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Cabrera, partit déguisée en paysanne pour aller AN. 1473. trouver labelle; & lui ayant fait part des favorables difpofitions où le roi fon frere fe trouvoit pour faire une réconciliation parfaite, elle la mena avec elle au château de Ségovie, où le frere & la fœur fe virent.

XVIII.

Perpignan fe fou levent contre les François.

La réconciliation fe fit d'affez bonne grace, pour croire qu'elle feroit conftante. Le marquis de Villena aufli-tôt après alla trouver le duc d'Albuquerque favori de la reine, pour chercher avec lui les moïens de broüiller de nouveau Henri & Isabelle ; mais Ferdinand d'Arragon ayant été mandé par fon épouse, & le roi l'ayant très-bien reçu, tous les efforts des ennemis de la paix furent inutiles. Ils ne s'arrêterent pas pour cela; fâchez que leurs intrigues n'euffent produit aucun effet pour jetter la division entre le roi & fa fœur, ils eurent recours à la violence, & jetterent quelques troupes dans Ségovie, pour fe se saisir de Ferdinand; leurs entreprises furent décou vertes; Cabrera pourvut à la fûreté de la ville, & le prince d'Arragon s'en retourna fans courir aucun rifque auprès du roi de Portugal fon pere, qu'il trouva engagé dans une nouvelle guerre.

,y

Les officiers que le roi de France avoit établis dans le Rouffillon, y avoient fait des exactions extraordinaires. Dom Juan roi de Navarre en envoya faire des plaintes à ce prince, qui répondit qu'on n'avoit qu'à lui rembourfer l'argent qu'il lui avoit prêté, ou lui ceder la proprieté de ces deux comtez de Rouffillon & de Cerdaigne. Dom Juan ne voulant faire ni l'un ni l'autre, alla, à Perpignan fur la nouvelle qu'il reçut que les habitans s'étoient foule

vez. Il y fut affiégé par l'armée de France; mais les foldats François furent chargez, & il y en eut plu- AN. 1473. fieurs de tuez. On ne laiffa pas de faire le fiége de la ville dans les formes, & de la réduire à une extrême mifere en lui coupant les vivres, & mettant le feu aux bleds qui étoient encore fur terre. La préfence du roi d'Arragon qui y étoit en perfonne, & fon fils Ferdinand foutinrent le fiege avec tant de valeur, que l'armée de France fut obligée de le lever. Il fe fit une trève de fix mois, & les François fe retirerent; mais les fix mois expirez Louis XI. fit recommencer le fiége, & prit la ville.

XIX. Voyage du duc de

Brutus, hift.
Florent. 1. S.

Louis Sforce duc de Milan vint dans les fêtes de la Pentecôte à Florence pour s'acquitter d'un vœu Milan à Florence. qu'il avoit fait. On le reçut avec beaucoup d'honneur & de pompe. Pour rendre la cérémonie plus magnifique, quelques jeunes gens voulurent repréfenter la defcente du Saint-Efprit par quelques flammes qu'ils firent descendre en forme de langues de feu du haut de l'église cathédrale. Pendant que le peuple étoit attentif à ce spectacle, une de ces flammes s'attacha au toît de l'édifice, & fe répandant en plufieurs endroits confuma prefque tout le bâtiment, quelque foin qu'on prêt pour éteindre ce feu. Sforce de retour à Milan reçut une ambaffade des Genois. François Marquefe jurifconfulte en étoit le chef; ne pouvant parler au duc, parce qu'il étoit d'un trèsdifficile accès, & qu'il fçavoit que le fujet de la députation étoit pour fe plaindre des vexations qu'il exerçoit contre les Genois, dont il étoit fouverain, il fe contenta de lui envoyer un petit panier rempli d'une plante qu'on nomme Bafilic. Le duc le fit Ccc iij

AN. 1473, ce présent.

X X.

Mort de Jean Ju

venal des Unfins

archevêque, de Reims.

de la Cafa Urfina.

Rem.

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venir auffi-tôt pour fçavoir de lui ce que fignifioit
préfent.,, Prince, lui dit Marquefe, je suis venu
devant vous comme ambaffadeur des Genois dont
„les efprits ressemblent affez à cette plante, laquelle
touchée legerement répand une odeur agréable,
& qui preffée & foulée produit des fcorpions.
Le duc fut fi content de cette répartie, qu'à l'ave-
nir il traita les Genois avec beaucoup plus de mo-
dération.

رو

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"

La France perdit dans cette année Jean Juvenal des Urfins archevêque de Reims, frere de Guillaume des Urfins baron de Traifnel & chancelier de Sanfovin.genealog. France. Après s'être diftingué dans la charge de maîS. Marth, Gallia tre des requêtes & dans d'autres emplois, il embrafthriftian, de arch. fa l'état eccléfiaftique, & fut évêque de Beauvais, de Laon, puis archevêque de Reims après fon frere Jacques dans l'année 1461. Il facra le roi Louis XI, & fut nommé avec quelques autres prélats par l'autorité du pape Callixte III. pour informer de la fentence injufte prononcée par les Anglois contre Jeanne d'Arc, connuë fous le nom de la Pucelle d'Orleans, Il tint auffi un concile. Il mourut le quatorziéme de Juillet 1473. âgé de quatre-vingt cinq ans, & fut enterré dans fon églife. Il a écrit une histoire du regne de Charles VI. roi de France, depuis l'an 1381. jufqu'en 1422. que Theodore Godefroi avocat au parlement, a donnée in-4°. en 1614. & que Denis fon fils hiftoriographe du roi, a publiée in-folio, avec des augmentations en 1653. Quelques auteurs ont écrit que Jean Juvenal des Urfins avoit été chancelier de France après fon frere : mais c'est sans fondement, on l'a confondu avec Guillaume fon frere,

qui fut privé de cette dignité par Louis XI. à fon avenement à la couronne & qui fut rétabli en

1465.

,

Sur la fin de cette année, le vingt-uniéme de Décembre, mourut auffi à Viterbe dans la cinquantecinquième année de fon âge, le cardinal Nicolas Fortiguerra évêque de Theano, né à Piftoïe dans la Toscane, où fa famille étoit des plus confiderables. Les papes Eugene IV, & Nicolas V. lui donnerent diverfes commiffions dont il s'acquitta avec fuccès. Pie II. qui étoit fon parent du côté de fa mere, le voulut avoir auprès de lui, & lui donna l'évêché de Theano. Depuis il l'envoya légat à Naples, pour traiter avec Ferdinand des conditions fous lesquelles il devoit recevoir l'inveftiture du royaume de Naples. Fortiguerra fit rendre Benevent & Terracine aut faint fiége, & conclut le mariage d'Antoine Piccolomini néveu du pape, avec une niéce de Ferdinand, à laquelle ce prince donna pour dot le duché de Melfi & le comté de Cellano. On ajoute que dans cette occafion l'évêque de Theano eut affez d'adreffe pour faire transcrire divers titres qui prouvoient que ce roïaume étoit tributaire de l'églife. Il reçut le chapeau de cardinal en 1460. & quelque tems après il fut mis à la tête des troupes eccléfiaftiques, pour s'opposer aux ennemis du faint fiége. Il enleva Fano aux Malateftes, avec diverses autres places dans la Romagne & dans la Marche d'Anconne, & les obligea à venir demander la paix. Il fe trouva à l'élection de Sixte IV.

Le troifiéme de Janvier de l'année fuivante 1474. le pape perdit Pierre de Riario un de fes neveux,

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549.

Coriol. p. 6,

Qnuphr. in chron.

qu'il avoit élevé depuis peu au cardinalat. Quelques AN. 1473. hiftoriens ont cru qu'il avoit été empoisonné. On Ciacon. in Sixt. IV. l'enterra dans l'églife des douze Apôtres, & le pape Papienf. epift. 548. qui affifta à fes obfeques pleura beaucoup fur fon tombeau, s'écriant qu'il avoit perdu fon bien aimé, & celui fur lequel il fondoit toutes fes esperances. Pierre laiffoit un frere nommé Jerôme, que le pape aimoit auffi, & qui eut toute fa faveur après lui Sixte le fit prince d'Imola & de Forli. Jerôme n'avoit pas autant de douceur que fon frere, mais aussi il n'étoit pas adonné comme lui aux plaifirs. De tous les divertiffemens il n'aimoit que la chaffe. Il épousa Catherine fille naturelle du duc de Milan, & en faveur de ce mariage, le frere du duc fut créé cardinal. Le pape donna le titre de patriarche de Conftantinople que Pierre avoit eu, à Jerôme Landi Venitien, archevêque de l'ifle de Candie, qui avoit rendu de grands fervices à l'églife.

XXIII.

Dannemarck à

que

d'entre

Christiern roi de Dannemarck vint au commenVoyage du roi de cement de cette année à Rome. Avant prendre ce voyage, qu'il vouloit faire par dévotion, Papiens.epist. 556. il en écrivit au pape, & lui manda que fon inten- . tion étoit d'aller recevoir fa bénediction. Le cardi

Rome

nal de Pavie lui répondit au nom du pape, que la nouvelle de fon voyage avoit caufé une grande joye, qu'il pouvoit être perfuadé que l'on feroit tout ce que l'on pourroit pour le recevoir avec dignité, & qu'on envoïeroit au-devant de lui jufqu'aux extrémitez de l'état eccléfiaftique. Chriftiern partit accompagné d'un grand nombre de feigneurs Danois vêtus en pelerins, & il fut reçu par-tout avec magnificence. La cour de Rome tint la parole que le cardi

nal

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