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IV.

Celles à cinq lieues de Savones, & difent qu'il avoit été lui-même pêcheur ou marinier, quoiqu'Onuphre AN. 1471. le faffe iffu d'une maifon noble, contre le fentiment Onuphr. in Sixt. de Bernard Juftiniani envoyé par les Venitiens pour lui rendre obéïffance, qui le loue feulement d'être noble par fa vertu & par fon érudition ; & non pas par fes ancêtres. Peut-être eft-il arrivé que la noble famille de Roueres voyant un pape de fon nom a voulu fe faire honneur en l'adoptant, pour ainfi dire. Il avoit été cordelier & général de fon ordre, & ce fut à la recommandation du cardinal Beffarion que Paul H. le fit entrer dans le facré college.

XCVII. L'inveftiture du'

donnée à Borfo.

Paul II. quelques mois avant fa mort avoit donné l'inveftiture du duché de Ferrare à Borfo marquis duché de Ferrare d'Efte, duc de Modene, qui avoit rendu de grands fervices à l'églife. Ce prince fit dans Rome une entrée fi magnifique, qu'on ne fe fouvenoit point d'en avoir vû de femblable. Il marcha depuis la porte Flaminienne jufqu'au palais du pape au milieu de deux cardinaux, accompagné de François de Gonzague prince de Mantouë. Le pape le couronna le quatorze d'Avril jour de Pâque, en qualité de duc de Ferrare. Cette cérémonie fe fit durant la meffe. Jufqu'alors il avoit joui de Ferrare comme vicaire du faint fiége,. & ce fut Paul II. qui l'érigea en duché pour en inveftir ce Borfo, à qui l'empereur Frederic avoit déja donné Modene & Reggio avec pareil titre. Il ne jouit pas long-tems de celui du duc de Ferrare, puifqu'il Mort de ce Bormourut environ quatre mois après le vingtiéme d'Août, & fut enterré avec beaucoup de pompe & de magnificence dans le monaftére des Chartreux qu'il avoit fondé à Ferrare. Comme il ne s'étoit points

4

XCVIII.

fo duc de Ferrare.

1

A N. 1471.

XCIXr
Mort de George

Bohème.

marié, & qu'il ne pouvoit par confequent laiffer de pofterité; Hercule fon frere naturel fut fon fuc

ceffeur.

George Pogebrac roi de Bohéme mourut auffi Pogebrac roi de cette année le vingt-deuxième de Mars. Se voyant Cochlée hift. Huf déposé par le pape, maltraité par Matthias roi de Michou 1.4. cap. Hongrie, & abandonné d'une partie des fiens,

fit. lib. 13. fub fin.

62.

C.

·4.

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il

eût bien voulu au moins fe choifir un fucceffeur à fon gré; mais ce choix n'eut pas fervi de beaucoup. Il vouloit cependant le faire. Tantôt il fouhaitoit que ce fût le roi de Pologne, pour s'acquitter de la parole qu'il lui en avoit donnée; tantôt il panchoit du côté de Matthias roi de Hongrie, dans l'efperance de procurer la liberté à son fils Victorin; tantôt il penfoit à fe réconcilier avec le pape qui l'avoit excommunié & dépofé. La mort le délivra de ces inquiétudes. Il fut inhumé à Prague dans le tombeau des rois, mais fans beaucoup de cérémonie. Roquefane étoit mort quelque tems auparavant, mais on ne fçait pas précisement la date.

Après la mort de Pogebrac les Bohémiens convinrent de lui donner pour fucceffeur Uladiflas fils aîné du roi de Pologne, & de la fœur de Ladillas, qui n'étoit âgé que de quinze ans. Son pere l'envoya auffi-tôt en Bohéme avec une puiffante armée, parce qu'il appréhendoit Matthias roi de Hongrie, qui fouffroit avec beaucoup de chagrin cette élection, parce qu'il avoit déja été nommé à ce royaume de I-auorité du pape & de l'empereur par les Bohémiens catholiques, du vivant de George.

Matthias fe trouvoit alors dans des circonstances Foi de Pologne lui assez fâcheuses & peu propres à se faire de nouveaux

Uladiflas fils du

1uccede.

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ennemis. Les Turcs faifoient des préparatifs pour s'emparer de la Hongrie; les évêques & les grands de fon royaume s'étoient révoltez; il y avoit une confpiration formée contre lui, à caufe des impôts exceffifs qu'il mettoit fur les sujets, & de la dureté avec laquelle il les traitoit, déja même on avoit of fert fa couronne à Cafimir II. fils du roi de Pologne. Malgré ces contre-tems, Matthias ne paroiffoit fenfible qu'à l'affront qu'il venoit de recevoir des Bohêmiens. Pendant que fon propre royaume étoit à deux doigts de fa perte, il n'étoit occupé qu'à fe venger du refus qu'on lui faifoit d'un autre qu'il ne pouvoit poffeder, & qu'il ne lui étoit pas plus dû qu'à un autre prince. Il fit aux Bohêmiens tout le mal dont il fut capable. Enfuite fe tournant vers ce qui devoit le toucher davantage, il s'appliqua a chaffer le jeune Cafimir de Hongrie, & il réuffit.. Les Bohêmiens ne laifferent pas de couronner Uladiflas, qui fut facré à Prague le vingt-uniéme du mois d'Août par les évêques Catholiques, & ce prince fçut fe maintenir dans la poffeffion de fon

royaume.

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CI. Edouard revient en Angleterre avec un fecours du duc de Bourgo

gne.

Pelyd. Virgil. b..

Edouard follicitoit toujours le duc de Bourgogne de le fecourir; mais ce duc qui craignoit d'offenfer les Lancastres dans un tems où ils étoient maîtres de P'Angleterre & alliez avec la France, ne fe preffoit pas de lui accorder ce qu'il défiroit, & traitoit toûjours, Angl. b. 24Henri comme le roi légitime. Edouard ne ferebuta, point: il engagea la ducheffe de Bourgogne fa faur de preffer le duc fon époux de lui donner fecours. Ce moyen lui réuffit. Le duc partit avec trois cens mille florins & trois vaiffeaux escortez par ces piral

tes qu'on appelloit Oftrelins, qui s'obligerent moyenAN. 147. nant une fomme d'argent de ne point quitter ce monarque dans fon paffage, & de demeurer encore avec lui quinze jours aprés fon débarquement. Il fit donc voile, n'ayant gueres plus de deux mille hommes à mettre à terre avec lui, & vint heureufement débarquer en Angleterre. Le comte de Warvick n'étoit pas à Londres, des affaires importantes l'ayant appellé au nord du royaume où il avoit mené fes troupes. Le duc de Clarence qui étoit auprés de Henri, le quitta fous pretexte d'aller s'opposer à Edouard; mais il fit tout le contraire, il alla joindre son frere avec tout ce qu'il put débaucher de foldats, & abandonna fans menagement le parti de Henri. Avec tous ces avantages Edouard marcha droit à Londres dont on lui ouvrit auffi-tôt les portes. Il fe faifit de Henri qu'il fit remettre dans la tour fans que perfonne s'y opposât.

CII.

all

Edouard va devant du comte

battre.

Polid. Virg. hift.

Angl. 1. 140

Edouard aprés s'être arrêté deux jours dans Londres, en partit avec les partifans pour aller au-dede Warvic pour le vant du comte de Warvik qui s'avançoit à grandes journées. Les deux armées fe trouverent en prefence proche d'un lieu nommé Barner entre Londres & Saint-Albans, Warvick piqué de la désertion du duc de Clarence, aima mieux rifquer la fortune, que de differer fa vengeance; & fans attendre la jonction des troupes que Marguerite arrivée avec son fils & le comte de Pembrock avoit amenées en France, il voulut abfolument fe battre, & cette imprudence lui fit perdre la bataille & la vie. Le comte attaqua le premier, & le fit avec tant d'ordre & de valeur qu'au premier choc il eiça pjufqu'au bataillon d'E

douar d

douard qui eut besoin de tout fon courage pour fe dégager. La victoire balança long-tems des deux côtez; mais un corps de referve qu'avoit Edouard,donna fià propos, & fut fi vivement animé par l'exemple de leur roi, que le comte qui n'avoit pas de troupes fraîches pour y opposer, fuccomba & fut tué avec plus de dix mille des fiens, & le marquis de Montaigu fon frere. Cette bataille fe donna le quatorziéme d'Avril jour de Pâques. Après cet exploit Edouard alla lui-même à Londres où il fit expofer dans faint Paul les corps du comte de Warvick & de fon frere, avant qu'on leur rendît les honneurs de la Lépulture.

Mais il avoit encore une autre armée à vaincre, & c'étoit celle du prince de Galles qui étoit accompagné de fa mere, de tous les princes de fa maison, & de tous les amis de Lancaftre; ce qui faifoit, selon Comines, une armée de quarante mille hommes. Il falut donc en venir aux mains. Le duc de Glocef tre qui commandoit l'avant-garde de l'armée d'Edouard, attaqua le duc de Sommerfet, & le chargea avec tant de vigueur, qu'il le défit ; cette premiere action mit le défordre dans le camp de la reine, & l'arrivée du roi acheva ; il avoit fuivi de près son frere; on combattit long-tems avec affez de valeur, pour avoir la gloire de s'être bien défendu, mais toujours avec trop de confufion parmi des troupes de la reine, pour efperer de vaincre. La victoire demeura à Edouard, & le prince de Galles y perdit la vie sous un tas de morts, à l'âge de dix-huit ans, à ce que dit Comines ; quoique Polydore Virgile affure que ce jeune prince fut fait prifonnier,& qu'étant interrogé Tome XXIII,

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