promotions de cardinaux dans cette année. Dans la premiere, le pape n'en fit que trois, qui furent 1. Jean-Louis Mila Espagnol, neveu du Raynald. ad hunc pape du côté maternel, évêque de Segovie, puis de Lerida,prêtre cardinal du titre des quatre faints couronnez, & légat de Boulogne. 2. Jacques de Portugal archevêque de Lisbonne,diacre du titre de fainte Marie au portique. 3. Roderic Lenzoli Borgia Espa gnol, neveu du pape, diacre du titre de faint Nicolas in Carcere, vice-chancelier de l'église Romaine, évêque de Porto, qui fut dans la fuite élû pape fous le nom d'Alexandre VI. Dans la feconde promotion il y en eut fix, dont le premier fut Raynaud Pifcicelli Napolitain, archevêque de Naples, prêtre cardinal du titre de fainte Cecile, créature d'Alphonfe roi d'Arragon, d'ailleurs homme de mérite. Le fecond Jean de Mella Efpagnol, auditeur de Rote, évêque de Zamora,& cardinal prêtre du titre de faint Aquilée & de fainte Prifque. Le troifiéme, Jean de Castiglione ou Caftillon Milanois, évêque de Coutances en Normandie, puis de Pavie,cardinal prêtre du titre de faint Clement. Le quatriéme Jacques Thebaldi Romain, évêque de Montefeltro, cardinal prêtre du titre de fainte Anaftafie, Le cinquième, Richard

Olivier

Olivier de Longuëil François, & évêque de Coutances, cardinal prêtre du titre de faint Eusebe, & évêque de Porto. Le fixième, Æneas Sylvius Picolomini Siennois, évêque de Sienne, cardinal du titre de faint Eustache, & enfuite prêtre du titre de fainte Sabine, le même qui peu de tems après fut créé pape fous le nom de Pie II.

AN. 1456.

XIII. Défordres que

font les troupes d'Alphonfe dans le

Siennois.

Comment. Pii Ds

lib. 2.

Toute l'Italie avoit joüi depuis quelque tems d'une paix profonde. Le pape, le duc de Milan, les Venitiens, les Florentins & leurs alliez donnoient tous leurs foins pour entretenir ce calme. Alphonfe feul chercha à le troubler. Il ne le fit pas d'abord ouvertement, il fit femer la divifion par Pifcinin qui commandoit les armées. Ce genéral tout dévoué aux injustices de fon maître, commit plufieurs hostilitez, entra fur les terres des Siennois, & y fit de grands En. Europ. c. s. ravages. On en porta plainte à Alphonfe; mais ce prince foûtint fon genéral, qui n'étoit en effet que le ministre de ses volontez injuftes. Le duc de Milan & les Venitiens prirent la défense des Siennois, & contraignirent Piscinin & fon armée de fe retirer. Il fe jetta avec les troupes dans Caftillon de Pescara, ne pouvant faire mieux. Mais les vainqueurs les y affié-gerent, & ils y furent réduits à se nourrir de fruits verds qui les incommoderent beaucoup. Dans cette extrémité ils tenterent tout pour fe délivrer: ils réüffirent & furprirent Orbitelle, où la faim ne les persécuta plus. C'étoit toûjours un ennemi de moins. Mais ils fuffent retombez bien-tôt dans leur premier état, fi Alphonse ne leur eût envoyé par mer des vivres & de l'argent. Malgré ce fecours ce prince vit bien qu'il ne pouvoit fauver fon genéral, ni fes trouTome XXIII.

B

pes fans un accommodement avec les Siennois, & AN, 1456.. ceux qui les fecouroient. Pour les appaifer & les dédommager des frais qu'il les avoit obligé de faire, il leur donna deux cent mille livres. Il auroit bien voulu les engager auffi à défarmer, mais ils ne le voulurent pas, ce qui l'obligea à donner les ordres à Pifcinin, pour rendre aux Siennois toutes les places. qu'il leur avoit prifes.

XIV. Conteftation au

fion pafcale.

La difpute touchant les droits des curez au fujet fujet de la confef de la confeffion pafcale, fut renouvellée dans cette année avec beaucoup de chaleur ; à l'occafion d'une bulle du défunt pape Nicolas V. en faveur des religieux mendians, aufquels fa fainteté accordoit le pouvoir de confeffer dans le tems de Pâques, au préjudice du droit des curez par le canon Omnis utriufque fexûs, & même de la difpofition de la Clementine Dudùm. L'Univerfité de Paris informée que cette bulle avoit été préfentée à l'official de Paris par quelques religieux Carmes, en interjetta appel, & cita les mendians à comparoître le lundi vingt quatriéme de Mai, pour leur déclarer qu'ils feroient exclus de l'université, s'ils ne renonçoient à l'obtention de cette bulle, & ne promettoient d'en obtenir la révocation dans un certain tems qu'on leur limitoit. Les mendians ayant comparu, refuferent de se foû-mettre, & fur leur refus, l'Univerfité les déclara parjures & exclus de fon corps.

XI.
Le pape Callixte

confirme la bulle

de Nicolas V. en faveur des reli

gieux mendians.

Les religieux mendians, au lieu de procurer la réVocation de cette bulle, s'adrefferent au pape Callixte, fe plaignirent du traitement qu'ils avoient reçu de l'Univerfité, & obtinrent de fa fainteté une bulle qui confirmoit celle de Nicolas V. & cafloit tout ce

que l'Univerfité avoit fait contre eux. Cette conduite du pape irrita l'Univerfité, & ne la fit point chan- AN. 1456. ger de fentimens, ce qui obligea les religieux à chercherquelque voie d'accommodement. L'archevêque de Reims, l'évêque de Paris & le Parlement s'en mê lerent: on propofa d'abord que les mendians déclareroient qu'ils ne prétendoient point acquerir un nouveau droit par cette bulle: mais cette propofition parut captieufe, & ne fut point acceptée. Après pluhieurs autres moyens qui furent encore tous rejettez, on propofa que les mendians remettroient l'examen 'de cette bulle au futur concile, & que cependant ils adhéreroient à la définition du concile de Latran, & au fentiment de l'églife Gallicane. Mais les mendians peu contens de cette condition, refuserent abfolument de s'y foumettre, ce qui redoubla les contestations.

XVI.
Il révoque cette

Le pape, pour les appaiser, ne trouva point d'autre voie, que de rendre une autre bulle qui révoquoit bulle par une autre pour le bien de la paix, tous les privileges accordez contraire. au préjudice de la Clementine Dud m, à laquelle il ordonna qu'on s'en tiendroit. Cette bulle rendue dans le mois de Septembre de cette année, fut envoïée à l'Univerfité, & luë dans l'assemblée du troifiéme de Février de l'année fuivante : ce qui fit prendre aux mendians la réfolution de le foumettre pour être rétablis ; & pour cet effet ils interpoferent l'autorité du prince Artus de Bretagne comte de Richemont, connétable de France, qui vint avec l'archevêque de Reims & l'évêque de Paris à l'affemblée de l'Univerfité tenue le dix-huitiéme du même mois, & y propofa que pour rétablir la paix, la bulle en que

ftion demeureroit entre les mains de l'évêque de PaAN. 1456. ris, & que les religieux mendians rentreroient dans l'Univerfité, comme ils y étoient avant ces difputes,

XVII.

mettent

à condition qu'ils obéïroient à la derniere bulle de Callixte III. qui avoit révoqué celle de Nicolas V. Le Les religieux prieur des Dominicains le demanda au nom de tous mendians fe foû les autres; mais ne l'ayant pas fait avec affez de foûmiffion, le connétable fut obligé de conduire une feconde fois les religieux dans l'affemblée, où ils se soûmirent plus humblement, le prieur des Augiftins portant la parole. On les reçut donc à ces conditions, qu'ils ne feroient aucun ufage de la bulle de Nicolas V. ni de celle de Callixte qui la confirmoit; que la premiere demeureroit entre les mains de l'évêque de Paris; qu'ils obéiroient à la bulle révocatoire, & la feroient approuver dans un an par leurs genéraux & qu'ils n'obtiendroient plus à l'avenir de femblables. bulles fur peine de la même exclufion..

Mais le deuxième de Juillet fuivant un religieux Dominicain vint trouver le recteur de l'Univerfité de la part de fon genéral, pour lui déclarer qu'il avoit ordre de défendre aux freres de fon ordre de rentrer dans l'Univerfité aux conditions qu'on avoit propofées. Le recteur ne lui fit point de réponse; mais dès le lendemain, il fit fommer les religieux Dominicains de ratifier l'accord dont on étoit convenu, & d'accepter les conditions propofées. Sur le refus qu'ils en firent, caufé par la défense de leur genéral, FUniverfité les exclut de fon corps pour la feconde fois, jufqu'à ce qu'enfin ils la firent fupplier dans. une affemblée tenue le huitiéme d'Octobre, de les vouloir admettre, avec promeffe d'une entiere foût

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