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leries & vint mouiller au port Saint-Nicolas devant le Louvre. Tant qu'il y a resté, le peuple n'a ceffé de s'y amufer, & l'on affure que l'équipage a gagné plus de cent écus à le laiffer voir en dedans, quoiqu'il prît feulement un fou par perfonne. Il est venu deux mois après un pareil bâtiment on ne l'a pas regardé.

ARTICLE II.

Les académies des fciences & des arts font des espèces de républiques neutres, où font admis tous ceux qui s'y appliquent, fans diftinction de nation, ni même de religion pour les étrangers; c'est que le Parnasse appartient à tous les habiles gens; la feule capacité doit y donner entrée. Les Anglois qui connoiffent ce qu'ils valent & qui ne pensent pas communément, penfent de même fur ce fujet : auffi les membres de la fameufe académie d'Angleterre, connue fous le nom de Société royale, ne font pas tous Anglois, ni anglicans. Il en eft de même en France. M. Boit, peintre en émail du roi d'Angleterre (1), en est une

(1) Charles Boit, né à Stockholm de parens françois, en 1663, mort à Paris le 6 février 1727. Les Nouvelles archives de l'art françois (2TM férie, tome IV, ou tome X de la collection) ont publié le réfumé de fon inventaire après décès. Les Procès-verbaux de l'Académie royale,

preuve à l'égard de l'Académie de peinture qui fembloit être plus réfervée que les autres. Il eft Suédois & luthérien; néanmoins fa qualité d'étranger & fa religion ne l'ont point exclu. Honoré de la protection de Monfeigneur le duc d'Orléans, qui l'accorde aux fciences & aux arts dans tous les fujets indifféremment, il fut reçu à l'Académie royale de peinture & de sculpture, le dernier famedi de janvier, à la recommandation de Son Alteffe Royale. Comme cette réception est extraordinaire, Monfeigneur le duc d'Orléans eut la bonté de faire affurer l'Académie qu'elle ne tireroit point à conféquence, ce qui a été inféré dans les registres, & lui fit ensuite préfent d'un petit tableau en émail du même peintre représentant une Charité, copiée d'après Carlo Cignani (1).

édités par la même fociété, confirment ce que dit ici Dubois touchant la réception de Boit, quoique protestant, & la lettre du duc d'Antin, qui invitoit l'Académie à cette dérogation, eft annexée au registre. Conyerti à une date que j'ignore, Boit mourut rue du Petit-Bourbon, chez l'abbé de Revel, & fon acte de décès fut infcrit à Saint-Sulpice. Il a été publié en 1873 par M. Piot (État civil de quelques artifles français) & par M. H. Herluifon (Actes d'état civil d'artifles français), fur les copies relevées par M. H. Harduin.

(1) Ce n'eft point fur une miniature d'après Cignani que Boit fut reçu; il avoit reproduit en émail une Charité de Jacques Blanchard, appartenant au Louvre, ainfi que fa copie. Boit préfenta auffi à l'Académie un portrait

ARTICLE III.

M. Voifin (1), chancelier & garde des fceaux de France, mourut à Paris en fon hôtel, la nuit du premier au fecond de février, & le même jour fecond, le Roi, fur la nomination de Monfeigneur le duc d'Orléans Régent, donna cette charge à M. Dagueffeau, procureur général, & ci-devant avocat général (2). Le lendemain, il prêta ferment entre les mains de Sa Majesté.

Le chancelier (3) eft le premier de tous les officiers de paix; fes fonctions font auffi anciennes que la monarchie. Sous les deux premières races ceux qui les exerçoient s'appeloient indifféremment (4) référendaires, apo

du Régent (no 1434 du catalogue Reifet). Le cadre de la Charité, fculpté par Jean Le Blanc, valut à celui-ci le titre d'académicien le 30 avril 1718. Il orne encore le portrait pour lequel il avoit été fait.

(1) Daniel-François Voyfin mourut fubitement à table. (2) Henri-François Dagueffeau, né à Limoges le 27 novembre 1668, mort à Paris le 9 février 1751.

(3) Des officiers de France, par M. Loiseau (D.). — Dubois veut fans doute défigner le livre fuivant de Charles Loyfeau Cinq livres du droit des offices de France avec le livre des seigneurs & celui des ordres. Châteaudun, 1610, ou Paris, 1614, in-folio. Réimpr. fous le titre de Traité des ordres & fimples dignités, 1640, in-folio.

(4) Hiftoire chronologique de la grande chancellerie, par

crifaires, archichanceliers, grands chanceliers, archinotaires, & quelquefois archichapelains. Sous la troifième race, le nom de chancelier eft refté à cette charge dont les honneurs ont beaucoup augmenté (1). Il est le chef de la justice, a l'expédition de tous les édits & de tous les mandemens du Roi, & préfide à tous les confeils. Lorsqu'il va au Parlement (2), on lui députe deux confeillers pour l'aller recevoir, & il fe place au-deffus du premier président. Aux lits de justice, il prend les avis & prononce les arrêts. Il est premier président du grand confeil; la raifon qu'en apporte un célèbre jurifconfulte (3), c'est parce qu'anciennement c'eftoit le confeil d'Eftat & qu'il en fut féparé par Charles VIII, afin de le décharger des procès (4).

Le chancelier n'affifte à aucune pompe funèbre, & ne porte jamais le deuil, ce qui lui eft particulier : Parce que, dit le fameux Le Maître (5), il fe détache en quelque façon

M. Teffereau (D.). La première édition eft de 1676, in-folio; la feconde parut de 1706 à 1710, 2 vol. infolio.

(1) Hiftoire des chanceliers de France, par François Duchefne (D.). Paris, 1680, in-folio.

(2) M. Loifeau, ibid.; M. Teffereau (D.).

(3) M. Loifeau, ibid.; M. Teffereau, ibid. (D.).

(4) M. Loiseau, ibid.; François Duchefne, ibid. (D.).

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de lui-même pour ne plus représenter que la juf tice dont il eft le chef. C'est par cette raison que (1) nul autre que lui n'a fon appartement paré des marques de la magiftrature royale, c'est-à-dire des tapifferies femées de fleurs de lis, qui font les ornemens des cours fouveraines. Enfin il eft le feul qui ait un CentSuiffe de la Garde à fa porte & un exempt de la prévôté, qui a le titre de lieutenant, avec deux hoquetons attachés à fa personne pour la garde des fceaux.

Quand il va au confeil, il est toujours accompagné des huiffiers du confeil & de ceux de la chancellerie, ces derniers portant des maffes. Jufques à Henri II, il n'y avoit à la chancellerie qu'un huiffier à maffe; mais on trouve qu'à l'entrée de ce roi, en 1549(2),

doyers d'Ant. Lemaiftre eft de 1657, in-folio; ils ont été réimprimés en 1705 par Iffali (in-4o) & de nouveau, fous le titre d'Eavres choifies, par Ambroife Falconet (1807, in-4°).

(1) François Duchefne (D.).

(2) Il est à peine néceffaire fans doute de rappeler à des lecteurs bibliophiles que le fouvenir de cette folennité a été confacré par le magnifique livre : C'est l'ordre qui a efté tenu à la nouvelle & joyeuse entrée que.... le roy Henry, deuxiefme de ce nom, a faite en fa bonne ville & cité de Paris le feiziefme de juing MDXLIX, J. Roffet, 1649, in-4°. Les onze planches fur bois qui le décorent, tour à tour attribuées à G. Tory (mort feize ans auparavant) & au Primatice, paroiffent devoir plus férieusement être reftituées à Jean Cousin.

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