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éveillé chez Dubois de nouveaux projets de travaux d'ordre tout différent? On peut le croire en lifant dans l'Hiftoire de M. de La Croze de ce même Jordan les fragmens d'une longue lettre renfermant la lifte raifonnée de tous fes ouvrages que l'érudit réfugié adreffoit le 12 juillet 1737 à Dubois, quand celuici n'existoit déjà plus.

Il étoit mort en effet le 23 avril précédent, à Cires-les-Marlou en Beauvoifis, où il femble qu'il ait fait chaque année quelque féjour, foit au château de Mello, chez le duc de Luxembourg, foit dans une maison particulière dont on ignore aujourd'hui l'emplacement. M. l'abbé Manuel, curé de Cires-lesMello, a conftaté fur la minute d'un contrat de mariage la présence de Dubois en qualité de témoin, non comme parent, mais comme notable. Il a bien voulu également relever fur le regiftre paroiffial l'acte de décès dont voici la copie :

"Le vingt-troisième jour d'avril mil fept cent trentefept, eft décédé, âgé de foixante-fept ans ou environ, le fieur Louis-François Dubois de Singelais, vivant contrôleur des rentes de l'Hôtel de Ville de Paris & ancien commiffaire de marine, & le dit jour a été inhumé dans

l'Églife par moy, fouffigné, curé, en présence de M. Jacques-Urbin Paftoret, prêtre, bachelier de Sorbonne, demeurant au prieuré de Mello, qui a figné.

PASTORET. LEBRETON, curé,

docteur de Sorbonne.

On voyoit encore, il y a trente ans, dans l'églife de Cires la pierre tombale de Dubois, mais, fous l'un des prédéceffeurs de M. l'abbé Manuel, les dalles funéraires ont été détruites.

Avifée auffitôt de ce décès, l'Académie royale chargea Gaspard Duchange & le concierge Reydellet de s'oppofer, en ce qui concernoit les objets & papiers lui appartenant, aux fcellés exigés par la veuve; & le même jour (27 avril) les officiers de justice, faisant droit à cette demande, reftituèrent aux délégués le fceau de l'Académie. Le 4 mai, Bernard Lépicié, appelé aux fonctions de fecrétaire & d'hiftoriographe, prononça l'allocution fuivante, reproduite par le Mercure & non tranfcrite au registre des procès-verbaux : « Si le zèle tenoit lieu de capacité, je recevrois, Meffieurs, avec une joie fans égale l'honneur que vous me faites aujourd'hui; mais puisque l'inexpérience eft la fource des fautes, j'ofe

attendre que vous mettiez le comble à vos bontés en m'aidant de vos lumières & de vos confeils. Mon prédéceffeur étoit un homme confommé dans les affaires, illuftré par les différens emplois dont le ministère l'avoit honoré & qui n'avoit pas cru mieux finir fa carrière qu'en devenant votre secrétaire & votre historiographe. Heureux, Meffieurs, fi je puis remplir avec fuccès la double place que vous me confiez, & plus heureux encore fi mon travail & mon exactitude peuvent m'acquérir l'unanimité de votre estime! »

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Le 28 juin, Duchange & Reydellet annoncent que la veuve de Dubois leur a remis tous les papiers de l'Académie, parmi lefquels figuroient fans nul doute les éloges lus aux affemblées durant douze ans. Comment n'a-t-on retrouvé plus tard, avec les manuferits de Guillet de Saint-Georges, de Lépicié & de Caylus, que cette unique Vie de Wleughels dont il a été question plus haut? Ces difparitions inexplicables ne font que trop fréquentes dans notre hiftoire littéraire.

Les notices fur La Foffe, Jouvenet, Antoine Benoît, &c., écrites longtems avant que

Dubois fût devenu le dépofitaire des mémoires de l'Académie, ont été reproduites dans la Revue univerfelle des arts (tome X, p. 221), ainsi que le compte rendu des vifites du Czar aux Gobelins & à la Monnoie (même tome, p. 109) & que la differtation fur l'arrangement des jetons (tome XIV, p. 119). L'avertiffement du fecond volume de l'Hiftoire journalière nous fait favoir que cette differtation étoit due à un favant « fort profond "; j'étois tenté de croire que Dubois défignoit ainfi fon protecteur Nicolas de Launay, mais M. le baron Pichon eftime que nous avons plutôt ici l'efquiffe du grand travail préparé par Jean-François Félibien des Avaux, fils d'André Félibien & frère du bénédictin, auteur de l'Hiftoire de l'abbaye de Saint-Denis. De ce travail il ne fubfifte au Cabinet de France que fix volumes de jetons découpés dans des planches gravées & dont le tome quatrième, orné de l'ex-libris d'André Félibien, contient la note fuivante: « Explication de toutes les médailles & blazons regardant toutes les illuftres familles de France avec toutes les inftructions & antiquitées (fic) de chaque famille, compofé en 6 volumes avec le dictionnaire

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pour trouver fous la main chaque article ou familles que (fic) l'on peut avoir befoin. Il y a des planches aux environs de 8000 portant 1 pouce 3 lignes & quart, le tout de cuivre rouji (fic) avec l'affortiment des jetons qui font à peu près au même nombre avec un nombre de médailles. Il y a environ 30 volumes en manufcrit non relié fervant d'inftruction pour les dites médailles, jetons & blafons. Il y a environ 3000 de tirés dont on peut faire des livres de médailles. L'auteur eft M. Phélibien, académicien, qui a été cinquante-fix ans à le parfaire. Il n'y a jamais eu d'exemplaire (fic). » M. Paul Lacroix avoit retrouvé & donné à M. le baron Pichon un recueil de cinq cents de ces planches collées groffièrement fur les feuillets d'une Vita del gloriofo principe S. Pietro Orfeolo, doge di Venezia (Venezia, 1733, in-4°), & qui, d'après certaines indications infcrites en marge de quelques-unes d'entre elles, feroient d'un graveur nommé Antoine Warin, demeurant rue Saint-Jacques, au Saint-Scapulaire. Jean-François Félibién, né en 1658, mourut le 23 juin 1733; Dubois avoit donc fort bien pu le connoître & lui demander fa collaboration. La

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