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fecte, à Pogebrac dans le deffein d'établir fa puifAN. 1457. fance. Ils prévoïoient l'un & l'autre qu'ils ne pourroient en venir à bout pendant le regne d'un prince qui avoit toutes les qualitez néceffaires pour devenir un grand roi, & qui faifoit déja paroître des difpofitions fi peu favorables à leurs fentimens. Cette fâcheufe nouvelle arriva en France lorfque la princeffe fe difpofoit à partir pour la Bohême. Les ambassadeurs confternez de même que toute la cour, prirent congé du roi de France, & pafferent par Paris,où ils furent reçus le huit de Janvier de l'année suivante par les comtes d'Eu & d'Armagnac. Ils y affifterent à un fervice folemnel que le roi fit faire dans l'église de Notre-Dame pour le prince défunt, & continuerent leur chemin. Les autres ambaffadeurs qu'on avoit envoïez en Allemagne pour difpofer l'empereur à recevoir les propositions de paix, & pour concerter le projet d'une croifade avec le pape Callixte, furent obligez d'attendre de nouveaux ordres pour prendre Spond. contin. ad d'autres mefures. Sponde qui croit que Ladiflas avoit emmené à Vienne Matthias fils d'Huniade, ajoûte que le même jour que le roi d'Hongrie mourut, ce même Matthias fut conduit de Vienne à Prague, &. confié à la garde de Pogebrac gouverneur du roïaume de Bohême, qui le retint toûjours en prison jusqu'au tems de fon élection, qui arriva bien-tôt après.

bune ann. 1457. n.

10.

XXXVIII.

Portugal,

Jean, coufin germain du roi de Portugal, & neMort de Jean, veu du cardinal Jacques, mourut auffi cette année. On prétend qu'il fut empoifonné par la nourrice d'Helene reine de Chypre. Cette princeffe, après la mort de fon mari, avoit époufé Louis fils du duc de Savoye. Quelques auteurs ont écrit que le pape avoit

deffein de marier avec elle Pierre de Borgia fon neAN. 1457. veu, qui étoit gouverneur du patrimoine de faint Pierre, emploi dont il s'acquitta fort mal, & que dans le deffein de le voir un jour roi de Chypre, il avoit envoyé dans cette ifle un religieux Auguftin pour négocier cette alliance; en quoi il ne réuffit pas. L'ambition du saint pere pour l'avancement de ses parens, étoit si peu convenable à fon âge & à sa dignité, qu'elle lui fit perdre l'eftime d'un chacun.

La république de Venife fit auffi dans le même temsune perte confiderable dansla perfonne de François Fofcaro qui avoit été élû doge en 1423. après Thomas Mocenigo. Pendant fon gouvernement qui fut de trente-cinq ans, & qui lui fit beaucoup d'honneur, il battit plusieurs fois Philippe duc de Milan, prit fur lui les villes de Breffe & de Bergame, & fit beaucoup d'augmentation au domaine de la république, tant fur mer, que fur terre. Ce vénerable vieillard âgé de près de quatre-vingt-dix ans, ne laifoit pas de jouir d'une fanté affez forte pour gouverner l'état avec application. Cependant la répu blique, par une ingratitude fans exemple, le dépofa fous prétexte que fon grand âge le rendoit inutile à la république. François ne put fupporter une vie privée, le chagrin le faifit, & il mourut peu de tems après plein d'indignation contre fa patrie. Son fils aîné fut auffi perfecute: on l'accufa d'avoir tramé contre l'état, & il fut exilé; mais foit qu'on reconnût fon innocence, foit à force de follicitations, il fut bien tôt rappellé. A peine fut-il de retour qu'on l'accufa de nouveau, il fut mis à la question; mais n'ayant rien avoué, on le bannit dans le Peloponese.

XXXIX.

Fofcaro ancien do

ge

Mort de François de Venise.

En. Sylvius, Europ. cap. 5o.

où il finit malheureusement fes jours. Le gendre de AN. 1457. Foscaro gouverneur de l'ifle de Créte pour la répu blique, fut révoqué & condamné à une forte amen

XL. Défaite des Turcs par Scanderberg,

& le cardinal d'A

quilée.

En. Sylv. epift.

282. idem. Afiae

74.

de avec la peine d'exil. Un autre de fes fils nommé Pierre fe retira à Rome, où il fut nommé à l'évêché de Padouë, & fait enfuite cardinal en fecret par Paul V.

La Hongrie fut enfin délivrée des ravages des Turcs qui s'étoient rendus formidables dans ce roïaume. Scanderberg les battit en Albanie, & le cardinal d'Aquilée les traitta de même à Rhodes,& fur la mer Egée. Æneas Sylvius qui rapporte cette derniere défaite, parle du courage héroïque d'une fille de Lefbos, qui voyant que les Turcs avoient fait bréche à un des principaux bourgs de cette ille qu'ils affiégeoient, & que dans cette extrémité les Chrétiens étoient fur le point de s'enfuir, elle les encouragea par fon exemple; elle fe jetta fur les infidéles, armée comme un homme,& en tua quelques-uns avec tant de valeur, que les autres la fuivirent, défirent un grand nombre des ennemis, & les contraignirent de fe retirer. Les Turcs n'en furent pas quittes pour cet échec, ils furent auffi rudement traitez par le roi de Perfe. Ce prince que Chalcondyle appelle Cafanne le long, d'autres Uson- Caffan, Zuchazaunes felon Phranzès,aïant eu pour fon partage laCappadoce & l'Armenie,fe rendit auffi maître de la Perse, d'où il chafla les Tartares, & épousa la fille de l'empereur de Trebifonde, quoiqu'il fût MahomeLe roi de Perfe tan. Dans le deffein d'augmenter les états par la conquête de la Syrie & de l'Egypte, il entreprit,à la folSpond. ad ann. licitation du pape & des Venitiens, la guerre contre

XLI.

fait la guerre aux

Turcs.

1457.n. 16.

AN. 1457.

Platina in Calix

En. Sylv. ut fup.

les Turcs qu'il défit en deux combats. Enée & Platine
nous apprennent qu'il envoya fes ambassadeurs au
pape Callixte, & lui écrivit que c'étoit par les prieres
qu'il avoit remporté deux signalées victoires, & to III.
qu'il fe fouviendroit toute fa vie de ce bienfait qu'il
avoit plûtôt reçu de la main de Dieu, que de la part
des hommes. Mais ce fut Pie III. fucceffeur de Cal-
lixte, qui reçut fes ambaffadeurs : ce qui prouve
qu'ils furent envoyez avant que ce prince eût été
défait les Turcs dans une troifiéme bataille en
par

1461.

XLII. Concile tenu à..

Avignon par le cardinal de Fox.

Collect.concil. P.. Labbe. tom. 13. p.

On tint cette année un concile à Avignon par les foins de Pierre cardinal de Foix, archevêque d'Arles & légat d'Avignon. Il étoit affifté du cardinal Alain, de Robert archevêque d'Aix, de Pierre évê. que d'Apt, de Georges de Senez, Gaucher de Gap, Labbe Nicolas de Marfeille, Pierre de Digne, Pierre de Glandeve,Palamede de Cavaillon,Ponce de Vaison, Jean de Riez, Eftienne de Saint Paul-Trois- Châteaux, Michel de Carpentras, & Jean d'Orange. Le cardinal de Foix étoit François de l'Ordre des freres Mineurs, & avoit été promû à cette dignité par le pape Martin V. Il avoit affifté au concile de Conftance. Son but principal,en affemblant celui d'Avignon, fut de confirmer le décret du concile de Bafle touchant la Conception de la Sainte Vierge. On y défend étroitement à toutes fortes de perfonnes,fouspeine d'excommunication, de prêcher le contraire, ou d'en difputer en public; & on enjoint aux curez de publier ce décret & de l'annoncer à tous les fidéles, afin qu'aucun ne le puiffe ignorer. Ce concile. fut tenu dans la cathédrale d'Avignon le feptième de

XLIII. Réconciliation

du roi de France

Jean Chartier, bift. de Charles VII.

pag. 288. & fuiv.

Septembre de cette année, la troifiéme du pontificat

que

AN. 1457. de Callixte; & le manufcrit fe voit dans la bibliothé de l'évêché de Vaison, suivant le pere Labbe. En France depuis la retraite du dauphin,le roi s'étoit affuré de toutes les places du Dauphiné, avoit avec le dauphin. renforcé les villes frontieres du duc de Bourgogne, défendu à tous les habitans de ces quartiers-là d'avoir aucun commerce avec fon fils, & de le recevoir en aucune maniere fans fa permiffion. Ces démarches intriguerent fort le duc de Bourgogne, qui craignoit que le roi ne voulût faire élever fon fils dans fes états; ce qu'il n'auroit jamais fouffert. C'est ce qui lui fit prendre le parti de travailler à la réconciliation du pere & du fils. Il envoya pour ce fujet à la cour de France Jean de Croy & Simon de Lalain, qui après avoir justifié la conduite du duc de Bourgogne à l'égard du dauphin, & loüé beaucoup la bonté du roi pour recevoir fon fils en grace, lui représenterent le deffein que le dauphin méditoit d'aller en Hongrie contre les Turcs, & demanderent les troupes & l'argent néceffaires pour ce voyage. Le roi leur répondit qu'il avoit approuvé la conduite du duc de Bourgogne, qu'il étoit prêt à recevoir fon fils, quand il voudroit rentrer dans fon devoir, pourvû qu'il n'eût pas certaines perfonnes à fon fervice; qu'enfin pour ce qui concerne le voyage de Hongrie, la fituation des affaires du roïaume ne permettoit pas que le dauphin le fit,attendu que les Anglois ennemis du roïaume, profiteroient de l'abfence de la nobleffe & des troupes qui devroient accompagner fon fils, à qui il convenoit de faire ce voïage avec un équipage&une fuite proportionnée à fa qualité d'héritier préfomptif

de

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