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heur d'apprendre que la flotte Bourguignonne avoit été battuë d'une fi violente tempête, qu'une partie AN.. 1470. des vaisseaux avoit péri, & l'autre avoit été difperfée. Ce qui fut caufe que le comte alla furement débarquer à Darmouth avec fes troupes, fans qu'on s'oppofât à fa defcente. Il ne fut pas plûtôt forti de fon vaiffeau, qu'il lui vint des officiers & des foldats de toutes parts, ce qui lui fit une armée considerable de plus de foixante mille hommes, avec laquelle il fe mit en marche pour aller chercher Edouard, & le combattre. Celui-ci ne laiffa pas d'affembler des troupes plus nombreuses aux environs de Nottingham, d'où il vint camper proche de Linnes, place assez forte fur le rivage de la mer. Warvick qui l'avoit suivi, vint auffi camper à trois lieuës, de lui, faifant crier par-tout: Vive le roi Henri. Edouard entendant ces cris, & apprenant que le marquis de Montaigu en qui il s'étoit fié jufques-là, étoit des premiers à fouhaiter le retour de Henri; tout lui rut fi defeperé, qu'il prit le parti de paffer la mer. Ce parti tendoit à lui faire aller chercher du fecours chez les étrangers; mais Comines ajoute que ce qui l'y détermina, fut le deffein de gagner le duc Clarence, & de le détacher du comte de Warvick dont il étoit gendre. Le duc y étoit déja difpofé, il ne s'agiffoit que de menager fon rétablissement, & le même auteur dit qu'une demoiselle domestique de la ducheffe de Clarence, qui étoit demeurée en Angleterre lorsque sa maîtreffe en partit, fut gagnée par Edouard, & envoyée en France fous prétexte d'y aller joindre la ducheffe. Vaucler trompé la laissa pasfer à Calais. La demoiselle vit le duc de Clarence, Tome XXIII. Rr

pa

à

LXX. Edouard travaille

gagner le duc de Clarence fon frere. Mem. de Comines, liv. 3. ch. 5.

lui parla fortement fur fes interêts, & fe fervit de AN. 1470 raifons fi plaufibles, qu'il y donna les mains; la réconciliation fe fit avec tant d'adreffe, que ni le politique Louis XI. ni l'habille reine Marguerite, ni le comte tout penétrant qu'il étoit,ne s'apperçurent de rien. La réconciliation ainfi menagée, Edouard partit d'Angleterre, s'embarqua avec le duc de Gloceftre fon frere & quelques amis avec fix cens foldats d'escorte; étant en pleine mer, il fut découvert par les Ostrelins, ( c'est le nom que Comines donne à certains pirates qui étoient les ennemis déclarez des Anglois, ils ne l'eurent pas plûtôt apperçu, qu'ils vinrent à lui à toutes voiles avec huit gros vaiffeaux. Edouard fut obligé de fuir, & arriva en Hollande avant qu'ils euffent pû le joindre. Mais la mer étant basse il ne put entrer dans le port,ce qui donna lieu aux Oftrelins de s'approcher & de jetter l'ancre affez près de lui, dans le deffein de le joindre à la marée prochaine. Il tomboit entre leurs mains, fi le feigneur de Grutufe gouverneur pour le duc deBourgogne en Hollande, n'eût défendu à ces pirates de lui faire aucun mal. Il alla trouver le roi dans fon vaisseau, donna plusieurs habits à ceux de sa suite Il arrive à la Haïe qui étoient prefque nuds, & défraïa Edouard jusqu'à la Haïe où il le conduifit.

LXXI.

en Hollande.

,

fa

Un fi bon accuëil fit efperer à ce roi malheureux quelque changement de fortune, mais il n'étoit pas encore tems; il apprit au contraire que la ville de Calais s'étoit déclarée pour Henri, que Vaucler lui Mem. de Comines, avoit manqué de parole, & même que le duc de Bourgogne étoit affez embarraffé de le voir dans fes états, quoiqu'il fût fon beau-frere, ayant déja la

ut fuprà.

LXXII.
Le comte de War

vick rétablit le rot

Henri fur le trône.

Polyd. Virgil. Lifti

Anglic. lib. 24.

guerre avec la France, & ne voulant pas s'attirer les forces d'Angleterre; ce qu'il ne pouvoit toutefois AN. 1470. éviter en protegeant contre Henri celui qui venoit d'être chaffé du royaume. Le duc étoit fi peu difpofé à s'embarraffer dans ces affaires, qu'il cherchoit à appaifer le comte de Warvick, dans la crainte qu'il ne portât les armes en Flandre, après avoir pacifié l'Angleterre, & rétabli Henri fur le trône; ce qui étoit déja bien avancé, l'absence d'Edouard ayant fait changer de face aux affaires. En effet tout ceda alors au comte de Warvick, il mena fon armée à Londres, il y tira de prifon le roi Henri, le conduifit à l'évêché où quelques jours après il l'alla prendre pour le mener à la cathédrale, revêtu des habits royaux, & précedé de prefque tous les grands du royaume. Cette cerémonie fe fit le treiziéme d'Octobre de cette année 1470. & fut fuivie de la convocation d'un parlement, dans lequel Edouard fut déclaré traître & ufurpateur de la couronne, fes biens confifquez, les édits rendus en fon nom annullez,la royauté confirmée à Henri & à tous les defcendans mâles, à leur défaut au duc de Clarence qui fut déclaré gouverneur du royaume, conjointement avec le comte de Warvick fon beau- pere, parce qu'on n'étoit pas encore informé de la désertion qu'il méditoit; enfin tous les partifans d'Edouard furent déclarez criminels & dignes de mort. La reine épouse d'Edouard s'étoit retirée dans Veftminster où elle mit au monde son fils aîné, auquel on donna le nom de fon pere, & qui devint la malheureuse victime de l'ambition des Lancaftres.

LXXIIL

Matthias irrité contre le roi de Pologne de ce qu'il Le pape refufp

AN. 1470.

de confirmer le fils

du roi de Pologne roi de Boheme.

Cromer, lib. 17.

Du Brav. l. 30.

LXXIV.
Le pape réduit le

avoit fouffert qu'on nommât fon fils Uladiflas pour
fucceder à Pogebrac, & regardant cela comme un
affront qu'il lui faifoit, s'en plaignit amérement au
pape. Cafimir de fon côté follicitoit le faint pere de
confirmer l'élection de fon fils; mais il ne put l'ob-
tenir, Paul II. lui envoya Alexandre évêque de Forli
pour
lui remontrer que Matthias ayant été choisi
pour roi de Boheme, & le faint fiége ayant d'ailleurs
de grandes obligations à ce prince, il ne pouvoit
rien faire à fon préjudice. Il l'exhortoit même à pren-
dre les armes contre Pogebrac. Dans le même tems
Cafimir reçut des Ambaffadeurs de Frederic, qui fe
plaignoit que Matthias avoit voulu foulever les peu-
ples d'Autriche contre lui pendant fon séjour en Ita-
lie. Ces ambassadeurs n'oublierent rien pour perfua-
der au roi de Pologne qu'il étoit de fan interêt de
foutenir les droits fur la Boheme,& l'affurerent qu'il
feroit maintenu dans la poffeffion de ce royaume.
Cafimir flatté de cette efperance, exhorta les Bohé-
miens qui étoient dans le parti de Matthias, à se ré-
concilier avec Pogebrac. Il le fit dans des conjectu-
res affez avantageufes. Le roi d'Hongrie venoit d'ê
tre battu par George, & avoit été obligé de fe refu-
gier honteufement dans les montagnes de la Bohe-
me. Cafimir pour montrer qu'il ne prenoit pas
parti de Pogebrac à cause de fa religion, comme on
l'en avoit accufé, exhortoit en même tems ce prince.
à embraffer la vraie religion, & à fe foumettre à l'é-
glife & au faint fiege; & peut-être que George l'eût
fait, fi Roquefane ne l'en eût pas détourné..

le.

Le pape croyant le jubilé fort utile aux fideles qui jubilé à tous les 25. le regarderoient comme un fupplément de la péni

aps.

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AN.

1470.

Ext. Bull. to. I.

tence qu'ils ne pourroient accomplir, & qui feroient néanmoins de leur côté tout ce qui dépendroit d'eux pour satisfaire à la justice de Dieu, voulut abreger le tems où on accordoit ces indulgences. Boniface VIII. instituteur du jubilé avoit premierement reglé Paul. II.conflitut.7. ce tems pour le commencement de chaque fiécle, c'est-à-dire tous les cent ans: Clement VI. le réduifit à cinquante, & Urbain V. à trente-trois. Paul II. voulut qu'il fût celébré dans la fuite tous les vingtcinq ans, à commencer l'an 1475. de ce fiecle. Sa bulle eft du 19. d'Avril 1470.

LXXV. On punit en France le comte d'Ar

Le roi Louis XI. averti que Jean comte d'Armagnac qui s'étoit diffamé par le mariage inceftueux qu'il avoit contracté avec la propre fœur, cabaloit magnac. encore avec le duc de Bourgogne contre l'état, ne fut pas fâché de trouver cette nouvelle occafion de le punir de fes anciens crimes. Il envoya le feigneur de Chabannes avec des troupes pour châtier ce rebelle. Le comte furpris fe fauva à Fontarabie, & abandonna fes états qui furent faifis par le roi. On lui fit fon procès, & il fut condamné à la mort par un arrêt du parlement. Il rentra depuis en poffeffion de fon comté à la faveur du duc de Guienne, mais ce ne fut que pour y périr malheureusement.

Louis XI. n'avoit pas oublié l'affaire de Peronne, & il auroit été bien aife de trouver l'occafion d'en tirer vengeance; mais il ne pouvoit le faire sans déclarer la guerre au duc de Bourgogne, à laquelle il n'étoit pas d'humeur de s'engager. Il prit le parti de fufciter une révolte genérale dans tous les états, d'animer contre lui fes fujets qui n'étoient pas fort dif posez en sa faveur ; & les gens qui compofoient fon

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