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rien. L'extrait de cet éloge, ainsi que de tout ce qui fe lit à ces affemblées publiques, fe trouve dans les journaux : ce qui difpenfe d'en rien dire. On remarquera feulement que M. Falconet le fils (1), académicien affocié, parla fur l'aimant, qu'il rapporta les idées fuperftitieufes que l'antiquité s'en étoit formées de même que les fables que l'ignorance en raconte, qu'il expliqua les propriétés de cette pierre felon les différens systèmes, & que ce mélange de belle érudition & de physique lui attira un compliment nouveau le préfident ayant loué cet habile académicien d'avoir dit des chofes pour lesquelles l'Académie des fciences n'auroit pas moins droit

(1) Camille Falconet, né à Lyon le 1er mars 1671, mort à Paris le 8 février 1762, médecin confultant du Roi, membre de l'Académie des infcriptions, fils de Noël Falconet, également médecin. On fait que Camille Falconet légua en 1742 à la Bibliothèque du Roi 11 090 volumes dont il s'étoit réfervé l'usage jufqu'à fa mort. Ils figurèrent néanmoins, mais entre crochets, fur le catalogue imprimé rédigé par Marie-Jacques Barrois, 1763, 3 vol. in-8°. La partie livrée aux enchères produifit 39 062 livres. Une note de l'abbé Boudot, alors premier commis en fecond à la Bibliothèque royale, donne le détail des volumes légués & une appréciation affez dédaigneufe de leur valeur: 634 in-folios, 2632 in-4o, 7206 in-8° & de petite forme (fic), 600 pièces à délier & féparées. Ces livres en général ne préfentent pas un objet bien important. On en trouve peu de rares; les conditions en font plus que médiocres " (Arsenal, ms. 6342, f° 35).

de le revendiquer que pour fa qualité de médecin.

La règle qu'on s'eft prefcrite demande qu'on recherche en cet endroit l'établiffement de ces deux académies & par occafion celui de l'Académie françoise; c'est ce qu'on exécutera en autant d'articles qui commenceront par cette dernière comme la plus ancienne, après en avoir fait un fur l'origine de ces fortes d'inftitutions.

ARTICLE XI.

Le nom d'académie vient d'un Grec appelé Academus (1), à qui avoit appartenu un clos planté d'arbres dans le faubourg d'Athènes où Platon tint fon école & d'où les philofophes de fa fecte furent nommés académiciens. Il n'y avoit point, non feulement en Grèce, mais dans tout le monde, de lieu d'exercice plus célèbre; c'est comme en parle S. Sulpicius dans une lettre à Cicéron (2): Nos in nobiliffimo orbis terrarum gymnafio academiæ locum delegimus; & Cicéron en faifoit tant de cas qu'il donna le nom d'académie à la maison de campagne qu'il avoit auprès de Pouzol,

(1) Diog. Laert., 1, 3 (D.).
(2) Epift. famil., lib. 4 (D.).

où il a compofé fes questions académiques (1). Dans la fuite des tems, à mesure que le chriftianifme s'eft établi, les princes ayant fondé des écoles publiques où l'on enfeignoit la théologie, le droit, la médecine, & ce qu'on appelle les arts, elles ont été nommées en latin academia & univerfitates. Enfin, au feizième fiècle, ce nom a été particulièrement affecté à certaines fociétés de perfonnes qui cultivent les fciences & les arts. Elles ont commencé en Italie en 1525 par l'académie des Intronati de Sienne (2), qui semble avoir donné la forme à toutes celles qui fe font établies depuis en différens États de l'Europe.

ARTICLE XII.

Il paroît que l'Académie françoise eft la première fociété de favans qui ait pris en France le nom d'académie. Les lettres patentes de Louis XIII en forme d'édit pour fon établissement font du mois de janvier de

(1) Plinii rerum nat. hift., lib. 21 (D.).

(2) M. Naudé, Dial. de Mafcurat (D.).- Le vrai titre de ce volume eft: Jugement de tout ce qui a été imprimé contre le cardinal Mazarin depuis le fixième janvier jusqu'à la déclaration du 1er avril 1649, s. 1. n. d., 1650, in-4o, 492 pages; 2e éd., 718 pages. C'est un des interlocuteurs mis en fcène qui a donné fon nom à ce livre. Mercier de

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l'année mil fix cent trente-cinq, mais fon origine est plus ancienne de quatre ou cinq ans, fi l'on remonte au tems de fes premières affemblées qui commencèrent environ l'an mil fix cent vingt-neuf. La mémoire de ce premier âge étoit même si chère aux anciens académiciens qu'ils en parloient, dit le célèbre hiftorien de cette académie (1), "comme d'un âge d'or durant lequel avec "toute l'innocence & toute la liberté des

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premiers fiècles, fans bruit, fans pompe, & "fans autres lois que celles de l'amitié, ils goûtoient ensemble tout ce que la fociété des efprits & la vie raifonnable ont de plus doux & de plus charmant. » La connoiffance que le cardinal de Richelieu eut de cette fociété lui fit fouhaiter d'en faire un corps dont il fe déclareroit le protecteur. Quelque goût que ceux qui la compofoient alors euffent pour la douceur & la familiarité de leurs conférences, ils fentirent bien que dès qu'elles avoient éclaté, il ne leur étoit

Saint-Léger avoit rédigé pour la feconde édition une table du Mafcurat qui fut imprimée, à l'infu de l'auteur, par les foins de Méon & tirée à 12 exemplaires. Elle a été réimprimée dans les Annales du bibliophile (publiées chez M. A. Claudin), numéro du 25 août 1862. Une autre table manufcrite, rédigée par Camille Falconet, eft jointe à un exemplaire de la feconde édition du Mafcurat, appartenant à l'Arsenal.

(1) Hiftoire de l'Académie françoise (D.).

- Pelliffon.

pas permis de refufer les offres d'un miniftre qui pouvoit tout ce qu'il vouloit, d'autant plus qu'ils n'ignoroient pas que les lois du Royaume défendoient toutes fortes d'affemblées qui n'étoient point autorisées : ce qui les engagea à le remercier de l'honneur qu'il leur faifoit en des termes qui marquoient leur foumiffion à fes volontés.

Le Cardinal, content de cette réponse, leur fit dire qu'ils s'affemblaffent comme de « cou“tume, & qu'augmentant leur compagnie,

ainfi qu'ils le jugeroient à propos, ils avifaffent entre eux quelle forme & quelles lois il feroit bon de lui donner à l'avenir. " Ceux qui vouloient plaire au Cardinal & qui avoient quelque réputation d'efprit regardèrent cette permiffion comme un ordre d'entrer dans un corps dont il vouloit être le protecteur & le père: ainfi les personnes du plus brillant mérite, entre lesquelles on en comptoit qui n'étoient pas moins confidérables par leur condition, augmentèrent bientôt le nombre des académiciens, & tous penfèrent férieusement à remplir l'intention du Cardinal.

Il s'agiffoit d'abord de donner quelque ordre & quelque forme à leurs affemblées. Pour cela ils commencèrent par créer un directeur, un chancelier & un fecrétaire, avec un libraire de l'académie, lequel devoit lui fervir comme d'huiffier. On agita auffi dans

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