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Catalogue des tableaux flamands qui devoient être vendus le 9 juin 1727, en même tems que les pierres gravées, s'il étoit fait des offres fuffifantes à M. d'Argenfon (voy. plus loin, p. 120); la vente n'eut pas lieu & ces mêmes tableaux figurent encore dans l'édition de 1737.

La Defcription de Dubois fut accueillie avec l'indifférence qu'avoient rencontrée les travaux antérieurs de Florent Le Comte & de Roger de Piles & à laquelle il faut peut-être demander compte de la médiocrité des premiers effais dans cet ordre de recherches. Le Journal des favants n'en fit qu'un « extrait » affez banal (1727, p. 314) & les Mémoires de Trévoux n'en parlèrent point. Il faut, pour en trouver un examen férieux & même févère jufqu'à l'injustice, l'aller demander à un livre publié à l'étranger & dont les bibliographes ne paroiffent avoir connu ni le contenu exact, ni le véritable auteur. En 1735 parut à Florence, chez Michel Neftenus & Francis Moucke, une réimpreffion du Dialogo della pittura... intitolato l'Aretino de Lodovico Dolce (in-8°, 308 p., dont 79 pour la préface, frontifpice anonyme à l'eau-forte), accompagnée

d

d'une traduction françoife qui, fur la foi de Bottari (1), confirmée par Ch.-Th. de Murr, a toujours paffé pour être due à Nicolas Wleughels, alors directeur de l'École françoife de Rome; mais il eft permis d'opposer à cette affertion deux objections de quelque valeur : la lettre adreffée de Rome à Dubois par Wleughels fur fon père & où il excufe luimême fon barbouillage ", prouve que l'ef timable peintre n'avoit que la culture médiocre des artistes d'autrefois, & fes origines flamandes le rendoient encore moins apte à la tâche toujours délicate d'une traduction; puis, quand bien même cette traduction eût été fon œuvre, il n'eft pas vraisemblable que Wleughels ait attaqué auffi vertement qu'il l'a fait dans fa Préface la Defcription de fon ami Dubois. Bottari & le catalogue Goddé ont fignalé les vives critiques qu'elle renferme contre le Traité de la peinture & de la Sculpture de Richardfon père & fils (Amfterdam, 1728, 3 vol. in-8°), mais ils n'ont fans doute pas reconnu de quel autre livre vouloit parler l'auteur lorfqu'il réfume, prétend-il,

(1) Raccolta di lettere, &c. Roma, 1757, tome II, p. 164.

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une lettre datée de Verfailles, le 28 mai 1727, & qu'il fignale diverfes erreurs échappées à Dubois. A ces remarques fe mêlent plufieurs de ces particularités dont nous fommes aujourd'hui fi avides: c'eft ainfi qu'à propos de Pierre de Cortone & d'un de fes tableaux acheté chez M. Jabach qui poffédoit des deffins du même artifte, il fe vante de fes acquifitions « à un petit inventaire qui s'y fit il y a treize ou quatorze ans (1) ". Si Dubois avance que Pierre de Cortone, en peignant une Annonciation pour l'églife des Servites de Florence, eut le premier l'idée de représenter la Vierge évanouie, tout auffitôt son contradicteur lui objecte que Pouffin avoit eu la même inspiration dans un petit tableau « peint fur bois fort épais, gravé en Italie, par Pierre del Pô" & qu'il avoit vu il y a longtems entre les mains de M. Benoît, peintre de l'Académie (le démonftrateur du Cercle royal).

(1) Il s'agit fans doute des deffins qui furent retrouvés en 1721 par Gérard-Michel Jabach dans la maison de fon aïeul Evrard Jabach & qui, felon Mariette, furent vendus en Hollande après que Zanetti, le compagnon de voyage de Rofalba, y eut pris ce qui étoit de meil

leur.

Plus loin, il confeille à Dubois, s'il veut parler avec quelque autorité des Loges de Raphaël, d'en voir au moins les eftampes chez M. Mariette & cite à ce propos la plaifante balourdife d'un pauvre Allemand très ignorant & très épais, appelé Clinchetet (1)", qui foutenoit qu'on devoit dire les éloges de Raphaël. Il n'admet pas, avec raifon, qu'on puiffe prendre un Saint Jérôme & une Madeleine du Corrège pour deux tableaux d'Annibal Carrache; enfin il ne lui paffe aucune des hardieffes ou des bizarreries de fon style: la robe « rose sèche „ d'une Charité de Lanfranc, une « Junon qui plafonne » dans un tableau du Cavedone, l'attitude horizontale » d'un ange dans une Prière au jardin des Oliviers de Raphaël ne trouvent pas plus grâce devant lui que le deffin correct » d'un peintre auffi « goffe » qu'Adrian van der Werf.

:

Ces vétilles ne diminuent en rien la valeur de Dubois fi incomplets que foient les élémens de fa biographie, nous en favons affez pour reconnoître en lui un « honnête homme »

(1) Claude-Gustave Klingstedt (qu'on écrivoit prefque toujours Clinchetet), né à Riga en 1657, mort à Paris le

comme il y en eut tant alors, & dont la maifon s'ouvroit volontiers aux curieux tels qu'il étoit lui-même; deux paffages de l'Hiftoire d'un voyage littéraire fait en MDCCXXXIII..., par Cl.-Ét. Jordan (La Haye, Adrien Moetjens, 1735, in-12), font bons à retenir, d'autant que, en dehors des mentions officielles, c'est l'unique fois peut-être qu'un contemporain ait parlé de lui. « Je vis le lendemain [4 juin], écrit Jordan (p. 61), M. de SaintGelais, ancien ami de M. de La Croze. Il me gracieufa beaucoup; il paroît un très honnête homme & bon littérateur. Il a beaucoup voyagé, il feroit en état de fournir des mémoires fur bien des faits hiftoriques. " Et plus loin (p. 119): « Je dînai le 25 chez M. de Saint-Gelais, fecrétaire de l'Académie de peinture. Je paffai chez cet aimable homme plufieurs heures bien agréablement. M. Petit, profeffeur en rhétorique au collège Mazarin, étoit de la partie.... » Ces vifites avoient-elles

26 février 1734. Ses deffus de tabatière font plus que grivois. Mariette lui a confacré une note affez dure, autant pour l'homme que pour l'artiste. Voyez l'Abecedario, vo Klingflet.

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