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& à d'autres ouvrages & partit enfuite pour l'Italie. Il fit un affez long séjour à Rome durant lequel il étudia beaucoup & paffa après à Venife. Il y fut charmé des ouvrages des anciens peintres vénitiens, fi fupérieurs pour le beau goût de couleur, ce qui le fit changer de manière. Après. avoir demeuré plufieurs années à Venife, il revint en France par la Lombardie. A fon retour, il peignit à fresque la chapelle des mariages de l'église de SaintEustache (1). On dit que M. Le Brun lui procura cet ouvrage par pique contre M. Mignard, qui y avoit fait la chapelle des fonts (2). M. de La Foffe ayant été agréé à l'Académie, il donna pour fon tableau de réception un Enlèvement de Proferpine qu'il avoit fait pour le duc de Richelieu (3). Il fut employé après dans les travaux du Roi, & changea de

de la Galerie du président Lambert, gravée par B. Picart & autres, & dédiée au marquis du Chaftelet (mari de la belle Émilie) par l'éditeur G. Duchange. Paris, 1750, in-folio maximo.

(1) Il y avoit repréfenté en deux tableaux la Salutation angélique.

(2) Il n'eft pas trace de cette rivalité dans les Mémoires de Claude Nivelon fur Le Brun, analyfés par M. E. Miller, de l'Institut (Gazette des beaux-arts, t. XV, 1863), non plus que dans la Vie de Mignard de l'abbé de Monville.

(3) Ce tableau eft actuellement dépofé, faute de place, dans les combles de la bibliothèque de l'École des beaux

arts.

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plus en plus fa manière, s'approchant de celle de Lombardie.

Le duc de Montague, fi connu par fon amour pour les fciences & pour les arts, faifoit batir dans ce tems-la fa magnifique maifon de Londres (1). M. de La Foffe y fut appelé pour y peindre le plafond du grand efcalier & celui du beau falon qui partage les appartemens, ouvrages achevés qui l'ont immortalifé en Angleterre. Il repaffa en France & il travailla à plufieurs grands morceaux de peinture & particulièrement à Trianon (2). Lorfque l'églife des Invalides fut bâtie, il peignit le dome & les quatre angles (3), & le Roi fut fi content qu'il lui donna à faire le grand morceau de la chapelle de Versailles qui eft au-deffus de l'autel, repréfentant une Réfurrection (4).

(1) Achetée plus tard par le gouvernement anglois & où fut installé le premier Musée Britannique. Les derniers débris ont difparu lors des reconstructions de 1823.

(2) La Foffe avoit peint à Trianon, dans la quatrième pièce de l'appartement du Roi, deux deffus de porte: Diane & fes nymphes, Clytie & le Soleil; & au-deffus de la cheminée: Apollon & Thétis; dans la feconde pièce de l'appartement du Dauphin, un Saint Marc (Dezallier d'Argenville, Voyage pittorefque des environs de Paris, nouvelle édition, 1762, p. 141 & 143).

(3) Ces compofitions font reproduites dans la Defcription de l'Hôtel royal des Invalides, par l'abbé Perau & C.-N. Cochin (pl. 34). Paris, 1756, in-folio maximo. (4) Elle exifte encore.

Quoiqu'il fût déjà fort âgé, il ne laiffoit pas de peindre toujours. Ses deux derniers tableaux, qui font une Nativité & une Adoration des rois, qu'on voit dans le chœur de Notre-Dame (1), ne font point inférieurs à ce qu'il a fait de plus achevé.

Au reste, comme la perfection n'eft point donnée aux hommes, on ne nie pas qu'il y ait eu quelque chofe à fouhaiter dans ce grand peintre, mais on lui doit cette louange que peu l'ont égalé dans la couleur; le plafond de la maifon du chevalier Crozat dans la rue de Richelieu (2), où il demeuroit, lui a fait auffi beaucoup d'honneur.

Il est mort à près de quatre-vingts ans, avec la réputation d'auffi honnête homme que d'habile peintre. Il eft enterré à SaintEuftache.

(1) Ils faifoient partie, avec fix autres tableaux par Hallé, Jouvenet, L. de Boullongne & Ant. Coypel, d'un don de l'abbé de La Porte, chanoine jubilé de cette église (D'Argenville, Voyage pittorefque de Paris, 1780, p. 11).

(2) Les Mémoires fecrets, dits de Bachaumont, en décrivant ce plafond (24 décembre 1786), difent qu'on l'avoit enlevé par morceaux & remis fur toile & prétendent qu'on auroit pu réunir ces morceaux plus aifément encore qu'on ne les avoit détachés; cependant on ignore ce que l'enfemble eft devenu.

F

ARTICLE XXII.

La même Académie reçut le dernier jour de l'année M. Wleughels (1), peintre d'hiftoire, fils & neveu d'académicien, qui a été douze ou treize ans en Italie. Son tableau de réception représente Apelles qui fait le portrait de Campaspe, maîtresse d'Alexandre.

(1) Nicolas Wleughels, fils de Philippe, né à Paris fans doute le 10 décembre 1668 (il fut baptisé à Saint-Sulpice le 11), obtint en 1694 le second prix de peinture pour un tableau représentant Loth & fes filles fortant de Sodome. Mort à Rome dans l'exercice de fes fonctions de directeur, le 6 décembre 1737, & non 1732, comme l'ont imprimé par erreur les Archives de l'art françois (Documens, V, 32) en reproduisant son épitaphe, il fut enterré à Saint-Louis des François. Apelles peignant le portrait de Campaspe est aujourd'hui au palais de Compiègne (Archives de l'art françois, Documens, II, 391).

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Q

ARTICLE PREMIER.

UELQUE fimple que foit un fait, fa nouveauté le rend remarquable. Il arriva vers la fin de janvier un vaiffeau marchand portant pavillon & flamme & monté de huit pièces de canon. Il venoit du Havre & étoit chargé de morue. C'étoit un heu, forte de bâtiment hollandois qui tire peu d'eau (1), ce qui lui avoit donné facilité de venir jufqu'à Paris. Il falua de tout fon canon le pavillon des Tui

(1) Le Dictionnaire de Trévoux, en décrivant cette forte de bâtiment qui jaugeoit 300 tonneaux & n'avoit qu'un mât & une voile latine, ajoute qu'on l'appeloit auffi olca.

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