fur tout cela Idol. liv. 2. les Perfes, Mithras. Il étoit nommé Afabinus par les Ethio piens; Liber ou Dionyfius, par les Indiens; Apollon, ou Pho (1) Voyez bus par les Grecs & les Romains. (1) Enfin d'autres l'appelVoffius, de loient Hercule, Belenus, &c. En un mot, il n'y eut point de Peuple qui ne rendît un culte fuperftitieux à cet Aftre. Cefar nous l'apprend en particulier des anciens Germains, qui au rapport de cet Auteur, n'avoient d'autres Dieux que ceux dont ils recevoient quelque bien, comme le Soleil, le Feu, & la Lune: Deorum numero eos folùm ducant, quorum opibus apertè juvantur, Solem, Vulcanum, & Lunam. Herodote en dit autant des Maffagetes, qui felon cet Historien, lui facrifioient des chevaux, pour marquer par la legereté de (2) Herod. cet animal, la rapidité du cours du Soleil. (2) Enfin tous les liv. 1. ch.226. Voyageurs, même les plus modernes, difent la même chofe de prefque tous les Peuples, dont ils nous ont laiffé des Rela tions, fur-tout des Peruviens & des Mexiquains. Si nous en croyons un Auteur qui a donné un fçavant Ouvrage fur les (3) Le Pere mœurs des Sauvages, (3) il n'y a dans le vafte continent de l'Amerique aucun Peuple connu, qui n'adore le Soleil. Les Sauv. 1. 1. p. Yncas même du Perou., & aujourd'hui leurs defcendans, ainsi que les Natchez de la Louifiane, femblables aux anciens Rois ou Heros, qui fe vantoient d'être les fils de Jupiter ou d'Hercule, fe difent les enfans du Soleil, comme nous l'avons déja remarqué en parlant de leur Theogonie. Les Juifs euxmêmes fe laifferent aller quelquefois à cette fuperftition, puif que l'Ecriture nous enfeigne que Jofias tua les chevaux & brûla les chariots qu'on avoit confacrés au Soleil: Et abolevit equos quos dederant Reges Juda..... Et currus Solis combusst Laffiteau, 431. (4) 4. Reg. igni. (4) Dans l'Obelifque que Sixte V. fit élever auprès de faint Jean de Latran, qui eft celui là-même dont Hermapion avoit traduit en Grec les caracteres Egyptiens qui y étoient repréfentés, & dont Ammian Marcellin nous a confervé quelque fragment, le Soleil eft appellé le Maître du Ciel, le Créateur du monde le Mars, le Dieu de la Guerre. Les Ethiopiens non-feulement reconnoiffoient le même Aftre pour leur Divinité, comme nous l'avons déja dit, mais leurs Princes () Hift. fe vantoient auffi d'en defcendre, puifque Heliodore (5) fait " d'Ethiop, ainfi ainfi parler Chariclée; Soleil, auteur de l'origine de mes Ancêtres. On peut même affurer en general qu'on ne trouve aucun Peuple, dont la Religion nous eft connuë, ni dans nôtre continent, ni dans celui de l'Amerique, fi on excepte quelques habitans de la Zone torride, qui brûlés par les rayons de cet Aftre le maudiffent fans ceffe, qui ne lui ait rendu un culte religieux. Perfonne n'ignore que Macrobe (1) avoit entrepris de prouver que tous les Dieux du Paganisme pouvoient fe réduire au Soleil. Cet Auteur donne aux Poëtes la gloire d'avoir souvent fuivi les fentimens des Philofophes, fur-tout dans la réunion qu'ils ont faite de toutes les Divinités au Soleil, qui étant le dominateur des autres Aftres, dont les influences agiffent fur ce bas monde, doit être par conféquent l'auteur de l'univers. Il entre enfuite dans le détail de tous les Dieux qui peuvent se réduire au Soleil, & il y trouve non feulement tous ceux que nous avons nommés, mais encore Calus, Saturne, Jupiter, Mars, Apollon, Mercure, Ammon, Bacchus, Serapis, Adonis, Efculape, Hercule, Atys, Pan, & plufieurs autres. Če même Auteur, & Voffius après lui, réduisent à la Z (1) Sat. L I. C. 7. (+) Voyez Voffius loc. cit. vet. Perf. (2) De Rel. (3) Hilt. des Juifs T. 2. p. 5. & fuiv. mées que d'après la Déeffe Ifis des Egyptiens, dont le nom veut dire ancienne, & qui étoit parmi ce Peuple le fymbole de la Lune; & voila fans doute les deux premiers objets de l'Idolâtrie, & le fondement de toute la Theologie payenne (1). De l'adoration du Soleil & de la Lune, on paffa à celle des autres Aftres, fur-tout des Planetes, dont les influences étoient plus fenfibles; en un mot on adora toute la milice du ciel. On nomme Sabifme cette forte d'Idolâtrie qui a pour ob jet de fon culte les Aftres & les Planetes. Les Sçavans ne conviennent pas entre eux de ce qui peut avoir donné lieu à cette dénomination, la chofe eft dans le fond affez inutile; mais ce qu'il eft plus effentiel de fçavoir, c'eft que cette Secte eft la plus ancienne de toutes, comme on n'en fçauroit douter: elle a été la plus generale, & elle dure encore aujourd'hui, principalement en Afie, parmi ceux qu'on appelle Pharfis, Mendaiens, ou les Chrétiens de Saint Jean. Ceux qui croyent que c'est à Zoroastre qu'on doit rapporter l'origine de cette forte d'Idolâtrie, fe trompent certainement; car foit que cet homme, fi celebre dans les Ecrits des Anciens, ait vêcu feulement du temps de Darius, fils d'Hyf tafpe, comme le prouvent Thomas Hyde (2) & Monfieur Prideaux (3), ou qu'il ait été beaucoup plus ancien, ainsi que paroît le démontrer M. Moyle, (a) on ne peut pas le regarder comme l'auteur de cette Secte, beaucoup plus ancienne que lui, puifqu'elle fubfiftoit du temps d'Abraham, & que la ville de Charan, où ce Patriarche se retira en fortant de Ur, ou de Our de Chaldée, a toujours été regardée comme la Metropole du Sabifme. Je croirois même que ce ne fut pas tant le Sabifme qui fut rétabli par Zoroaftre, que le Magilme, autre Secte très-ancienne, dont le principal dogme étoit l'adoration du feu. Celle-ci tiroit auffi fon origine de Chaldée, & regnoit principalement dans la ville de Our, où avoient demeuré les ancêtres d'Abraham, & qu'il abandonna lui-même dans la fuite. Cette Secte, qu'il faut bien diftinguer du Sabisme, (a) Voyez les Lettres fur ce fujet, dans le T. 6. de l'Hiftoire de M. Prideaux. Prideaux quoique l'une & l'autre euffent en partie les mêmes dogmes (1), (1) Voyez pro Il y a des Sçavans qui croyent que les anciens Philofo- CHAPITRE IV. L ES premiers hommes, quelque temps après leur feparation, étoient extrêmement groffiers; & les Grecs qui devinrent fi polis dans la fuite, ne le furent pas moins d'abord, fi nous croyons Diodore de Sicile, que ceux qu'ils s'accoutu merent à appeller barbares. Ainfi, il ne faut pas s'imaginer que dans les commencemens l'Idolâtrie fût un fyftême raisonné; que la Theologie fe trouva alors chargée de cet attirail de ceremonies qu'on y ajoûta dans la fuite. Rien de plus simple, ni en même temps de plus groffier que la Religion des premiers Idolâtres. On ne faifoit guere de dépenfe ni pour repréfenter les Dieux, ni pour leur rendre un culte religieux. Paufanias nous apprend que les Atheniens, du temps de Cecrops, n'offroient à Jupiter celefte, que de fimples gâteaux ; & comme ils les nommoient Bous, on a cru mal-à propos qu'ils lui immoloient des boeufs. Les Scythes, felon Saint (1) Orat. ad Clement d'Alexandrie (1), adoroient dans les anciens Gentes. temps un Cimeterre; les Arabes, une pierre brute & informe; & parmi les autres Nations on fe contentoit d'élever un tronc d'arbre, ou quelque colonne fans ornement. On nommoit ces Cippes, Zaara, parce qu'on les peloit, s'ils étoient de bois, & qu'on les liffoit un peu, s'ils étoient de pierre. Dans l'Ifle Orcade, l'image de Diane étoit un morceau de bois non travaillé, & à Cytheron la Junon Thefpia, n'étoit qu'un tronc d'arbre coupé; celle de Samos, qu'une fimple planche, ainfi des autres. Ce qui commenca à donner un grand cours à l'Idolâtrie, & qu'on doit mettre par conféquent parmi les principales caufes de fes progrès, fut l'invention des Arts, fur-tout de la Peinture & de la Sculpture.. Des Statues bienfaites attirerent plus de refpect, & on eut moins de peine à croire que les Dieux qu'elles repréfentoient, y habitoient. Souvent même ces Statues augmentoient le nombre des Dieux, comme |