de Venife & l'a pouffée jufqu'à l'an M.A. SA1486. Il eft vrai que plufieurs Auteurs, comme Leandre Alberti, Jean Bonifacio, Jean Antoine Volpi dans la vie de Navagerio ont dit avec Jove, que Sabellicus avoit écrit fon Hiftoire par ordre de la Republique de Venife. Mais il les dément tous, & affure le contraire dans fa Dedicace au Doge Marc Barbadico, où il dit pofitivement que c'eft de lui-même qu'il l'a entreprise. Il n'alla donc à Venife que pour y enfeigner les Belles Lettres, & il y eut pour collegues dans cet emploi Benoît Brognoli, George Valla, Pierre Parleoni & d'autres Grands Hommes. Il n'y fut long-tems fans être obligé d'en fortir, car la pefte s'étant fait fentir à cette Ville, il crut devoir fuivre l'exemple des autres en mettant fa vie en sûreté & fe retira pour cela à Verone. Le loifir dont il joüiffoit en ce lieu lui fit naître la penfée de travailler à fon Hiftoire de Venife, qu'il y acheva en quinze mois, & qu'il fit im BELLICUS M.A.SA-primer à fon retour à Venise. BELLICUS Nous apprenons de Gefner & de quelques autres Auteurs, qu'il fut le premier chargé du foin de la Bibliotheque de S. Marc, que le Cardinal Beffarien avoit donnée à la Republique. Freher, & après lui Bayle, n'ont point entendu les paroles de Gefner, lorfqu'ils ont dit que Sabellicus avoit été Bibliothecaire du Cardinal Beffarion, ne faifant pas attention que ce Cardinal étoit mort en 1472. ou 73. long-tems avant que Sabellicus allât à Venife. Ses infirmitez caufées par fon âge avancé, fon affiduité au travail & fes excès dans les plaifirs de l'amour ne lui permettant plus de continuer fes leçons, il prefenta en 1505. une Requête au Senat, pour le supplier de le décharger de fon emploi, & de lui accorder une penfion de deux cens ducats, & fa demande lui fut accordée par un Decret du 29. Juillet de cette année. Il ne furvêcut pas long-tems à fa démiffion, étant mort le dixhuit Avril de l'année suivante mil cinq cent fix, (a) comme Bembo le M.A.SA marque expreffément dans une Let- BELLICUS tre du 30. Avril de cette année à Philippe Beroalde. Ainfi ceux qui le font mourir plus tard fe trompent sûrement; tels font Leandré Alberti, Nicolas Reufner, Jerôme Ghilini, & plufieurs après eux, qui mettent fa mort en 1507. & Louis Contareni qui dans fon Giardino Iftorico la recule jufqu'à l'an 1540. Il étoit alors âgé de près de 70. ans. La maladie qui le fit mourir ne lui fait pas honneur, puifqu'elle fut un fruit de fes débauches: Gallica tabe ex vaga Venere quafita non obfcurè confumptus, dit Jove. C'eft ce que Latomus a marqué dans cette Epitaphe qu'il lui a faite, & qui eft inferée dans le volume des Eloges de Jove. Magnus in hoc tumulo jacet ille Sabellicus, Orbis [a] Il y a deux fautes dans ces paroles de Bayle. La Lettre cinquiéine du IV. Livre [ de Bembo] marque qu'il mourut le 17. Avril. Car 1°. c'eft la quatriéme Lettre. 2°. Il eft dit qu'il mourut XIV. Kal. Maias, qui eft le 18. Avril, M.A.SA- Cujus ad ingenium non fatis unus Tempora permodicis incluferat omnia chartis, Servire exemplo que potuere ali quo. In Venere incerta tamen hic contabuit: atque Maluit Italicus Gallica fata pati. Quid juvat humanos fcire atque evol vere cafus, Si fugienda facis, & facienda fugis? Le P. Labbe rapporte cette Epitaphe dans fon Epitaphiorum Thefau rus, p. 372. mais choqué du mot Gallica, il lui a fubftitué celui d'Indica. Sabellicus avoit eu d'une Maî treffe un fils nommé Mario qui étoit né vers l'an 1478. Il n'avoit rien oublié pour le bien élever, & pour le former aux fciences; mais il répondit mal à fes foins. Sa mau-” vaife conduite ne diminua point cependant la tendreffe qu'il avoit pour lui, & il reffentit une vive douleur de fa mort prématurée,* qui arriva peu de tems avant la ร Lienne au commencement de 1506. M.A.SAIl lui fit lui-même cette Epitaphe BELLICUS qui fut dans la fuite gravée fur fa tombe, dans l'Eglife de fainte Marie des Graces, où il avoit été enterré, Mario filio Sabellicus fut enterré dans la mê me Eglife, où il avoit déja fait mettre une table de marbre avec ces deux Vers au bas : Quem non res hominum, non omnis Scribentem capit hec Coccion. urna Je ne fçai fi on doit ajoûter foi à ce que Pierius Valerianus rapporte de lui dans fes Hieroglyphiques,“ que fes yeux étoient fi vifs, que forfqu'il s'éveilloit la nuit, il voyoit diftinctement fes Livres & fa chambre pendant quelque tems.. Catalogue de fes Ouvrages. 1. Les premiers qu'il ait fait font quelques Poëmes, comme les fuimans: De Cade Sontica, De Incendio |