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(1) pos Горієм..

les Penates, pour les foyers; Jupiter Erceus pour les mu-
railles (1); les Déeffes Flore, Pomone, & les Dieux Ver
tumne & Priape veilloient à la confervation des vergers, des
fleurs, & des fruits, comme Deverrona, à la recolte. Le
Dieu Terme prenoit foin des champs & des bornes. On avoit
auffi une Hippone pour les chevaux, Bubone pour les bœufs,
Mellone pour les abeilles. Murcea étoit la Déeffe de la pa-
reffe; Offilago, étoit invoquée lorsqu'il s'agiffoit de remettre
les entorfes & les ruptures des os. Agenoria, l'étoit
pour don-
ner du courage. Hebé préfidoit à la jeuneffe, Senuius à la
vieilleffe; Momus à la raillerie, à la joye; Vetula, aux plaisirs,
Volupta, à la pauvreté Penia. Les grands parleurs invoquoient
Aius Locutius: Harpocrate & Sigalion étoient les Dieux du
filence. Pellonia étoit établie pour éloigner les ennuis; Popu
lonia, pour détourner toutes fortes de ravages. On avoit di-
vinifé la vie fous le nom de Vitulus, & la Fiévre avoit auffi
fes Autels. On avoit un Dieu de l'ordure, nommé Stercutius,
un pour d'autres befoins, Crepitus ; une Déeffe pour les Cloa
ques, Cloacina.

A la Juftice préfidoient Aftrée, Themis & Dicé. A la fabrique des monnoyes de cuivre, Æs, Æfculanus, & Æres; à toutes fortes d'efpeces, Juno-Moneta, ou fimplement Moneta. Ariftée & Mellonia étoient les Dieux des moûches à miel; Salacia, la Déeffe des tempêtes; Eole le Dieu des vents. Vallonia & Epunda avoient foin des chofes exposées à T'air. Myagrus, Muyodes & Achor, étoient les Dieux des moûches. Pavor, Timor, Pallor, étoient ceux que la crainte, l'effroi, & la pâleur qui les accompagne, avoient fait inventer. L'imprudence elle-même avoit la divinité tutelaire, qu'on nommoit Coalemus: Catius rendoit fpirituel, & Comus le Dieu des feftins, gai & content. Enfin, il n'y avoit rien d'essentiel à la vie & aux plaisirs, qui n'eût une Divinité favorable. Les Romains en avoient deux pour l'amour; l'une pour les amours mutuels, l'autre pour venger les amours méprisées, (a)

les autres Dieux avoient des noms conformes à leurs emplois, tant chez les Grecs que chez les Romains.

Voyez faint Augustin, de Civitate Dei, 1. 4.5. & 6. Lactance, après Paufanias, Pline, &c.

(a) Ovide l'appelle un amour d'oubli; Letheus amor. 1. 2. de Remed. amoris..

& cette paffion étoit la Divinité la plus ancienne & la plus universellement adorée. Ce même Peuple avoit auffi deux Temples de la Pudeur, un dédié à la pudicité des Nobles, & l'autre à celle du peuple: enfin, on en voyoit partout d'élevés à la Paix, à la Victoire, à la Pauvreté, à la Foi, à la Clemence, à la Pieté, à la Juftice, à la Liberté, à la Concorde, à la Fortune, à la Difcorde, à l'Ambition. On appréhendoit le mal, on fouhaitoit le bien, on vouloit fuivre fes penchans fans remords ; & voilà l'origine de toutes ces Divinités naturelles & metaphoriques, dont les noms répondent aux emplois, & qu'on regardoit comme autant de Génies répandus dans le monde, qu'on croyoit en regler les mouvemens, & qu'on tâcha de fe rendre favorables par les vœux & les facrifices, parce qu'on les croyoit malfaifants. Les Poëtes invoquoient Apollon, Minerve, & les Mufes; les Orateurs, Suada & Pitho; les Medecins, Efculape, Meditrina, Confus, Hygieia & Telefphore; les Valets & les Servantes, les Dieux nommés Anculi & Ancula; les Bergers, le Dieu Pan; les Bouviers, la Déeffe Bubona; les Cavaliers, Caftor & Hippona.

Comme chaque profeffion avoit ses Dieux, chaque action de la vie avoit auffi les fiens: ainsi préfidoient aux différentes actions, Volumnus, Volupia, Libentia, Horfa, Horfilia, Stimula, Strenua, Stata, Adeona, Ageronia, Agonis, Abeona, Fefforia, Fugia, Pellonia, Catius, Fidius, ou Sanctus-Fidius Sanctus, ou Dius, Murcia, Nonia, Numerica, Vacuna, Vertumnus, Victus, Veftitus, Vibilia. (a) On avoit inventé aussi des Dieux pour chaque partie du corps; le Soleil présidoit au cœur, Jupiter à la tête & au foye, Mars aux entrailles, Minerve aux yeux & aux doigts, Junon aux fourcils, Pluton au dos, Venus aux reins, Saturne à la rate, Mercure à la langue, Tethys aux pieds, la Lune à l'estomach, le Génie & la Pudeur au front, la Memoire aux oreilles, la bonne Foi à la main droite, la Mifericorde aux genoux. On avoit, comme nous l'avons dit ci-devant, divinifé chaque Vertu; la Clemen

(a) On ne cite point d'Auteurs pour tout ceci : il n'y a qu'à lire les Hiftoires Grecques & Romaines, fur-tout Paufanias, Strabon, Tite - Live, &c. & Saint Auguftin.

ce, la Concorde, la Juftice, la Mifericorde, la Pieté, la Pudeur, la Prudence, la Sageffe, l'Honneur, la Verité, la Paix, la Liberté, & plufieurs autres.

On ne s'attend pas que je donne une notion plus étendue de ces Divinités fubalternes; leurs noms défignent affez leurs emplois, & il fuffit de les avoir nommées, pour être au fair des Poëtes & des Mythologues qui en parlent. Je remarquequerai feulement, 1°. Que prefque toutes ces Divinités étoient de l'invention des Romains, comme leurs noms le font affez connoître; & l'on voit par-là combien ces Maîtres du monde, qui avoient adopté prefque tous les Dieux des Peuples qu'ils avoient vaincus, en avoient encore introduit d'inconnus à ces mêmes Peuples : 2°. Que la plupart de ces Divinités étoient de l'invention des Peintres & des Sculpteurs : 3°. Qu'il y en avoit qui étoient particuliers à quelques familles, & même quelquefois à de fimples particuliers. 4°. Que toutes ces vertus divinifées n'étoient que des fymboles, qui les repréfentoient ou fur des Medailles, où l'on en trouve un grand nombre, ou fur d'autres Monumens & dans les Infcriptions. 5°. Que leur culte n'étoit ni auffi celebre ni auffi étendu que celui des grands Dieux; que cependant il y en avoit un grand nombre qui avoient des Aurels & des Chapelles, & qu'on invoquoit en certains temps; comme, avant la récolte, aux vendanges, lorfqu'on cueilloit les fruits, dans les maladies des hommes ou des beftiaux, &c.

Outre ces Dieux, dont le nombre eft déja immense, il y en avoit de particuliers à chaque Nation; d'autres qui étoient affectés à certaines Villes : & cela particulierement chez les Grecs & chez les Romains; foit qu'on crût qu'ils étoient nés dans ces Villes, ou qu'ils leur accordaffent une protection particuliere. En un mot, prefque toute la terre avoit été partagée entre plufieurs Divinités, & à l'exception des grands Dieux, qui étoient reconnus partout, quoiqu'honorés plus particulierement en certains lieux, les autres n'étoient adorés que chez quelques Peuples, & dans de certaines contrées. C'eft de-là que ces Dieux étoient nommés Topiques, ou Populaires, & qu'ils ont tiré la plûpart de leurs noms, comme on le verra dans leur Hiftoire, des différents lieux où ils étoient honorés.

Ainfi Jupiter l'étoit fpécialement dans l'Ifle de Crete, où Ton croyoit qu'il avoit été nourri, à Dicte, au mont Ida, au mont Olympe, au Pirée, dans l'Epire, à Dodone. Junon, à Argos, à Mycenes, à Phalifque, à Samos, à Carthage. Cerès, en Sicile, & à Eléufis. Vefta ou Cybele, dans toute la Phrygie, fur-tout à Berecynthe, & à Peffinunte. Minerve à Aĺalcomene, à Athenes, & à Argos. Apollon, à Chryfa, Ville de Phrygie, à Delphes, à Cylla, à Claros, une des Cyclades, à Cynthe, montagne de Delos, à Grynée, à Lefbos, à Milet, à Patare, à Phafelis, montague de Lycie, à Smynthe, à Rhodes, à Tenedos, à Cyrrha, chez les Hypperboréens, & ailleurs. Diane à Ephefe, à Delos, à Mycenes, à Brauron dans l'Attique, à Magnesie, fur le mont Ménale, à Segefte, &c. Venus à Amathonte en Chypre, à Cythere, à Gnide, à Paphos, à Idalie, fur le mont Eryx dans la Sicile, fur l'Ida dans la Phrygie. Mars, à Rome, chez les Getes, & d'autres peuples du Nord, comme les Scythes & les Thraces. Vulcain, dans les Ifles Eoliennes, à Lemnos auprès du mont Etna; & plus anciennement en Egypte, dont fuivant les meilleurs Auteurs, il étoit la premiere Divinité. Mercure, fur l'Helicon, fur les monts Cylleniens, à Nonacrie, & generalement dans toute l'Arcadie. Neptune, dans l'Ifthme de Corinthe, au Tenare, & fur toutes les Mers. Nerée, fur les côtes des Mers, & par les gens de marine. Saturne, dans plufieurs lieux d'Italie. Pluton, dans tous les facrifices qu'on offroit aux morts. Bacchus, à Thebes, à Nysa, à Naxos, &c. Efculape, à Epidaure, à Rome & ailleurs. Pan, fur le Ménale en Arcadie, &c. La Fortune à Antium, Eole, dans les Ifles qui portoient fon nom. Tels étoient les lieux principaux de la Grece, de l'Afie mineure, & de l'Italie, où l'on honoroit les Dieux d'un culte particulier.

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Enfin, pour comble d'abfurdité, on adora les animaux & les reptiles; & ce n'étoient pas feulement les particuliers qui leur offroient de l'encens & des facrifices, mais les Villes entieres où leur culte fut établi: ainfi Memphis &. Heliopolis adoroient le bœuf; Saïs & Thebes, les brebis; Cynopolis, les chiens; Mendès, les chevres & les boucs: (a) Les Affyriens, (a): On expliquera dans le Liv, 4. ce qu'on doit penfer du culte rendu aux animaux.

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les colombes. Dans quelques Villes on adoroit les finges; dans d'autres les crocodiles & les lezars, les corbeaux, les cigognes, l'aigle, le lion; & ces Villes portoient même fouvent le nom des animaux qui étoient l'objet de leur culte, comme Cynopolis, Leontopolis, Mendès, &c. Les poiffons devinrent auffi l'objet d'un culte fuperftitieux, non-feulement parmi les Syriens, qui n'ofoient pas même en manger; mais auffi dans plusieurs Villes d'Egypte, de Lydie, & dans d'autres pays. Les uns plaçoient fur leurs Autels des anguilles, d'autres des tortues, & d'autres des brochets. (a)

On n'en demeura pas là: les infectes, les ferpens furent auffi adorés en Egypte & dans plufieurs autres pays. Epidaure & Rome avoient élevé des Temples à la coleuvre, qu'ils croyoient représenter Efculape. Il n'y eut pas jufqu'aux moindres infectes qui ne devinrent l'objet de cette folle fuperftition. Les Theffaliens honoroient les fourmis, dont ils croyoient tirer leur origine : les Acarnaniens, les moûches; & fi les habitans d'Accaron ne les adoroient pas, ils offroient du moins de l'encens au Génie qui les chaffoit, & Béelzebut étoit leur grande Divinité. Enfin, les pierres elles - mêmes furent l'objet d'un culte public; comme celle que Saturne avoit avalée au lieu de Jupiter, & celle qui repréfentoit parmi les Phrygiens la mere des Dieux; & le Dieu Terme, qui étoit une espece de borne ou de rocher.

Que fi nous voulons parler maintenant des Heros ou des demi-Dieux, quel prodigieux nombre n'en trouverons-nous pas ? leurs Temples étoient repandus dans toute la terre, & leur culte, quoique moins folemnel que celui des Dieux, faifoit une partie confiderable de la Religion payenne. Enée, furnommé Jupiter-Indigete, avoit une Chapelle érigée en fon honneur fur les bords du fleuve Numicus; Janus, Faunus, Picus, Evandre, Fatua ou Carmenta, Acca - Laurentia, ou Flore, Matuta, Portumnus, Mania, Anna Perrenna, Vertumne, Romulus, & plufieurs autres, étoient honorés dans le pays Latin. Hercule (b), Thefée, Caftor & Pollux, Hele(a) Confultez fur tout cela Voffius, de Idol. qui en traite fort au long. (b) Il n'y pas de Dieu Indigete dont le culte fut plus repandu que celui d'Hercule. La Grece, l'Italie, la Gaule, l'Efpagne, l'Afrique, la Libye, l'Egypte, & La Phenicie, lui avoient élevé des Temples & des Autels.

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