& peut-être celui qu'on croyoit le plus irrémissible. Lucain Sed fortes tepuere manus , motique verenda In Jua credebant redituras membra lituras. 1 L CHAPITRE VIII. Des Asyles. d'alyle pour les criminels, il faut expliquer en quoi consistoit le droit d'asyle, quels en étoient les privileges, & découvrir quelle en fut l'origine. Dès-que les hommes ont commencé à destiner des lieux (1) Voyez au culte des Dieux (1), pour les reconnoître dans ces enl'Extrait de la droits d'une maniere authentique & folemnelle , comme Simon sur les leurs Maîtres & les arbitres de leur destinée, & qu'ils ont esperé d'en obtenir du secours, ils ont cru qu'ils y étoient des Bel. Lettr. présens d'une maniere particuliere ; & dès-là pour ne pas pa roître inflexibles à l'égard des autres, lorsqu'ils cherchoient Asyles. T. 3.P.37. 20. Le Tabernacle, & le Temple de Jerusalem étoient des lieux d'Asyle (1), & sans doute que les premiers. Autels éle (1) Mach. par les Patriarches l'étoient aussi, puisque Moyse exclut L. 2.C. 40. par Josué, étoient aussi des asyles (2). Le Paganisme (2) Num. 35- Mais comme ce droit accordé aux Coupables , non feu- L. 3: leurs Autels n'étoient des asyles, que pour ces fortes de crimes. Nous sçavons par Tite-Live (7) que le meur- (7) Dec. s. (2) Cet asyle de Romulus étoit entre deux Bois facrés , & fut nommé pour cela, L. 9. inter duos lucos. & ز Paus. in Cor. Cioer. 6. in Verrein. trier du Roi Eumenès , fut obligé d'abandonner le Temple de Samothrace, où il s'étoit refugié. Ainsi les asyles étoient proprement pour les fautes involontaires, pour ceux qui étoient opprimés par une puissance injuste, pour des esclaves outragés par des maîtres cruels , pour des débiteurs traités indignement. Mais comme l'abus se mêle toujours parmi les usages les plus sagement établis , les criminels même condamnés à mort , trouvoient un asyle asfûré dans le Temple de Pallas à Lacedemone ; les banqueroutiers dans celui de Calydon en Etolie; les esclaves fugi tifs dans celui de la Déesse Hebé, à Phlius ; & dans celui (1) Pol. L. 4. de Diane à Ephese (1). Ce n'étoient pas seulement les Villes & les Temples qui fervoient d'asyle ; les Bois sacrés , les Autels en quelque lieu qu'ils fussent, les Statues des Dieux, celles des Empereurs, & les Tombeaux des Heros, avoient le même privilege ; & il suffisoit qu'un coupable fût dans l'enceinte de ces Bois, ou qu'il eût embrassé un Autel , ou la Statue de quelque Dieu, pour être en fûreté. Le droit d'afyle une fois faisi, le criminel demeuroit aux pieds de l'Aurel ou de la Statue, & s'y faisoit apporter à manger, jusqu'à ce qu'il pût se sauver commodement, ou appaiser fes Parties. L'asyle ne fut pas toujours inviolable; ou on en arracħoit quelquefois de force le coupable, ou on l’y laissoit mourir de faim, soit en lui coupant les vivres, ou en murant le lieu où il s'étoit refugié, comme firent les Ephores à l'égard de (2) In Pauf. Pausanias, ainsi que nous l'apprenons de Cornelius Nepos (2). La fainteté des asyles auroit sans doute été violée plus souyent qu'elle ne l'a été, sans les châtimens que les Dieux & les hommes avoient établis contre les profanateurs. J'ai dit les Dieux, parce que les calamités qui suivoient quelquefois la profanation de ces lieux, étoient regardées comme l'effet de la vengeance divine. Ce fut en effet le jugement que l'on porta au sujet des maux qui defolerent l'Epire, après le meurtre de Laodamie, qui fut tuée dans le Temple de Diane. Voici comme Justin raconte cette histoire. Il ne restoit dans toute l'Epire, du fang royal , que Neréis & Laodamie fa fæur. La premiere épousa le fils de Gelon Roi de Sicile, guerre civile, & Laodamie qui s'étoit refugiée à l'Autel de Diane , y fut (1) Justin porta le même jugement, à l'occasion de la maladie Liy. 28. honteuse qui termina les jours de Sylla , qui avoit violé le droit des asyles. Les Oracles consultés après de pareilles profanations , prescrivoient, non feulement pour les coupables ; mais pour des villes entieres, des expiations folemnelles , ou des reparations publiques ; & c'est ainsi que les Lacedemoniens furent obligés d'élever deux Statues d’airain au malheureux Paufanias, dans le lieu même où il étoit mort. Quoique M. Simon, dont je viens d'abreger la Differtation, semble croire que tous les Temples, les Bois facrés, les Autels, &c. fussent des asyles, il y a cependant beaucoup d'apparence que tous ces lieux ne jouissoient pas de ce droit; car les exceptions que font les Anciens, en l'attribuant à certains lieux, sans rien dire des autres , en sonr', selon moi', une preuve convaincante. Ainsi, suivant Servius , le-Temple de la Misericorde étoit un lieu d'afyle à Athenes , & apparemment à Rome où l'on en bâtit un à la même Divinité. De même , le Temple de Diane d'Ephese, jouissoit du même droit , suivant Ciceron (2); aussi bien que celui qui étoit bâti (z) in Ver4 en l'honneur de la même Déesse en Epire, comme nous l'ap prenons de Justin (3). (3) L. 28 Quoiqa'il en soit, les asyles causerent plus de maux, par l'impunité qu'ils procurerent aux coupables , qu'ils ne firent de bien en fauvant quelques innocens , & Tibere , comme nous l'avons dit', fut obligé de les abolir, rem. CHAPITRE I X. Des Statues des Dieux, & de quelle maniere on les representoit . A Pres avoir parlé des Temples & des Autels, il est necessaire de dire quelque chose des Statues des Dieux, des lieux où on les plaçoit, & de la maniere dont ces mêmes Dieux étoient representés. Pour renfermer dans quelques bornes une matiere qui d'elle-même est très-étendue , j'examinerai 1°. ce qu'étoient les figures des Dieux avant que l'art de la Sculpture fût inventé. 2°. Ce qu'elles furent, lorsque cet art étoit encore grossier & imparfait. 3o. Le point de perfection où la Statuaire fut portée dans la suite. 4o. La matiere qu'on employoit aux Statues des Dieux. s '. L'extrême grandeur, & l'extrême petitesse de quelques-unes de ces figures . 6°. Les lieux où on les, plaçoit le plus ordinairement. 7°. Enfin, par quels symboles les Dieux y étoient distingués. Pour le premier article , il fuffit de se rappeller ce que nous avons dit dans le Chapitre IV. sur la maniere grossiere dont on representoit les Dieux, avant que l'art de la Sculpture fût en usage. Il est impossible, & en même temps inutile de rechercher en quel temps , & par qui cet art fur inventé. Son origine se perd dans la plus profonde antiquité. Il suffit de sçavoir que les Egyptiens le possedoient du temps de Moyfe, & peut-être long-temps auparavant. Les Statues de leurs Dieux, dont il est parlé dans les Livres de ce faint Legislateur , & celles de leur Dieu Apis , trop fidelement imitées par les Ifraëlites, qui l'adorerent dans le desert, sous la forme d'un bæuf ou d'un veau, le prouvent sans replique; & je ne doute pas que même que les Peuples encore barbares & grossiers adoroient ou des masses informes, ou de simples troncs d'arbres, la Sculpture ne fût alors connuë non seulement en Egypte, mais encore dans la Syrie & les Pays voisins. Car les arts originaires des Pays que je viens de nommer , ne penetrerent que peu-à-peu dans l'Occident. - |