Imágenes de páginas
PDF
EPUB

AN. 1457.

& feq.

jurerent contre fon calomniateur fans être arrêtez par la qualité d'oncle de leur prince. Le jour de faint Thus os cap. 58. Martin onzième de Novembre, Ulric étant avec le roi dans l'églife, ils l'appellerent dans un lieu écarté, & après quelques paroles fâcheufes entre lui & le fils Mort d'Ulric aîné d'Huniade, ils le tuerent à coups d'Epée. Le. roi de Hongrie fut fort irrité de cette attentat commis en fa préfence; mais la crainte de quelque fédition lui fit diffimuler fa colere, & l'obligea même

XX V.

Comte de Cilley.

Bohem. cap. 66. &

feq.

X X V I.

On tranche la tête au fils aîné d'Huniade.

de
promettre aux meurtriers de leur pardonner, &
de leur accorder fa bienveillance: mais fa promeffe.
ne fut pas fincere, & il cherchoit fecretement quel-
que occafion favorable dans laquelle il pût les punir
avec fûreté.

Elle se présenta bien- tôt après. Le roi étant à Bude dans le milieu du Carême de 1457. fit arrêter Ladif las meurtrier d'Ulric, fon frere Matthias, & quelEneas Sylvius, ques autres dans le palais; & trois jours après il fit p. 253. & hift. condamner le premier à perdre la tête publiquement fur un échaffaut. Ce jeune feigneur qui n'avoit tout au plus que vingt-quatre ans, alla au fupplice avec une contenance hardie, & vêtu d'un habit de drap d'or dont le roi lui avoit fait préfent. Etant arrivé au lieu de l'éxécution, il jetta la vûë de tous côtez fur le peuple, retrouffa fes cheveux qui étoient fort longs, & après avoir parlé en peu de mots pour fa juftification, il fe mit à genoux avec beaucoup de fermeté, fans faire paroître la moindre émotion, & préfenta fon col au boureau, qui saisi de peur, ou par un fentiment de compaffion de voir expirer fur un échaffaut un jeune feigneur fi bien fait, lui donna jufqu'à trois coups, fans l'avoir bleffé à mort.

Bonfin ibid.

Les hiftoriens rapportent qu'après le dernier coup il fe leva avec beaucoup de courage, prit Dieu & la ju- AN. 1457. ftice à témoin de fon innocence, & dit tout haut qu'il ne devoit plus être frappé, que le quatrième coup étoit défendu par la loi, & que Dieu avoit permis ce miracle pour marquer à tout le monde qu'il n'étoit point coupable. Mais quelques feigneurs préfens à ce fpectacle avec le roi, firent de grands reproches au boureau, & lui commanderent d'achever le criminel, & de lui couper la tête, qui ne tomba qu'au cinquième coup. Son corps qu'on couvrit aufli tôt d'un drap noir, fut porté à l'église de la Magdelaine, & de-là au lieu où les traîtres au roi avoient coûtume d'être inhumez. Mais fon oncle le fit ôter de cet endroit après la mort du roi, pour être enterré honorablement dans Albe en Transylvanie, & mis au tombeau de ses ancêtres. Matthias fon frere fut épargné à caufe de fon bas âge, & envoyé prifonnier à Prague, où il fut confié à la garde de Pogebrac gouverneur de Bohême. On lit toutefois dans Sponde que le roi de Hongrie l'amena avec lui à Vienne en Autriche, & le fit ferrer très-étroitement.

Le pape Callixte reçut dans le même tems des lettres de Hongrie, qui lui apprenoient que Mahomet II. avoit fait alliance avec le foldan d'Egypte, le caraman de Cilicie & les Tartares ; qu'ils assembloient tous une nombreuse armée pour venir une feconde fois affieger Belgrade, bien réfolus de ne point fe défifter de leur entreprise, qu'ils n'euffent pris la place; dût-on leur enlever pendant le tems qu'ils en feroient le fiége, la plus grande partie des états qu'ils poffedoient en Afie. Sur ces nouvelles

XXVII. Matthias autre

fils d'Huniade eft

mis en prifon. Spond. contin. an

nal. hoc an. 1457.

[ocr errors]

XXVIII.

Le roi d'Arragon

aux Hongrois.

Eneas Sylvius pist. 263. 266.

47S. 282.

Æneas Sylvius écrivit à Alphonse pour l'exhorter à AN. 1457. secourir les Hongrois; mais c'étoit parler à un fourd qui n'étoit occupé que de la chaffe où il avoit pensé refufe du fecours périr depuis peu en poursuivant un fanglier. Il lui étoit toutefois facile d'accorder le fecours qu'on lui demandoit, ayant une flotte toute équipée de plus de trente galeres, & de fept grands navires, avec beaucoup d'autres petits bâtimens. Il publioit qu'il partoit avec cette flotte pour la Catalogne, afin d'en revenir plus fort, & agir enfuite plus efficacement contre les Turcs. Mais les Genois, les Florentins, les Siennois appréhendoient qu'il ne voulût agir contr'eux, & la crainte des premiers étoit bien fondée, puifque cette flotte s'empara d'abord d'un navire de Genes richement charge, qui venoit de Chio. La ré publique pour s'en venger, envoya Jean-Philippe de Fiefque avec quatre vaiffeaux pour brûler ceux du roi d'Arragon dans le port de Naples; mais ce dessein fut fans fuccès.

XXIX.

Guerre entre Al

nois.

L'armée navale d'Alphonfe ayant remis à la voile phonie & les Ge- prit fix navires Genois à la hauteur de Monte-Crecelli. Ces commencemens étoient les préludes d'une plus grande guerre. Les confederez, pour en prévenir les fuites, effayerent d'accommoder le prince avec la république, mais ils n'y trouverent aucune difpofition. Alphonfe follicité par les bannis de Ge

nes,

réfolut d'affieger la capitale de cet état; & quelques propofitions que lui pût faire Perrin Fregofe qui en étoit alors Doge, il ne voulut écouter aucune voye d'accommodement, qu'auparavant Fregofe ne fe démît de l'autorité fouveraine, & ne la remît aux Adornes. Le Doge ne le voyant pas en étar

de réfifter, fit réfoudre la république à fe mettre

fous la protection de Charles VII. roi de France, AN. 1457auquel elle remit le château & les autres places importantes. Ce qui caufa dans la fuite une guerre qui dura très-long-tems.

Le pape de son côté ne négligeoit rien pour la défenfe de la religion contre les Turcs, quoiqu'il ne manquât pas d'affaires en Italie, ayant à s'opposer aux vexations de Piscinin & de quelques autres; il ne laiffa pas d'envoyer en Orient au cardinal d'Aquilée de l'argent & deux galeres, pour fe joindre' aux feize autres que ce cardinal y avoit déja conduites. Il invita tous les princes Chrétiens & principalement ceux d'Espagne à fe croiser contre les infideles. Les rois de Caftille & de Portugal firent publier la croisade dans leurs états. Alphonfe roi d'Arragon, pour montrer à tout le monde qu'il s'y dif pofoit, employa l'or qui lui venoit de la Guinée nouvellement découverte par fon oncle D. Henrique, à fraper des pieces de monoye qu'il fit nommer Loz cruzados, comme qui diroit les croifez. Mais voyant dans la fuite que le roi de Caftile & les autres princes Chrétiens ne fe difpofoient pas beaucoup à fatisfaire le pape, il fuivit leur exemple, y étant affez naturellement porté, & tourna fes armes contre les Maures d'Afrique.

XXX.
Zele du pape à

engager les princes

à la guerre contre

les

Turcs,

Juftification du

pape fur les plaindes Allemands. epift. 371.

Pendant que le fouverain pontife s'employoit avec XXXI. tant de zele, & toutefois fi peu efficacement à arrêter les progrez des Turcs, les Allemands continuoient tes à fe plaindre avec beaucoup d'amertume. 1. Qu'il les opprimoit en exigeant beaucoup plus d'argent qu'il ne devoit, fous prétexte de pourvoir aux frais de la

Eneas Sylvias,

guerre fainte. 2. Que le concordat étoit violé dans AN. 1457. Les élections des évêques & des abbez, & dans les reserves des benéfices. Le pape chargea. Æneas Sylvius de répondre à l'empereur fur ces plaintes, ce qu'il fit. Sa lettre eft du trente-uniéme Aoust.

XXXII. Æneas Sylvius

des Allemands.

Sur le premier article il dit, que le fouverain ponrépond aux plaintes tife n'a rien exigé ni demandé en fon nom, que les annates font dûes d'un droit fort ancien, qu'il étoit vrai que le pape n'avoit pas refufé l'argent qui lui avoit été donné pour les frais de la guerre contre les Turcs, mais qu'il ne l'avoit point mis dans fes coffres, qu'il ne l'avoit pas employé à fes plaifirs, que l'ufage qu'il en avoit fait, étoit pour la défense de la foi contre ceux qui la vouloient ruiner ; ce qui demandoit des dépenfes exceffives, foit pour fournir à Scanderberg les fecours néceffaires, foit pour l'entretien des nonces & des légats en differens païs, foit pour aider les Grecs & ceux d'Afie à fe défendre contre les invafions de Mahomet; enfin il repréfente que cette dépense n'a point été inutile; que le faint pere peut se glorifier en Jesus-Chrift d'avoir beaucoup affoibli la puiffance du Tuc, malgré la lâcheté de prefque tous les princes Chrétiens, & rendu fes efforts inutiles dans la Hongrie, lorsque la religion Chrétienne étoit menacée d'une ruine entiere; que fans les vaisseaux qu'il avoit envoyez à Rhodes, à Cypre, à Mitylene & dans d'autres ifles, les Chrétiens n'auroient pû refifter aux infideles; & ce qui eft à remarquer, que fon légat par fa bonne conduite, & par la force de fes armes, les avoit non-feulemenr défenduës, mais encore avoit converti un grand nombre d'habitans qui faifoient auparavant

« AnteriorContinuar »