Imágenes de páginas
PDF
EPUB

d'apareil; ceux du duc de' Savoye, & beaucoup d'autres. Les Venitiens furent les derniers de toute l'Italie. Informez que tant de princes avoient envoyé leurs ambassadeurs, & qu'on attendoit au premier jour ceux de France, ils fe piquerent d'honneur, & firent des offres fort genéreuses; mais ils mirent cette condition, que tous les princes chrétiens feroient unis dans cette entreprise.

AN. 1459.

les

CVIII.

Le pipe affemble

princes & les ambaladeurs dans

l'églife cathédrale.

L'affemblée étant devenue par-là fort nombreuse, quoique les François ne fuffent pas encore arrivez; le pape les convoqua tous dans l'église cathédrale le vingtiéme de Septembre,parce que la premiere séance indiquée le neuviéme, avoit été differée jusqu'à ce jour, comme le prouve la date du difcours du pape rapporté parmi fes lettres. Il voulut leur parler à tous avant le départ du duc de Milan, qui ne pouvoit pas faire un plus long féjour à Mantouë, & les exhorter à l'exécution de la bonne œuvre pour laquelle ils étoient affemblez. On commença par la celébration Aneas Sylu epift. de la meffe, après laquelle il y eut encore de nouvelles difputes fur la préféance entre les Venitiens & les Savoyards. Ceux-là vantoient beaucoup leur puiffance & l'antiquité de leur feigneurie; ceux-ci fe fondoient fur leur nobleffe & fur la coûtume. Le pape voyant que l'affaire devenoit sérieuse, & qu'on étoit même venu aux querelles, qu'Urface Justinien ambaffadeur de la république prenoit la chose avec beaucoup de chaleur, fit affeoir les Venitiens après les ambaffadeurs du duc de Bourgogne, & les Savoyards au pied de fon trône.

397.

CIX.

pape à l'affembléc

Après avoir ainfi appaisé ce differend, il impofa Autre difcours du filence, & parla pendant trois heures. Il fit voir que de Mantous.

Collect concil. P. Labbe tom. 13. P. 1751.

397.

En. Sylv. epift.

cette guerre à laquelle il exhortoit tous les princes, AN. 1459. étoit non-feulement avantageufe,mais encore facile, juste & nécessaire. Il offroit pour l'entreprendre & fa perfonne & tout ce qui lui appartenoit. Îl affura qu'il ne refuferoit rien de tout ce qu'on jugeroit à propos qu'il fit, & ne demanda pour le préfent aux princes qu'une volonté ferme & conftante de fervir la religion, & de garantir la foi du péril, promettant de prendre dans la fuite les méfures néceffaires pour la levée de l'argent, pour le choix des genéraux, pour l'équipage des flottes, & pour le tems de l'expédition. Ce qui ne lui feroit pas difficile, ajoûta-t-il, puifqu'on ne manque ni d'armes, ni de chevaux, ni d'argent, ni de vaiffeaux, ni de bons foldats, ni de chefs experimentez. Tout ce qui manquera fans doute, sera la bonne volonté. Le fouverain pontife fut écouté avec une fi grande attention, qu'on ne perdit pas un mot de fon discours.

CX.

Le cardinal Beffa

даре.

Après que le pape eut parlé, le cardinal Bessarion rion parle après le prit la parole au nom du facré collége, & fon difcours fut prefque auffi long. Il s'étendit beaucoup fur les grandes pertes que les chrétiens avoient faites à la prise de Conftantinople, & fur les maux qui en arriveroient infailliblement, fi l'on ne s'oppofoit aux progrez des Turcs. Il dit que la victoire étoit facile, & qu'il ne trouvoit de difficulté que dans l'entreprise pour concilier tous les efprits. Il affura que le facré collége approuvoit tout ce qui avoit été avancé par fa fainteté. Enfuite on vint aux déliberations, & l'avis du pape fut fuivi d'un confentement unanime de tous les autres. Le duc de Milan qui s'exprima en veritable homme de guerre, offrit la

2

que

perfonne & tout ce qui dépendoit de lui. Les ambaffadeurs de Hongrie fe plaignant des troubles l'empereur excitoit dans leur pays, fans avoir égard à la peine que les Turcs leur faifoient, le pape leur répondit que cette affemblée n'étoit pas faite pour fe plaindre, qu'il penferoit à établir la paix de ce côté-là, & qu'ils feroient contens. Ce qui fut cause que tous conclurent à la guerre.

AN. 1459.

CXI.

re contre les Turcs

Quant aux moyens, il y eut plufieurs perfonnes qui furent d'avis d'équipper une armée navale de Onréfout la guer quarante galeres & de huit gros vaiffeaux; une autre armée fur terre de cinquante mille hommes au moins, le plus grand nombre d'infanterie & le refte de cavalerie, à condition que le clergé d'Italie fourniroit la dixme de tous les biens eccléfiaftiques, les laïques la trentiéme partie, & les Juifs la vingtiéme de tout ce qu'ils poffedoient. Sur quoi les Venitiens ayant fait beaucoup de difficultez, le pape fàcha contre eux, & leur reprocha le peu de zéle qu'ils faifoient paroître pour la conservation de la foi catholique & pour la défense de la religion. Les ambaffadeurs de l'empereur ne parlerent point dans cette féance, parce que Jean Inderbach qui portoit la parole étoit malade, & qu'Antoine évêque de Trieste ne fçavoit pas s'énoncer.

fe

les

Il fe répandit un bruit dans l'affemblée que ambaffadeurs de France étoient fur le point d'arri ver, & ils arriverent en effet dans la ville le feiziéme de Novembre au nombre de quatre, l'archevêque de Tours qui étoit un vénerable vieillard, l'évêque de Paris, Thomas de Courcelles celebre théologien & le bailli de Roüen. Ils étoient accompa

CXII. Arrivée des am

baffa leurs de France, de Sicile & de

Bretagne,

1403.

gnez

de l'évêque de Marseille ambaffadeur de René AN. 1459. roi de Sicile, de l'évêque de Saint-Malo ambassaCollect. concil. deur du duc de Bretagne, des députez de Genes, & Labbe tom. 13. P. de beaucoup de feigneurs ; un grand nombre de prélats étoient allez au-devant d'eux, jusqu'à près de deux lieuës à l'abbaye Notre Dame de Grace. Le marquis de Mantouë vint auffi au-devant d'eux, & les joignit en chemin avec fes enfans; il s'étoit fait accompagner de fes citoyens qui avoient à leur tête des tambours & des trompettes. Le marquis falua les ambassadeurs avec beaucoup de politeffe, & fe joignit au premier pendant que fon frere & fes enfans accompagnoient les autres. Les évêques & les domeftiques des cardinaux étoient à cheval. Tous les autres ambaffadeurs vinrent auffi; & le pape leur envoya fes officiers.

CXIII.

que le pape leur donne.

Navratio Nicol. Petit ad calcem Labbe tom. 13. pag.

Collect. concil. P.

Auffi-tôt que les ambaffadeurs François furent enAudience publique trez dans la ville, la marquife de Mantoue avec ses filles fe rendit au logis de l'archevêque de Tours pour le faluer : & le pape indiqua un jour dans lequel il leur donneroit une audience publique & folemnelle : Mais fa fainteté s'étant trouvée indifpofée ce jourlà, l'audience fut renvoyée au mercredi fuivant, qui étoit le vingt-uniéme de Novembre. L'évêque de Paris porta la parole, & harangua près de deux heures. Il divifa fon difcours en deux parties. Il dit beaucoup de chofes à la loüange du roi de France & de fes ancêtres. Il loüa leur zéle & leur attachement à l'églife, leurs travaux pour éteindre le schisme; vertus qui leur avoient acquis à jufte titre la qualité de rois très-chrétiens. Dans le refte de fon difcours il toucha l'affaire du royaume de Naples,& ce qui con

cernoit les Genois. Enfin il finit par l'obeïffance qu'il rendit au pape au nom de Charles VII. felon la coûtume obfervée dans tous les tems par les rois de

France.

[blocks in formation]

CXIV.

Le pape répond au difcours de l'é

Collect. concil: P. Labbe tom. 13. P..

Le faint pere après l'avoir écouté avec beaucoup d'attention, lui répondit en moins de mots. Son difcours roula sur fix articles. Il parla en premier lieu vêque de Paris. de lui-même, mais en peu de paroles, pour répondre feulement à l'éloge que l'évêque de Paris en avoit fait. Enfuite il releva beaucoup le fiége apoftolique, en ajoûtant qu'il croyoit que tous les princes chrétiens devoient s'y foumettre. En troifiéme lieu il s'étendit fort fur la bonne volonté du roi de France, & fur fon zéle pour prendre les interêts de l'églife Ro- 1751. &1765. maine, fur-tout dans la conjoncture préfente; & ce fut en cet endroit qu'il loüa les grandes actions des rois de France, remontant jufqu'aux tems de Charlemagne & même de Clovis, & faifant voir combien cette même église avoit été honorée de l'appui & de la protection des rois très-chrétiens, & fur-tout du prince qui regnoit préfentement, fans lequel il étoit impoffible d'arrêter les progrez des Turcs. Il fit auffi l'éloge du royaume de France, de l'univerfité de Paris, de fes églifes & de fes monafteres. Le quatrième article concernoit le roi de Sicile; & ce qu'il dit en faveur de René d'Ajou, irrita fi fort ceux qui tenoient le parti de Ferdinand, qu'ils voulurent rompre l'affemblée: mais le pape leur impofa filence, & refufa de les écouter. En cinquiéme lieu il répondit à l'article des Genois, qu'il avoüa lui être fort recommandables, puisque leur affaire regardoit le patrimoine de l'églife. Enfin le fixiéme article ne roula

« AnteriorContinuar »