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de quarante académiciens, favoir de dix honoraires, de dix penfionnaires & de vingt affociés.

Cet arrêt & ces lettres patentes portent de plus qu'à l'avenir la même Académie, connue jufques alors fous le nom d'Académie des inscriptions & médailles, fera appelée Académie des inscriptions & belles-lettres, ce titre étant plus convenable, attendu que fa principale & plus ordinaire occupation eft de cultiver les belles-lettres.

ARTICLE XIII.

L'édit du mois de novembre portant qu'il fera fabriqué de nouveaux louis d'or de 30 livres (1), eft un monument honorable pour la ville de Paris & l'éloge de la monnoie de cette capitale du Royaume. Elle eft chargée de cette fabrication à l'exclufion des monnoies des provinces: diftinction peutêtre fans exemple, que la fidélité des ouvriers qu'elle emploie & l'attention continuelle de ces officiers lui ont méritée dans une conjoncture où l'on a en vue de remédier au défordre caufé par la défectuofité du poids & du titre de beaucoup d'espèces d'or fauffe

(1) Ce font les louis connus parmi les curieux fous le nom de louis de Noailles.

ment réformées qui ont été introduites en France.

ARTICLE XIV.

Les bals de l'Opéra recommencèrent le 16 de décembre, & les Comédiens, ayant obtenu la même permiffion, en donnèrent le lendemain de femblables pour la première fois.

Leur falle étoit plus décorée que celle de l'Opéra, mais de la même façon le parterre, élevé au niveau du théâtre & de l'amphithéâtre, les joignoit de même par le moyen de deux abattans; mais la machine étoit plus aifée, quoique du même inventeur, le frère Nicolas, auguftin, connu par d'autres inventions (1). Quatre leviers enchâffés dans quatre poteaux placés aux quatre angles élèvent & abaiffent le plancher du parterre, chargé quelquefois de plus de vingt perfonnes. Quand il eft à la hauteur qu'il convient, feize chevrettes fourchées, couchées deffous entre les folives de ce plancher, fe dreffent & le

(1) Ces inventions font fans doute décrites dans la Perspective affranchie, publiée à Paris en 1661, par le frère P. Charles Bourgoing, auguftin de la province de Bourges, mais je n'ai pu parvenir à voir ce livre dont un bel exemplaire figuroit en 1850 au catalogue de la vente J. Goddé (no 202).

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foutiennent avec quatre branches de fer attachées aux deux côtés que reçoivent les abattans, ce qui s'exécute avec tant de facilité que fix enfans dans un besoin pourroient suffire. Il y avoit comme à l'Opéra une double fymphonie; celle du côté du théâtre étoit placée dans un enfoncement qui en occupoit le fond fans faillie, ce qui faifoit un bel effet, & la décoration jufqu'aux balcons représentoit des loges remplies de masques bizarrement déguisés. La falle étoit éclairée dans fa longueur de dix-huit luftres & de foixantequatre bras dont la moitié étoit à branches : il y avoit grand feu dans les foyers, agrément qu'on n'avoit point à l'Opéra; auffi pourroitce bien être ce qui a contribué davantage à y attirer plus de monde. Du reste le même ordre y a été obfervé; & les uns & les autres ont continué également jusqu'à la fin du carnaval.

ARTICLE XV.

La création des grandes charges qui s'exercent à Paris, ou qui y ont leur principale fonction, femble devoir entrer dans l'Hiftoire journalière de cette ville ainfi l'on ne doit pas fe difpenfer de parler de celles de grand maître & furintendant des poftes, de furintendant & ordonnateur général des bâtimens du Roi, & de protonotaire & greffier en chef

civil du Parlement, lefquelles ont été créées depuis le nouveau règne.

Le préambule de la création de la première contient un récit hiftorique de l'établiffement des poftes en France & de leur direction. Il y a eu d'abord en 1464 un grand maître des coureurs, enfuite des contrôleurs généraux, des chevaucheurs de l'écurie & autres tenans poftes, fuivant les lettres patentes de 1608. Ces charges furent fupprimées en 1630 & en leur place il fut créé trois offices de furintendans généraux des poftes & relais de France & chevaucheurs de l'écurie, ancien, alternatif & triennal; & depuis les maîtres des courriers ayant été créés la même année avec attribution du revenu des ports de lettres, & par édit de 1632, tous les pouvoirs & fonctions des contrôleurs généraux, même les revenus des ports de lettres, ayant été réunis aux charges de furintendant des poftes, avec le pouvoir de commettre aux charges de maîtres des courriers, M. de Nouveau (1), revêtu alors des trois charges, eut,

(1) M. de Nouveau poffédoit place Royale, no 14, un hôtel décoré de peintures par Charles Le Brun. Le contrat, paffé entre le propriétaire & l'artiste (1650), a figuré dans l'inventaire des autographes de M. B. Fillon fous le no 1652. Cet hôtel, précédemment habité par M. de La Rivière, évêque de Langres, étoit paffé des mains de Mme de Novion à Dangeau, qui y fit peindre à fresque par Jacques Rouffeau une perspective qu'il lui paya

avec la qualité de grand maître & furintendant général des courriers, poftes & relais, la jouiffance de tous ces droits; même il en fit des aliénations aux maîtres des courriers jufqu'en l'an 1662, qu'ils furent fupprimés, & plufieurs autres offices des poftes & tous les revenus des ports de lettres réunis. Enfin M. de Nouveau étant mort, le marquis de Louvois fut pourvu de cette charge & en jouit juf qu'à fon décès, après lequel elle fut fupprimée en 1692 & fut exercée fur de fimples commiffions.

Cependant, ayant été jugé à propos de créer des charges capables d'affurer la diligence & la fûreté convenables, tant pour le bien du fervice du Roi que pour celui du public, il a été créé par édit du mois de feptembre 1715 un grand maître & furintendant des poftes, courriers & relais de France, deux intendans généraux confeillers du Roi, deux confeillers contrôleurs généraux, huit contrôleurs provinciaux, deux vifiteurs généraux, quatre courriers pour porter les dépê

4000 #; elle n'existoit plus à la fin du fiècle, lorsque l'hôtel devint la propriété de M. Laurent de Villedeuil, intendant de la généralité de Rouen. Après avoir fervi de mairie à l'ancien VIIIe arrondiffement, l'hôtel, complètement remanié, eft devenu une fynagogue, & fa façade fur la place Royale eft la feule partie qui en fubfifte encore. Les peintures de Le Brun ont été confervées & transportées au musée de l'hôtel Carnavalet.

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