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C.99.

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ajoute qu'il n'étoit permis à perfonne d'y coucher, excepté une femme de la Ville que le Prêtre de Belus choififfoit chaI que jour, lui faifant accroire qu'elle y étoit honorée de la présence du Dieu.

Temple de Vulcain à Memphis.

Les Egyptiens, fuivant Herodote, font les premiers de tous les Peuples, qui ont conftruit des Temples en l'honneur des Dieux. Je n'ai pas deffein de parler de tous ceux qui étoient dans ce pays; mais celui de Vulcain & quelques autres, meritent à caufe de leur ancienneté, que nous entrions dans quelque détail à leur sujet.

Quoique nous n'ayons aucune description bien détaillée du Temple de Vulcain, on peut juger par ce qu'en dit Hero(1) Liv. 2. dote (1) en differens endroits de fon Hiftoire, qu'il devoit être de la derniere magnificence. Son antiquité d'abord ne doit pas paroître douteufe, puifque cet Hiftorien dit qu'il fut bâti par Menès, le premier qui regna en Egypte après les Dieux & les demi-Dieux. Ce ne fut pas apparemment ce Prince qui donna à cet ouvrage toute la beauté qu'on y admira dans la fuite, quoique Herodote dife que dès-lors il étoit grand & très-renommé, puifque les premiers bâtimens n'annonçoient qu'une noble fimplicité. Mais les fucceffeurs de Menès fe firent gloire d'embellir à l'envi les uns des autres l'ouvrage du fondateur de leur Monarchie, & d'y mettre les ftatues dont nous allons parler; car fuivant les meilleurs Hiftoriens, il n'y en avoit aucune dans les anciens Temples d'Egypte. Moeris, Prince puiffant & extrémement riche, ajouta à ce premier Temple, le fuperbe Veftibule qui étoit du côté du feptentrion. Rhamfinite fucceffeur de Protée, fit, felon le même Auteur, élever celui qui regardoit l'Occident, & pofer vis-à-vis du Vestibule, deux ftatues coloffales chacune de vingt-cinq coudées, c'est-à-dire, de trente-sept ou trente-huit pieds de hauteur. L'une, que les Egyptiens adoroient, étoit appellée par eux l'Eté, parce qu'elle regardoit le Septentrion; l'autre pour laquelle ils n'avoient aucun refpect, étoit nommée l'Hiver, & regardoit le Midi. Enfin, Amalis fit placer devant le même Temple une ftatue ren

verfée qui étoit haute de 75. pieds, & fur ce coloffe qui fervoit de fondement, ou plûtôt de pied-d'eftal, il fit élever deux autres ftatues, chacune de 20. pieds de hauteur, & du même marbre que la grande.

Il eft aifé de juger par le récit d'Herodote, de la magnificence & de l'étendue de ce Temple. Cependant l'interieur de cet édifice, bien loin de meriter l'admiration de ceux qui y entroient, ne fit qu'exciter les mepris & les railleries de Cambyfe, qui fe mit à éclater de rire, en voyant la ftatue de Vulcain & celle des autres Dieux, femblables à des Pygmées, (1) lefquelles veritablement devoient faire un contraste bien ridicule avec les coloffes qui étoient dans les Veftibules dont on vient de parler. Peut-être étoit-ce le même Temple qu'avoit fait bâtir Menès. Car les ouvrages des Egyptiens étoient faits pour durer long-temps.

L'Egypte avoit encore un grand nombre de Temples plus riches les uns que les autres ; tels que celui de Jupi ter à Thebes ou Diofpolis, & à Hermunthis, celui d'Andera, celui de Protée à Memphis, dont Herodote fait mention, & celui de Minerve à Saïs, que le même Auteur dit avoir été embelli par les foins d'Amafis, d'un Veftibule qui furpaffoit de beaucoup en grandeur & en magnificence, tous les monumens que les Rois fes prédeceffeurs avoient laiffés. Ce même Prince y ajouta des ftatues d'une grandeur prodigieufe; car les Egyptiens aimoient les figures coloffales, fans parler des pierres immenfes pour leur énorme gróffeur, & qui venoient la plupart d'Elephantine, Ville eloignée de Saïs de vingt journées de navigation. Les détails où il faudroit entrer pour faire connoître tant de beaux Ouvra ges me meneroient trop loin; mais je ne fçaurois m'empêcher de parler d'une efpece de Temple unique en fon genre, je veux dire, de cette Chapelle d'une feule pierre, que le même Amafis avoit fait tailler dans les carrieres de la haute Egypte, & fait venir avec des foins & des peines incroya bles jufqu'à Saïs, où elle devoit être placée dans le Temple: de Minerve. Voici ce qu'en rapporte Herodote : « Mais ce que j'admire pardeffus tous les autres ouvrages faits par les ordres d'Amafis, dit cet Auteur, il fit apporter d'Ele

(1) Voyez

Part. des Ca

bires, liv. 6.

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ch. 14.

כב

phantine une maifon faite d'une feule pierre; que deux mille hommes, tous Pilotes & Marins, ne purent amener qu'en trois ans. Cette maifon avoit de face vingt une coudées, (1) fur quatorze de largeur, & huit de hauteur, & » dans œuvre cinq coudées de haut, & dix-huit de long.

Cette maison n'entra jamais dans le Temple de Minerve, & fut laiffée à la porte, foit qu'Amafis fût piqué d'avoir vû l'Architecte qui la conduifoit fe plaindre par fes foupirs de la fatigue que lui avoit caufé cet Ouvrage, ou parce qu'un de ceux qui aidoit à la conduire fur le Nil, avoit été écrasé, ainfi que le dit le même Historien.

Le Temple de Diane à Ephefe.

Ce Temple qui a paffé pour une des fept Merveilles du monde, étoit très-ancien; mais il n'étoit pas d'abord aussi magnifique qu'il le devint dans la fuite, puifque, felon Pli(1) Liv. 36. ne, (1) toute l'Afie concourut pendant deux cent vingt ans, ou comme il le dit dans un autre endroit, durant quatre cens ans, à l'orner & à l'embellir. Pindare, dans une de fes Odes, dit que les Amazones l'avoient bâri lorfqu'elles allerent faire la guerre aux Atheniens & à Thefée ; mais Paufanias affûre que ce grand Poëte ne connoiffoit pas l'antiquité de ce Temple, puifque ces mêmes Amazones étoient venues des bords du Thermodon pour facrifier à la Diane d'Ephefe dans fon Temple, dont elles avoient connoiffance parce que quelque temps auparavant, défaites par Hercule, & précedemment encore par Bacchus, elles s'y étoient refugiées comme dans un afyle.

Denys le Géographe nous apprend qu'il y en avoit encore un plus ancien, bâti par les mêmes Amazones, qui annonçoit bien la fimplicité des premiers temps, puifqu'il ne consistoit que dans une niche creusée dans un orme, où étoit apparemment la ftatue de Diane. Celui dont je vais parler étoit moins ancien: voici la description que fait Pline de ce magnifique Ouvrage. Il fut bâti, dit-il, dans un lieu marécageux pour le garantir des tremblemens de terre, & des ouvertues qui s'y font quelquefois; & afin que les fondemens d'un

fi

fi pefant édifice euffent de la folidité dans cette terre molle
& détrempée par les eaux, on y mit du charbon pilé, &
par-deffus des peaux de mouton avec leur laine. Ce Temple,
continue le même Auteur, avoit quatre cens ving-cinq pieds
de long fur deux cens de large. Les cent vingt-fept colon-
nes qui foûtenoient l'édifice, avoient été données par autant
de Rois, & avoient chacune foixante pieds de haut. De ces
colonnes il y en avoit trente-fix de cifelées, & une de la
main du célebre Scopas. L'Architecte qui conduifit ce
grand Ouvrage, fut Cherfiphron, ou Ctefiphon; & c'eft une
merveille qu'on ait pû mettre en ufage des Architraves d'un fi
grand poids. L'artifice dont fe fervit cet habile Ouvrier pour
en venir à bout eft fingulier; il étendit fur le haut des co-
lonnes de grands facs pleins de fable, puis laiffant couler
doucement ce fable, les Architraves prirent infenfiblement
leur affiette. Cherfiphron eut encore plus de peine à pofer
une pierre d'un bien plus grand poids, au-deffus de la
porte
du Temple: on croiroit que Pline avoit, faute de relation,
imaginé de quelle maniere on avoit pû réuffir à placer cette
masse énorme; mais au lieu de cela il
rapporte froidement
une vifion de l'Architecte auquel Diane apparut, l'exhortant
à prendre courage, & dit que le lendemain matin on vit la
pierre defcendre d'elle-même & fe placer où elle devoit
être : Atque ita poftridie apparuit, lapis, pondereque ipfo cor-
rectus videbatur. On pourra bien croire que le toit du Tem-
ple étoit fait de planches de cedre, comme le dit le même
Auteur; mais je ne fçais fi on ajoûterá foi à ce qu'il dit de
l'escalier par lequel on montoit jufqu'au faîte, qui étoit fait
d'un feul cep de vigne. Cherfiphron, ni fon fils Metagene',
n'acheverent pas un ouvrage fi grand & fi magnifique: d'au-
tres Architectes y travaillerent, & ce ne fut qu'après un
efpace de 220. ans qu'il fut entierement fini.

la

Les richeffes de ce Temple devoient être immenfes, puifque tant de Rois avoient contribué à l'embellir, & qu'il n'y avoit rien de plus fameux en Afie que cet édifice, tant par dévotion, que par le concours infini de monde qui abordoit à Ephefe. Ce que raconte S. Paul (1) de la fédition tramée (1) A. 19. par les Orfévres de cette ville, qui gagnoient leur vie à faire

Tome I.

Dd

de petites Statues d'argent de Diane, eft bien propre à nous prouver la célébrité du culte de cette Déesse.

Il y a apparence au-refte, que la defcription que fait Pline, regarde le Temple qui fut brûlé par Eroftrate, de la maniere que chacun fçait. Car celui qui fubfiftoit de fon temps avoit été conftruit par Cheiromocrate, le même qui bâtit la ville d'Alexandrie, & qui du Mont Athos vouloit faire une Statue d'Alexandre. Ce dernier Temple que Strabon avoit vû, étoit aufli beau & auffi riche que le premier, & on y voyoit des ouvrages des plus habiles Sculpteurs de la Grece. L'Autel étoit prefque tout de la main de Praxitele. Xenophon parle d'une Statue d'or maffif, dont Herodote qui avoit vifité ce Temple ne dit rien. Strabon affure auffi que les Ephefiens, par reconnoiffance, avoient placé dans le même lieu une Statue d'or, en l'honneur d'Artemidore. Vitruve dit que ce Temple, d'ordre Ionique, étoit Dipterique, c'està-dire, qu'il regnoit tout à l'entour deux rangs de colonnes, en forme d'un double portique; qu'il avoit 71. toifes de longueur, fur plus de 36. de largeur, & qu'on y comptoit 127.. colonnes de 60. pieds de haut.

Ce Temple étoit un afyle des plus celebres, qui, felon le dernier Auteur que je viens de citer, s'étendit à 125. pieds aux environs. Mithridate l'avoit borné à l'espace d'un trait de fleche. Marc-Antoine doubla cette étendue; mais Tibere, pour éviter les abus qui fe commettoient à l'occafion de ces fortes de droits, abolit cet afyle.

Aujourd'hui on ne trouve plus d'un fi fuperbe édifice que quelques ruines, dont on peut voir la relation dans le voyage de Spon. Les Médailles nous représentent fouvent ce Temple, avec la figure de Diane; mais le frontifpice, à caufe du peu d'efpace que laiffent ces fortes de Monumens, n'y eft chargé au plus que de huit colonnes, quelquefois de fix, de quatre, ou de deux feulement.

Temple de Jupiter Olympien.

La Grece avoit un fi grand nombre de Temples, de Chapelles & d'Autels, qu'on en trouvoit à chaque pas, dans les villes, dans les bourgades, & dans les campagnes. Pour

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