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miffion de leur part, & d'obferver le traité fait en présence du connétable. Ainfi finirent ces contefta- A N. 1456. tions, qui toutefois fe renouvellerent souvent dans la fuite.

XVIII. Furieux tremblement de terre en Italie.

S. Antonin tit. 22.c. 14. §. 3.

207. Europ. c.54..

Il y eut dans le mois de Décembre de cette année de fi furieux tremblemens de terre dans le royaume de Naples, dans la terre de Labour, dans l'Abruzze, & dans la Poüille, & avec tant de violence, qu'un grand nombre de maisons & même d'églises en furent renverfées. S. Antonin affure qu'il mourut en cette occafion plus de foixante mille perfonnes, parmi lesquelles il y en eut près de trente mille dans la Æneas Sylv. epift.. feule ville de Naples, fuivant le rapport d'Æneas Sylvius. La terre s'ouvrit auprès de Royano, & il fortit un lac de ce goufre. Jean Gobelin qui fut fecretaire d'Æneas Sylvius, lorfque celui-ci fut créé pape, ajoûte qu'il parut dans la mer Egée une petite ifle qu'on n'avoit jamais vûë, qu'elle étoit élevée de quarante coudées au-deffus de l'eau, & qu'elle parut toute en feu durant quelques jours. Le roi Alphonfe Platin in with fut tellement étonné de ces phénomenes, qu'à cha

que

dès

instant il renouvelloit fon vœu de faire la guerre aux Turcs, & promit de l'accomplir au plûtôt : mais que le danger fut passé, il ne fe ressouvint plus de fes promeffes. L'on vit entre Florence & Sienne des nuées élevées à la hauteur de vingt coudées de terre, agitées par des vents furieux qui emportoient: les couvertures des maifons & les rochers, renverfoient les murailles, déracinoient les plus gros arbres, & transportoient affez loin dans l'air & les hommes & les animaux.

Il y avoit déja quelque tems que Chriftiern II. røi
B iij

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XIX. Révolutions are

rivées dans le

Joan. Magn. 1. 23.
Krantz, c.7.89.

de Dannemark avoit un parti formé pour le mettre AN. 1456. fur le trône de Suede, en la place de Charles VIII. roiaume de Suede, que l'envie perfécutoit depuis quelques années. Jean Benoît archevêque de Pfalla conduifit cette intrigue fort fecretement, & Charles n'en eut des avis certains, que lorsqu'il ne fut plus en état de dissiper ce parti. La conjuration éclatta cette année.Christiern fut couronné fans presque aucune opposition, & Charles fe vit contraint de fe retirer en Pologne. Il avoit donné lieu à cette confpiration par fon ambition exceffive qui le brouilla avec le clergé & la nobleffe. C'étoit d'ailleurs un prince recommandable par fa prudence & fon amour pour la juftice, & il joignoit à ces vertus de l'érudition, & une connoiffance affez étenduë de la philofophie & des mathématiques. Son expulfion eft un grand exemple de l'inconftance des chofes humaines, & en particulier de la legereté des hommes: car ce prince avoit été choisi par le peuple même d'un confentement presque unanime, & on peut dire que le choix étoit très-loüable, & avoit été fait même avec connoillance, puifque Charles avoit déja adminiftré le royaume après Erric III. & que fi on l'avoit déposé pour mettre en fa place Chriftophle de Baviere, le peuple avoit senti lui-même l'injuftice de fon procedé, & n'avoit confulté que les propres interêts en le rétablissant sur le trône en 1448. Nous verrons qu'il y remonta une seconde fois en 1464.

fons.

X X.

Le vendredi onzième de Juillet on tint un concile Concile de Soif à Soiffons, où Jean Juvenal des Urfins archevêque de Reims, préfida comme métropolitain. Avec ce prélat s'y trouverent auffi Jean évêque de Soif

foins, Antoine de Laon, Jean d'Amiens, Jean de Senlis, & les procureurs des autres fuffragans qui étoient abfens, & des églifes cathédrales. Ces évêques y reçurent, publierent & ordonneient l'exécution des décrets du concile de Bafle, confirmez dans l'af. femblée de Bourges. Les principaux ftatuts qu'ils y fi rent, regardent en premier lieu la célébration de l'office divin, le chant, la décence dans les habits, & autres chofes qui regardent le culte exterieur. 2. On y regla la maniere dont on doit tenir les chapitres. 3. On défendit aux clercs les jeux de hazard, les cabarets & l'yvrognerie. 4. On y regla l'habillement des évêques. 5. On y renouvella le décret de Bourges de Concubinariis. 6. On y réforma les abus qui s'étoient gliffez dans les quêtes & dans la prédication des indulgences. 7. On y exhorta les prélats à ufer de beaucoup de difcrétion dans l'approbation des confeffeurs, & à ne leur pas accorder, fans de grandes raifons, l'abfolution des cas réservez.

AN. 14,6.

In collect. corcil.

general. P. Labbe,

tom. 13. p. 1396.

XXI.

Le dauphin de

Brabant.

La mauvaise conduite du dauphin, & les exactions infupportables qu'il faifoit dans le Dauphiné, princi- France fe fauve en palement fur les eccléfiaftiques, irriterent tellement le roi Charles VII. fon pere, qu'il fit filer des troupes vers cette province fous la conduite de LouisAntoine deChabannes feigneur de Dammartin, avec ordre d'arrêter le dauphin. Mais ce prince en ayant été averti, le prévint, & fe fauva à toutes brides accompagné de quelques gentilshommes, d'abord dans la principauté d'Orange, & de-là dans la Franche-comté, d'où il fut conduit en Brabant. Le duc de Bourgogne étoit alors dans l'évêché d'Utrecht avec des troupes, pour forcer les habitans à recevoir

en qualité d'évêque David de Bourgogne fon fils naAN. 1456. turel, que le pere avoit pourvû de cet évêché au préjudice du feigneur de Brederode élû par le chapitre. L'arrivée du dauphin l'embarraffa fort,il en écrivit au roi, & manda à la ducheffe son épouse & au comte de Charolois fon fils, de recevoir le dauphin comme il convenoit à fa qualité ; & que pour lui, il étoit réfolu de ne le point voir, qu'il n'eût auparavant reçu réponse de la cour de France.

XXII.

duc de Bourgogne.

La réponse fut favorable au dauphin: sa majesté Ileft bien reçu du prioit le duc de le traiter avec bonté, comme lui-même fouhaiteroit d'être traité en France, fi quelque accident l'y avoit attiré. Sur cette lettre le duc fe rendit à Bruxelles, & falua le dauphin, auquel il fit beaucoup de careffes, lui affigna douze mille écus de penfion pour fon entretien, avec le château de Genep fur les frontieres du Haynaut à quatre lieuës de Bruxelles pour fa demeure. Quelques bons traitemens que le dauphin reçût en ce pays-là, il n'y fut pas long-tems fans mettre la divifion parmi les feigneurs; il demanda des troupes au duc de Bourgogne, dans le deffein frivole & ridicule d'aller attaquer le roi fon pere, & de l'obliger, disoit-il, à chaffer de fon confeil des perfonnes qui abufoient de fa confiance. Le duc lui répondit fagement que tout étoit à son fervice, dès qu'il ne faudroit point agir contre les interêts du roi de France, que ce n'étoit ni au dauphin, ni à lui de vouloir réformer fon confeil, & qu'ils ne pouvoient mieux faire l'un & l'autre de s'en rapporter à sa majesté.

que

Cette même année le jour de la fête du Saint-SaLe duc d'Alen- crement, le comte de Dunois arrêta à Loches par or

XXIII.

fon eft arrêté

dre

AN. 1459.

VII. page 187,

dre du roi, le comte d'Alençon pair de France coufin germain dudit roi. Le prifonnier fut conduit à Melun où le connétable alla l'interroger: on l'accu- & mis en prison, foit d'avoir invité les Anglois à revenir en France, Jean Chartier, & d'avoir même fait un traité avec le roi d'Angle- bif. de Charles terre, par lequel il lui promettoit de lui donner entrée en Normandie par les places qu'il tenoit fur la mer. Le comte ne voulut point répondre au connétable, & demanda à paroître devant le roi de France. On l'amena en effet devant lui, & ils eurent ensemble une longue conference, d'où le comte ne fortit que pour être réconduit en prison : il y demeura deux ans, pendant lefquels on inftruifit fon procès. Après ce tems Charles VII. le fit condamner par arrêt des ducs & pairs à avoir la tête tranchée. La peine de mort toutefois fut changée en une prison perpetuelle dans le château de Loches.

XXIV.

Révolutions em

mort d'Huniade,

La mort de Jean Huniade caufa quelques révolutions en Hongrie, & les inimitiez de fes deux fils Hongrie après la contre Ulric comte de Cilley, oncle du jeune Ladislas roi de Hongrie, se renouvellerent très-vivement. L'aîné des enfans d'Huniade, qui avoit l'affection des peuples, entreprit de se défaire d'Ulric. Celui-ci étoit allé à Belgrade avec Ladislas fon neveu, bien réfolu de se rendre maître du gouvernement, puifqu'Huniade fon plus grand ennemi étoit mort; mais il en falloit chaffer les deux fils d'Huniade, qui étoient demeurez dans cette ville avec une forte garnifon. Ulric qui les regardoit comme un grand obstacle à fes desseins, eut recours à la calomnie ; & chercha à les décrier dans l'esprit du roi Ladislas.Les Hongrois indignez d'une conduite fi honteufe, con- . .q. Tome XXIII,

C

En. Sylvius, ep. 253. hist. Bobem, cap. 66. feq.

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