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croient dans les Temples d'Apollon. Herodote (1) parle d'un (1) Liv. ị Trepied d'or, que les Grecs victorieux des Perfes envoyerent à Delphes: Dans le partage qu'ils firent des dépouilles des ennemis, dit cet Auteur, ils mirent l'argent à part, en prirent un dixième, pour le Dieu qu'on honoroit à Delphes; & ils firent de cette portion un Trepied d'or qu'ils lui confacrerent, & qu'on voit encore fur un Serpent d'airain à trois têtes. Il paroît par ces dernieres paroles, que ce Trepied d'or étoit foutenu fur un autre espece de Trepied reprefenté par les trois têtes d'un ferpent; ce qui eft confirmé par Paufanias, qui dit (2), (2) in Phoc. que le Trepied d'or donné par les Grecs, après la bataille de Platée, étoit soutenu par un dragon d'airain.

On ne s'attend pas que je mette dans aucune de ces efpeces de Trepieds, ceux dont parle Homere, qui alloient tous feuls à l'affemblée des Dieux: fiction poëtique par laquelle il a voulu nous faire comprendre l'excellence des ouvrages de Vulcain.

Rien n'eft plus commun dans les cabinets des Curieux, & dans les ouvrages des Antiquaires que les Trepieds, on y en trouve de toutes fortes de figures, & même d'affez finguliers, La plupart font d'airain ou de bronze.

CHAPITRE X I I.

Des Prêtres, & des autres Miniftres des Sacrifices

A

PRE's avoir parlé des Sacrifices, des Victimes, & des Inftrumens dont on fe fervoit pour les immoler, il faut maintenant dire quelque chofe des Prêtres & des Miniftres. Comme il n'y a point de Nation, quelque fauvage qu'elle foit, qui n'ait quelque Religion, il n'en eft aucune auffi qui n'ait des Miniftres pour y prefider; mais nous ne parlerons gueres dans ce Chapitre, que de ceux des Grecs & des Romains. Le nom general que les premiers de ces deux Peuples donnoient à leurs Prêtres, étoit celui de spus, quoiqu'ils differaffent entre eux par des noms & par des fonctions particulieres. Pour en parler avec quelqu'ordre, nous prendrons

Prêtres des Grecs.

pour guide l'illuftre M. Potter qui a fait un excellent Ouvrage fur l'Archeologie Grecque.

Je crois d'abord, comme je l'ai déja infinué, qu'anciennement le Sacerdoce appartenoit aux Chefs de famille; du moins avoient-ils la liberté de facrifier, quoiqu'il y eût des Prêrres d'office : c'est ainsi qu'au fiege de Troye, pendant que Chrysès & d'autres encore étoient Prêtres, nous voyons dans Homere que les Rois, les Princes, & les Chefs de l'armée, ne laiffoient pas d'offrir des Sacrifices.

Lorfqu'il s'agiffoit de choisir un Prêtre, on examinoit fa vie, fes mœurs, & même fes qualités corporelles, & il falloit qu'il fût exempt des défauts qui choquent; à peu près comme nous voyons que dans l'Ecriture Sainte les borgnes, les boiteux, les boffus, &c. étoient exclus du Sacerdoce. Les Atheniens demandoient même dans les Miniftres de la Religion, une vie chafte & pure, & on fçait que leurs Hierophantes fe fervoient de quelques herbes froides, comme de la cigue, pour devenir continens. Generalement il étoit permis aux Prêtres de fe marier; fouvent les fecondes noces leur étoient interdites, quoique l'Hiftoire nous apprenne que cette regle n'a pas toujours été exactement obfervée.

Les Grecs & les Romains avoient une Hierarchie; des Souverains Pontifes, des Prêtres, & des Miniftres fubalternes qui les fervoient dans leurs fonctions; mais comme les Grecs étoient divifés en plufieurs Etats independants les uns des autres, cetre Herarchie n'étoit pas par-tout uniforme. Il avoit même des Villes, comme Argos & quelques autres, où les femmes prefidoient à la Religion. Rien n'eft plus celebre que ces Prêtreffes d'Argos, puifque leur Sacerdoce fervoit d'époque dans les evenemens publics. Les noms de la plupart de ces Prêtreffes n'étoient plus connus, lorsque M. Fourmont le jeune trouva, pendant fon voyage de la Grece, une Infcription fort étendue qui en contient un ample catalogue, & dont il fe difpofe à donner l'hiftoire. Minerve Poliade, la Patrone d'Athenes, avoit une Prêtreffe pour prefider à fon culte, & Plutarque, dans fes morales, nomme une Lyfimaque qui exerçoit cette fonction. Les Pedafiens, (1) In Clio. felon Herodote (1), avoient auffi pour leur Minerve une

Prêtreffe. 11.y en avoit auffi une à Catane pour Cerès, à
Clazomene pour Pallas, &c.

A Delphes il y avoit cinq Princes des Prêtres, & avec eux des Prophetes qui prononçoient les Oracles. A Opunte deux Souverains Pontifes feulement, dont l'un prefidoit aux culte des Dieux celeftes, qu'on nommoit Ouranius; l'autre aux Dieux terreftres & infernaux, & ce dernier étoit appellé Catacthonien.

Le Sacerdoce de Syracufe, lequel, felon Ciceron (1), (1) in Verr. 4. étoit d'une très-grande confidération, ne duroit qu'un an. Les Hierophantes étoient des Prêtres très-celebres à Athenes: leur nom vient de deux mots Grecs ips, facré, & quiv, je parois. Selon Apollodore, c'étoit lui qui étoit préposé pour enfeigner les chofes facrées & les myfteres à ceux qui vouloient être initiés ; ce qui, avec le nom d'Hierophante, lui avoit auffi fait donner le nom de Prophete. Ce Miniftre avoit fous lui d'autres Officiers qui l'aidoient dans cette fonction & dans les autres; on les nommoit Exegetes, & quelquefois, Prophetes. II ornoit auffi les Statues des Dieux, & les portoit dans les ceremonies publiques. Leurs femmes se mêloient auffi du culte divin, & étoient nommées Hierophantides. Ce Prêtre avoit encore le foin du culte de Cerès & de fes myfteres. On peut confulter pour tous ces articles les Notes

de Saumaife fur Solin.

Comme les Hierophantes & leurs femmes étoient deftinés au culte de la Déeffe Hecate & de Cerès, les Orgiophantes, & les femmes nommées Orgiaftes, prefidoient aux Orgies; & le Daduque ou Lampadophore aux Fêtes nommées Daduquies, dont nous parlerons dans l'article des Fêtes des Grecs.

Si nous en croyons Pollux (2), il y avoit feize fortes de (1) Ch. Miniftres des Temples; les Prêtres ; les Garde-Temples ou art. 16. Bedeaux ; ceux qui avoient foin des chofes facrées; les Prophetes, les Hypoprophetes, ou les Subdelegués des Prophetes, qui publioient l'Oracle; les Sacrificateurs, ceux qui initioient, les Adminiftrateurs des chofes facrées, les Purificateurs, les Devins ou Infpirés, les Sortilegues, ceux qui raf fembloient les difcours de bonne avanture, les Chrefmothetes,

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(1) Ch. 1.

art. 17.

c'est-à-dire, ceux qui donnoient les Sorts à tirer, les Saints ou Dévots, les Thuriferaires ou porte-encens, les Hyparetes, & les Serviteurs (a) ou Camilles.

Le même Auteur remarque enfuite (1) que les mêmes noms étoient donnés aux differens Ordres de Prêtreffes, dans les lieux où les femmes étoient les Miniftres des Temples, & que la Prêtreffe d'Apollon à Delphes, portoit par excellence le nom de Pythia. Il pouvoit ajoûter encore, qu'à Clazomene la Prêtreffe de Pallas étoit nommée Hefychia, celle de Bacchus Thyas, & en Crete celle de Cybéle, Meliffe. Il pouvoit remarquer auffi que parmi les Atheniens, les Miniftres fubalternes s'appelloient Parafites; ce nom n'étant pas alors une injure, comme il l'eft à prefent. L'acception de ce mot dans le fens que je l'ai prife, fe tire d'une Infcription d'Athenes, où il eft dit, que des deux Taureaux immolés, une partie feroit retenue pour les Jeux, l'autre partagée entre les Prêtres & les Parafites. La fonction principale de ces Parafites, qui avoient féance entre les premiers Magiftrats, étoit de choifir le froment deftiné aux Sacrifices.

Il y avoit encore une autre efpece de gens deftinés à fervir dans les Sacrifices; c'étoient les Ceryces, ou les Crieurs, dont la fonction étoit d'annoncer publiquement les chofes, tant civiles que facrées. Auffi, felon Athenée, on devoit en élire deux, & on trouve en effet ce nombre de deux Ceryces, dans la belle Infcription d'Athenes, expliquée dans la (2) p. 148. Paleographie (2), l'un pour l'Areopage, l'autre pour l'Archonte. Ils devoient être tirés de la famille Athenienne, laquelle, felon Ifocrate, portoit le nom de Ceryce, d'un certain Ceryx, fils de Mercure, & de Pandrofe, fille de Cecrops.

Surquoi nous remarquerons en paffant, qu'il y avoit des familles Sacerdotales, desquelles devoient être tirés les Prêtres; comme, à Athenes celles des Eumolpides, pour le culte de Cerès & les myfteres Eléufiniens, & à Rome celles des Pinariens & des Potitiens, pour celui d'Hercule.

A Athenes l'Archonte fe faifoit honneur de la qualité de Prêtre tel étoit entre autres Xenon, qui fut Archonte fous

(a) Cette liste n'eft pas complette, comme on le verra dans la fuite de ce

Chapitre,

le

Nexram.

le Confulat de Drufus, la feconde année de Tibere, & qui prend la qualité de Prêtre dans l'Infcription dont nous venons de parler; & fi nous en croyons Spon, le même Drufus étoit en même-temps Conful, Archonte & Prêtre. L'origine du Sacerdoce des Archontes, felon Demofthene (1), vint de ce (1) Orat. ad qu'anciennement les Rois & les Reines d'Athenes étoient les Souverains Pontifes. La Royauté ayant été abolie, on continua de choisir un Roi & une Reine, pour préfider aux chofes facrées, ce qui enfuite paffa aux Archontes, & à leurs femmes. Les Epimeletes fervoient le Roi dans les chofes facrées, & des femmes nommées Gereres, affistoient la Reine, au nombre de quatorze. Le Ceryce la fervoit auffi dans les myfteres les plus fecrets de la Religion.

Independamment de tous ces Miniftres, il y avoit auffi un Pontife, ou plutôt un Archiprêtre apps, qui préfidoit aux chofes facrées. Quelquefois il ne l'étoit que d'une ville; quelquefois de toute une Province. Il avoit auffi fouvent cette qualité, à vie; quelquefois pour cinq ans. Comme il y avoit des Archiprêtres, on trouve auffi des Archiprêtreffes; car parmi les Grecs, les femmes étoient auffi fouvent que les hommes, admifes aux Minifteres facrés. Ces Archiprêtreffes étoient les Superieures des Prêtreffes, & étoient choifies dans les meilleures maisons. De toutes les Prêtreffes des Payens, la plus céle bre étoit la Pythie, mais nous en parlerons ailleurs.

C. 16.

Les Neocores avoient des emplois qui répondoient à ceux de nos Sacriftains: ils devoient en effet avoir foin d'orner les Temples, & de tenir propres les vafes & les uftenciles qui fervoient dans les ceremonies de Religion. Theodoret (2) eft (2) Liv. 3. le feul qui parle de deux autres fonctions des Neocores. L'une de fe tenir à la porte des Temples pour jetter de l'eau luftrale fur ceux qui y venoient, afin de les purifier. L'autre de jettet de la même eau fur les viandes fervies à la table des Empereurs. Julien l'Apoftat, dit cet Auteur, alloit dans le Temple du Génie public de la Ville d'Antioche; & les Neocores, debout des deux côtés de la porte du Temple, jettoient de l'eau luftrale fur ceux qui entroient, prétendant par-là les juf tifier.

Le même Auteur nous apprend la feconde fonction dont
Tome 1.

LI

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