partout, dans les campagnes , sur les montagnes , dans les Nous trouvons dans l'Antiquité deux Autels, ausquels on liv. 8. Ovid. Faft.l.1. Tacite, l. 15. Servavere diem ; primusque Potitius author : l'appelle seu lement Ara Et domus Herculei cuftos. Pinaria sacri', magndoj Hanc aram luco ftatuit , quæ maxima semper Dicetur nobis, & erit quæ maxima semper. Cet Autel élevé dans la campagne, au lieu même où depuis fut bâtie la ville de Rome , étoit dans le Marché aux bæufs, près de la Porte Carmentale; les Potitiens seuls & les Pinariens pouvoient y facrifier. Après l'extinction de ces deux familles, le soin de cet Autel fut donné aux Esclaves , ainfi qu’on l'apprend de Tite-Live (2) & de Valere Maxime (3), (2) Decadi I: qui dit que ce fut Appius Claudius Censeur , qui fit ce chan- liv. 2: (3) Liv. Ii gement. Il n'étoit point permis aux femmes d'approcher de sh. 2. cet Autel, ni d'affilter aux facrifices qu'on y offroit , selon Alexander ab Alexandro , lequel ajoute qu'on en éloignoit avec soin les Efclaves , les Affranchis, les chiens & les moû. (4) Gen, Il y avoit un autre Autel encore plus singulier. C'étoit ch.14 celui qui étoit dans le ciel , sous le nom de la Constellation. و ches (4). Dier, liv. 2, de l'Autel . Hygin dit que cet Autel étoit celui sur lequel les Dieux prêts à combattre les Geants, avoient sacrifié, & avoient juré une ligue offensive & défensive, contre ces redoutables ennemis. Comme les Payens croyoient que les Dieux habitoient dans les Temples, dans leurs Statues, & dans les Autels, on ne doit pas être surpris du grand respect qu'ils avoient pour toutes ces choses ; mais parce que leur vengeance éclatoit, à ce qu'ils s'étoient imaginé, d'une maniere plus sensible dans certains endroits que dans d'autres , leur veneration augmentoit pour ces lieux-là. Ainsi rien n'étoit plus respectable, ni en même-temps plus redouté, que les Autels des Dieux Palices , où les parjures étoient punis par ces deux Divinités, & précipités dans le Lac près duquel ils avoient juré, comme nous le dirons dans leur Histoire. Tel étoit aussi le célebre Autel de Lyon, si redoutable aux Orateurs. Ce grand respect pour les Autels avoit fait établir la coue tume d'y avoir recours dans toutes les occasions. On y faisoit les Alliances, les Traités de paix , les réconciliations, les mariages , &c. Virgile, si sçavant dans les usages de son pays, sera notre premier garant, pour ce qui regarde les Trai, tés de paix. Post iidem, inter fe posito certamine , Reges Armati Jovis ante aras , paterafque tenentes, (1) En. 1. 8. Stabant , ex cæfà firmabant fædera porca. (1) Ce même Auteur fait ainsi parler Enée qui se plaint de l'infraction des Rutules : Multa Jovem, o lasi teftatur fæderis aras. Silius Italicus reprochant aux Carthaginois leur infidelité, au sujet des Traités faits avec les Romains, parle du même usage: Sed pacis faciem, do pollutas fæderit aras, &c Dans l'occasion dont je parle , lorsqu'on juroit la paix , on embrassoit l'Autel, ou on le touchoit seulement; ce que Virgile a très-bien expliqué au sujet du Traité fait entre Enée & Latinus. Tango aras , mediosque ignes , & numina testor, (1) En. l. 12, Et Juvenal : Arque adeo intrepidi quæcumque altaria tangunt (2). (2) Sat. 137 Comme les hommes ont toujours cherché à se tromper les uns les autres , peu rassurés par des Traités de paix & d'alliance faits à la face des Autels, on y ajoutoit encore la religion du serment , qui se prêtoit en touchant l'Autel ( 3 ). (3) Voyez Lucien , in Jocomme nous aujourd'hui dans de pareilles occasions, nous ve Tragedo. employons les Livres facrés de l'Evangile. Les Magistrats Tite-Live, liv. avant que d'entrer dans les charges de la Judicature , prê- 25. Polyb. l.3. toient aussi serment auprès de l'Autel de Themis. Saint Ambroise nous apprend cet usage (4) dans cette belle Epitre où (4) Ep. 32 il exhorte l'Empereur Valentinien à ne point faire rétablir un des Autels de cette Déesse qui étoit ruiné. Pour les mariages qu'on célebroit à la face des Autels, sur-tout de Junon, ou de Lucine, on peut consulter le Pere Berthaud , qui rapporte plusieurs autorités pour le prouver, & quelques exemples qui le confirment. Enfin, c'étoit près des Autels qu’on faisoit des repas publics ; ainsi qu'on peut le voir dans plusieurs endroits de Virgile (5) & ailleurs. (s) Georg, Eneid. liy. 8, liv. 4: &c. O CHAPITRE VII. Des Bois sacrés. Autels , le Paganisme avoit encore d'autres lieux desti- JE cela des Bois que la nature fournissoit anciennement dans Ce fut dans ces lieux tenebreux , propres à inspirer je ne que s'assembloient nos anciens Druides , qui prirent leurs noms mêmes des chênes de leurs forêts. Cependant il paroît que les Anciens ont cru que ces Bois Diane & Quoi qu'il en soit, l'usage des Bois facrés pour y célebrer pas deftinés au culte des Dieux. Dans la suite on y bâtit des Chapelles & des Temples ; & pour conserver même un usage li ancien, on ne manquoit pas, lorsqu'on le pouvoit , de planter des Bois autour des Temples & des Autels, de les environner de murailles, de hayes, ou de fossés ; & ces Bois étoient non-seulement consacrés aux Dieux en l'honneur defquels avoient été construits les Temples, qui étoient au milieu de ces Bois, mais ils étoient eux-mêmes un lieu d'asyle pour les coupables qui s'y retiroient. Moyse pour empêcher les Hebreux, trop enclins aux pratiques idolâtres des peuples qui les environnoient, de suivre ce pernicieux usage, leur défend de planter des Bois autour des Autels du vrai Dieu: Ne conferito tibi lucum ullis arboribus (1) Deut. secundum altare Jehovæ Dei tui , quod feceris tibi (1). Toutes les fois même que ce faint Législateur prescrit aux Juifs de dé- couper (2) Exod. 34. les Bois facrés : Aras eorum deftrue , & confringe ftatuas , lm cofque fuccide (2), & ailleurs : Lucos igne comburite (3) Ce mê(3) Deur. (a) Voyez le Schol. da Stace , sur le qnatriéme Livre de la Thebaïde, Horace , art Poici Virgile , En. liv. 6. & Servius son Commentateur. 16.21. و & ailleurs. 12. me L. 2. C. 6, me ordre fut renouvellé à Gedeon, & les Prophetes parlent (2) de Jure (3) L. 1. E1. Hic arcus & fessa reponere tela , (4) Theb. L. 9. n. 588. & Ovide dit : Equidem pendentia vidi (s) Met. L. S. Ff II. V. 51. |