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de l'un des deux. Comme celui d'Alby étoit d'un plus gros revenu, il en fit le choix; mais parce qu'il AN. 1461. ne crut pas fes fervices affez bien récompenfez, il en conferva un fecret reffentiment contre le pape, & il s'en vengea dans la fuite en le traverfant dans toutes les occafions.

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Le fouverain pontife ne tira pas de l'abolition de la pragmatique tout l'avantage qu'il s'en étoit mis, parce que le roi indigné de ce que le pape lui avoit manqué de parole, & de ce qu'il avoit été fa dupe, ne fe mit pas fort en peine de faire exécuter La déclaration là-deffus, & il punit le cardinal d'Arras de son infidélité, en le difgraciant. Les remontrances que le parlement & l'univerfité de Paris firent au roi, contribuerent encore à lui faire fentir la faute qu'il venoit de faire. On lui reprefenta qu'il n'y avoit jamais eu de loi dans l'état qui eût plus folemnellement reçû son autorité de l'église univerfelle, que la pragmatique sanction; que depuis fon établissement le royaume de France avoit toûjours profperé ; que les églises avoient été pourvûës de bons prélats; & conclufion du parlement de Paris fut que le roi étoit obligé de garder cette loi. Celui de Toulouse verifiant la déclaration du roi l'année fuivante au mois d'Avril, prononça qu'il ne le faifoit que par un ordre exprès de fa majefté. Toutes ces oppofitions furent caufe que la pragmatique fervit toujours de regle dans la plupart des articles qu'elle contenoit, & que le roi lui-même fit dans la fuite de nouvelles ordonnances touchant les referves, & les expectatives, qui étoient prefque l'unique avantage que l'abolition de la pragmatique avoit procuré au fouveTome XXIII.

V

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rain pontife : & jusqu'au tems du concordat la cour AN.1461. de Rome ne put jamais avoir la fatisfaction qu'elle fouhaitoit à cet égard.

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ayant

Jacques bâtard de Chypre aïant obtenu ce roïaume du foudan d'Egypte, y aborda avec une flotte confiderable, dans le deffein de s'en emparer par la force. Charlotte fecourue des Rhodiens fit une vigoureuse resistance: mais enfin il falut ceder au plus fort. Son malheur ne l'abbatit point. Elle alla chercher du fecours à Rhodes, & assemblé quelques troupes qu'elle joignit à un détachement que fon beau-pere avoit envoïé de Savoye, elle revint à Cerine trouver fon mari, & l'exhorta à marcher vers Nicofie, fe flattant qu'ils pourroient recouvrer leur roïaume. Mais leurs deffeins aïant été fçûs, Jacques vint au devant d'eux, & les défit. Il y eut un grand nombre de vaincus qui furent tuez. Le refte fut contraint de fe refugier dans le château de Cerine avec Loüis de Savoye où Jacques le tint affiegé.Charlotte perdit ainfi prefque toute l'ifle, à l'exception de ce château de Cerine&de Famagoufte qui étoit occupée par les Genois Dans cette extrémité elle fit le voïage de Rome, où elle eut une audience favorable. du faint pere à qui elle expofa fes malheurs & demanda du fecours. Le pape le lui promit, & lui donna tout ce qui étoit néceffaire pour la conduire honnêtement & avec fûreté en Savoye, parce qu'elle vouloit folliciter encore fon beau-pere de la fecourir. Mais elle ne lui trouva plus la même volonté qu'il avoit eûë auparavant. Fâchée de cette mauvaise reception elle retourna à Rhodes, fans paffer par la France comme elle l'avoit resoluë. Pour Louis fon époux voïant ses

affaires défefperées, il s'en étoit retourné dans fon pays; &enfuite s'étoit retiré à Ripailles lieu de retraite AN. 1461. d'Amedée fon ayeul. Ce prince y acheva le reste de fes jours; mais Charlotte la femme plus courageuse, tâcha d'appaiser le foudan d'Egypte & Mahomet II. fans toutefois réüflir; au contraire elle perdit Cerine par trahison, Jacques s'empara de tout le roïaume & de Famagoufte même qu'il enleva aux Genois en la poffeffion defquels cette ville avoit été près de cent ans. Jacques fe voïant paisible possesseur du royaume qu'il avoit ufurpé, voulut mettre aussi le pape dans les interêts. Il lui envoya unecelébre ambaffade pour obtenir la qualité du roi très chrétien; mais ces ambaffadeurs furent très - mal reçus & renvoyez avec indignation. Le pape leur dit qu'ils avoient eu un grand tort de se charger d'une pareille commiffion, & que leur maître meritoit d'être traité en impie après le ferment détestable qu'il avoit fait au plus grand ennemi de la religion. Il vouloit parler du ferment que Jacques avoit fait au foudan d'Egypte, & que les Rhodiens lui avoient envoyé.

XLV.
Fin de l'empire

rend maître.

Le pape Pie II. écrivit au roi de France que Mahomet s'étoit rendu maître de Sinope & de Trebi- de Trebizonde zonde villes celébres de la Colchide & de beaucoup dont Mahomet fe d'autres, même de provinces entieres, donnant en échange quelques villes dans la Gréce aux princes qui fe foumettoient lâchement à lui. Telle fut la fin, Chalcondyl. hift. de l'empire de Trebizonde auquel les Comnenes Franz.l.3.c.275 avoient donné commencement il y avoit deux cens cinquante-fept ans lorfque les François prirent Conftantinople. David Comnene en fut le dernier empereur; il avoit fuccedé depuis peu à Jean son frere,

des Turcs, lib. 9.

Turco. Gracia

& s'étoit allié avec le roi de. Perfe auquel il donna AN. 1461. faniéce en mariage.Celui-ci aïant été amené enGrece

Sup. 7. cxI. n.83.

XLVI.

Conftantinople devient venale.

Spond. continuat. Annal.hoc an. 1461.

2. 18.

fut tué peu de tems après par l'ordre de Mahomet fur un faux foupçon de trahifon; fes fils éprouverent le même fort, quoique l'un d'eux eût embraflé le Mahometifme, & qu'ils furent tous beaux-freres. du grand feigneur. Joafaph patriarche de Conftantinople n'ayant pas voulu ratifier le divorce du grandmaître de la garderobe de l'empereur de Trebizonde avec fa femme légitime, pour époufer la veuve du prince d'Athénes, malgré le commandement que lui en fit Mahomet,s'attira la colere de ce fultan qui lui fit rafer la barbe: note d'infamie chez les évêques & les moines Grecs,& le dépofa du patriarchat. Il eut pour fucceffeur un nommé Marc qui étoit de Bizance: mais les clercs dont il étoit mortellement haï le chafferent. Quelques hiftoriens ajoûtent. qu'ils le lapiderent fur un faux bruit que fes ennemis avoient répándu, qu'il avoit donné de l'argent à Mahomet pour être promu au patriarchat.

II.

Simeon de Trebizonde grand hospitalier lui fucLe patriarchat de ceda, fans doute à force d'argent, puifqu'on lit que ceux de Trebizonde étant dans la faveur de Maho, met, vinrent à Constantinople, & offrirent au sultan. mille écus d'or qu'il reçût à la honte des Grecs, qui ayant été libres jufqu'alors dans l'élection de leurs patriarches, rendirent ainfi leur églife tributaire, & leurs dignitez venales. Tel fut le commencement du tribut qu'on nomma enfuite la pescherie, qui fe payoit tous les ans avec les augmentations qu'il plaifoit au grand seigneur d'y faire. Les femmes voulu rent auffi s'en mêler.Marie belle mere de Mahomet,

qui étoit chrétienne, augmenta ce tribut jusqu'à deux mille écus, enforte que le patriarchat ne fe don- AN. 1461. noit qu'au plus offrant. Simeon fut déposé pour mettre en fa place Denis du Peloponese disciple de Marc d'Ephese grand ennemi de l'églife Latine,& qui avoit tant paru au concile de Florence. Le même Simeon reprit le patriarchat, & ce même Denis y revint.. Après eux l'on compte un Raphaël & un Maxime fous lequel Mahomet mourut; le cardinal de Buffie étoit patriarche de Conftantinople pour les Latins, & Beffarion lui fucceda.

XLVII.
Lettre du pape au

Le pape dans la lettre qu'il écrivit à Louis XI. comme nous l'avons dit, après avoir représenté à ce roi de France. prince l'état déplorable des Chrétiens qui gemiffoient fous la tirannie des Turcs & des Sarrafins, & lui avoit fait comprendre que n'étant pas en état de les fecourir feul, il avoit eu recours à tous les rois & à tous les princes chrétiens, il ajoûte qu'il n'en avoit trouvé aucun qui pût le faire avec plus de fuccès que le roi de France, que Dieu venoit d'élever au gouvernement d'un royaume fi floriffant, après l'avoir fauvé des mains de ceux qui le perfecutoient qu'il devoit être reconnoiffant de ce bienfait envers la divine providence; enforte qu'ayant aboli la pragmatique sanction,rien ne devoit l'empêcher de s'employer entierement au fecours des Chrétiens, cette gloire lui étant comme heréditaire, parce qu'il n'appartient qu'aux François de vaincre les Turcs, de recouvrer la terre fainte, de fauver la foi, & d'honorer Péglife Romaine; qu'il pouvoit d'ailleurs le faire plus commodement que tout autre, étant en poffeffion d'un royaume paisible & fi puiffant, que toute l'Eu

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