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parler ces favans académiciens, pour qui l'antiquité n'a rien d'obscur.

& les médailles s'adrefferont à M. d'Argenfon, confeiller d'État & chancelier de Monseigneur le duc d'Orléans, qui les leur fera montrer; il recevra leurs offres jusqu'à la fin de mai; & s'il ne s'en fait point de raisonnable qu'il puiffe accepter, la vente en détail s'ouvrira le lundi 9 juin 1727. " Malgré cet avis formel, non feulement la vente n'eut pas lieu, mais le cabinet de Crozat, dont Mariette avoit dreffé l'inventaire en 1741, vint fe fondre dans celui-ci, & ce fut feulement en 1786 que le duc d'Orléans, arrière-petit-fils de la princeffe Palatine, fongea à fe défaire du tout. Deux ans auparavant avoit été publiée la belle Description par les abbés de La Chau & Le Blond, avec 278 planches par Augustin de SaintAubin, que connoiffent tous les iconophiles. La collection fut fommairement décrite dans un nouveau Catalogue des pierres gravées de feu Son Altesse Sérénissime Monseigneur le duc d'Orléans, premier prince du fang, dont la vente fera indiquée dans les papiers publics. Chez Barrois l'aîné, 1786, in-8°, 4 ff., 171 pages. Un acquéreur unique fe présenta cette fois c'étoit Catherine II, impératrice de Ruffie, qui, le 27 octobre 1787, faifoit compter par fon commissaire » à Paris, le baron de Grimm, à M. Geoffroy de Limon, mandataire du duc d'Orléans, la fomme de 450 000 livres. L'auteur de cette note a retrouvé aux Archives & publié dans la nouvelle édition de la Correfpondance littéraire de Grimm (tome I, p. 7-8) l'acte original de cette ceffion dont il eft fouvent queftion dans les Lettres de l'impératrice à fon fouffre-douleur ", éditées par M. Jacques Grot pour la Société hiftorique ruffe (Saint-Pétersbourg, 1878, in-8°).

ARTICLE XIV.

Lorsque le Roi eut pris le deffein d'établir une Académie des fciences, M. Colbert, miniftre, auffi attentif à l'honneur du Royaume qu'au bien de l'État, fut chargé de la former. Il penfa qu'il convenoit qu'elle fût compofée de fujets habiles dans les mathématiques & la phyfique, qui néanmoins ne négligeaffent pas les autres fciences. Les premiers cependant qui furent choifis n'étoient prefque que des géomètres. Ils s'affemblèrent pour la première fois à la Bibliothèque du Roi au mois de juin de l'année mil fix cent foixante-fix; mais comme la philofophie naturelle, ainsi que les connoiffances qui en dépendent, a besoin d'observations & d'expériences, le Roi voulut que ces académiciens fuffent également experts & favans fans être attachés à aucune fecte, & qu'étant verfés dans toutes les fciences, ils en poffédaffent une plus parfaitement. Pour cela M. Colbert joignit aux géomètres des phyficiens en nombre égal, & donna aux uns & aux autres des espèces d'élèves qui, dans la fuite, leur fuccédèrent. Ils fe trouvèrent tous le vingtdeuxième jour de décembre de la même année à la Bibliothèque du Roi, où le premier des anciens leur dit que l'intention de Sa

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Majefté étoit que les mathématiques & la phyfique fuffent leur principal objet, à quoi il ajouta que M. Colbert avoit eu principalement en vue, lorsqu'il les avoit choifis, l'utilité du public & la gloire du Roi.

Telle fut l'inftitution de l'Académie royale des fciences (1). Elle s'affembloit deux fois la femaine à la Bibliothèque du Roi dans une chambre qui lui avoit été donnée, & avoit acquis une grande réputation par fes travaux, par fes obfervations & par fes découvertes. Cependant fon établissement n'étoit encore fondé fur aucun titre : il s'étoit fait à la vérité par les ordres du Roi, mais fans aucun acte émané de l'autorité royale qui fixât fon état, ni qui lui prefcrivît des règles : ce qui paroiffoit néceffaire pour rendre durable une fociété devenue fi célèbre, & en tirer l'utilité qu'elle faifoit espérer. Ce fut pour cela que Sa Majefté, honorant cette compagnie d'une nouvelle attention, chargea M. de Pontchartrain, alors miniftre & fecrétaire d'État & depuis chancelier de France, de lui donner

(1) Hiftoire de l'Académie royale des fciences (D.).— Fontenelle a publié pour la première fois ce livre en 1702, in-4o; il fut réimprimé en 1717, 3 vol. in-12. Il ne faut pas le confondre avec les Éloges historiques des académiciens (1708, 1 vol.; nouv. éd. augm., 1719, 3 vol. in-12, & 1742, 2 vol. in-12). Cette dernière renferme les Éloges prononcés jufqu'en 1739.

la forme la plus convenable à cette vue. Ce miniftre en concerta le plan avec M. l'abbé Bignon, qui préfidoit depuis longtems à cette fociété & dreffa un nouveau règlement qui fut approuvé & figné du Roi, le vingtfixième de janvier de l'année mil fix cent quatre-vingt-dix-neuf. Le quatrième de février fuivant, M. l'abbé Bignon le porta à l'affemblée, où il en fit faire la lecture. Il eft en cinquante articles, & contient en substance ce qui fuit.

"L'Académie royale des sciences demeu"rera toujours fous la protection du Roi & "recevra fes ordres par celui de fes fecré

taires d'État à qui il plaira à Sa Majesté d'en donner le foin. Elle fera composée "de quatre fortes d'académiciens : les hono"raires, tous regnicoles, defquels l'un fera

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préfident, les penfionnaires, les affociés & les élèves (1), la première claffe étant de "dix perfonnes & les trois autres chacune de 66 vingt. Les penfionnaires feront tous établis

à Paris trois géomètres, trois aftronomes, "trois mécaniciens, trois anatomistes, trois chimiftes, trois botanistes, un fecrétaire & un tréforier. Les affociés feront en pareil ❝ nombre, douze defquels ne pourront être "que regnicoles, deux appliqués à la géo

(1) On les appelle adjoints depuis 1715 (D.).

"métrie, deux à l'aftronomie, deux aux mé

caniques, deux à l'anatomie, deux à la chimie & deux à la botanique; les huit autres pourront être étrangers & s'appliquer à celles d'entre ces diverfes fciences pour lesquelles ils auront plus d'inclination & de talent. Les élèves feront tous établis à Paris, chacun d'eux appliqué au genre de "fcience dont fera profeffion l'académicien

penfionnaire auquel il fera attaché. Les "affemblées ordinaires de l'Académie fe ❝ tiendront les mercredis & famedis de cha"que femaine.

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Au commencement de chaque année, chaque académicien penfionnaire fera obligé de déclarer par écrit le principal ouvrage auquel il fe propofera de travail"ler, & en outre l'application à ce qui con

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cerne la fcience particulière à laquelle 66 chaque académicien s'eft adonné, tous fe"ront exhortés à étendre leurs recherches fur tout ce qui peut être d'utile ou de << curieux dans les diverfes parties des ma"thématiques, dans la différente conduite « des arts, & dans tout ce qui peut regarder quelque point de l'hiftoire naturelle, ou “appartenir en quelque manière à la phyfique. Toutes les obfervations que les académiciens apporteront aux affemblées feront laiffées par eux le jour même par "écrit entre les mains du fecrétaire, pour y

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